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RHEVE-MEYZIEU

Recherches Historiques En VElin

Le parcellaire de 1701

 

 Le parcellaire de 1701 se présente comme un gros volume dont la reliure est en cuir basane, c’est-à-dire en peau de mouton, le cuir le moins cher de l’époque. Le cuir basane est tanné à 100 % végétalement et non pas comme les autres cuirs par un tannage minéral avec de l’alun. Le végétal utilisé est le redon, c’est à dire des écorces de bouleau nain. Ce tannage végétal  a pour conséquence de brunir à la lumière du jour.

 

 

 

 

 

 

Le parcellaire de 1701 avec sa couverture en cuir basane

 

et la première page du parcellaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La réalisation du parcellaire est à la charge financière des habitants de Meyzieu et de Chassieu. Il présente la situation de ces deux paroisses. Il fournit des indications précieuses pour la connaissance de Meyzieu au début du XVIIIème siècle. Il offre la possibilité de découvrir l’ensemble des lieux dits de Meyzieu, des chemins et autres places et croix, le nom des familles propriétaires habitant à Meyzieu, mais aussi des propriétaires vivant sur une autre paroisse, la superficie des parcelles, la valeur de celles-ci et enfin les activités agricoles. Ce parcellaire se caractérise par le fait qu’il ne comporte pas de plans.

 

Les archives de la ville de Meyzieu possèdent aussi le deuxième parcellaire qui est d’un plus petit format et dont la couverture est cartonnée de couleur jaunâtre. Elle porte l’inscription « Meysieu, parcellaire fait en 1701». Dans une première partie sont énumérés l’ensemble des propriétaires avec l’indication des articles en leur possession. Il est indiqué quels sont les articles exemptés et ceux qui sont taillables. Pour certains articles, il est précisé le nom du terroir où ils se situent. Dans la marge droite est donné le total de la taille due. Mais ces premières pages ont en fait été écrites en 1715, comme cela est écrit en haut de la première page. C’est la raison pour laquelle, nous observons que certains articles peuvent être barrés et qu’un rectificatif donne la nouvelle taille à payer.   La deuxième partie reprend en intégralité le contenu du grand parcellaire, mais en le synthétisant et en utilisant uniquement la moitié droite de chaque page. En règle générale, il y a deux articles par page. Des annotations figurent sur la moitié gauche, elles ont pu être écrites plus tard, car l’écriture est très souvent différente. Ce parcellaire, dit réduit, nous indique les propriétaires de 1715 et les changements qui ont pu intervenir par la suite.     

 

Les archives municipales de Meyzieu conservent aussi un courcier daté de 1755. D’un grand format, il possède une reliure cartonnée dans les tons beiges. Il est moins épais que les deux parcellaires précédents. Il est divisé en plusieurs parties, il récapitule les fonds nobles appartenant à des nobles, les fonds nobles propriété de roturiers, les fonds roturiers et les fonds appartenant à des personnes qui n’habitent pas le village. Il a été réactualisé en 1780, car nous pouvons observer des modifications dans les noms des propriétaires et aussi des propriétaires qui ne possèdent plus tel ou tel article.

 

 

Pourquoi rédiger un parcellaire ?

 

Le parcellaire de 1701 est rédigé au nom du Roi de France, Louis le Grand le Quatorzième, « sous le règne de Très Haut, Très Puissant et Très Excellent Prince Louis le Grand, XIVe du nom, Roi de France et de Navarre ». Par un règlement royal du 24 octobre 1639, suivie d’une ordonnance provinciale du 24 octobre 1639, il est décidé de procéder dans chaque paroisse au dénombrement des différentes parcelles en procédant par zones géographiques et en détaillant l’ensemble des propriétaires.

 

Un tel document a une réelle utilité fiscale. Il permet de prélever la taille qui est un impôt dû par tous ceux qui sont propriétaires et qui sont roturiers (ni nobles, ni membres du clergé). La taille est déterminée en fonction de deux critères : la superficie du bien et la valeur des terres.  Le Roi a besoin d’argent, et il est important que les impôts rentrent. Ainsi « Messire Estienne Jean Bouchu », chevalier commissaire d’état, intendant de Justice, Police et Finances dans le Dauphiné est chargé de réaliser ce document pour sa province. Il est aidé par messires Claude Canet et Claude Pourroy de la Meyerie, conseillers du Roi en la cour du Parlement et par messire Jean Guy Basset, premier président au bureau des Finances et Chambre du Domaine du Dauphiné. Meyzieu dépend de l’élection (tribunal s’occupant tout particulièrement des impôts) et du baillage de Vienne.

 

Le précédent parcellaire, vieux de plus d’un siècle est tout à la fois inexacte et en très mauvais état. Il est urgent pour l’Etat de procéder à la rédaction d’un nouveau parcellaire étant donné l’état des finances du Royaume. Il est évident que les habitants assujettis à l’impôt n’avaient pas intérêt au renouvellement du parcellaire. Seuls les roturiers sont soumis à l’impôt. Mais le parcellaire détermine la valeur globale d’une communauté (biens nobles et biens roturiers) et l’administration répartit ensuite cette somme globale sur les seuls roturiers. Pour le trésor royal, il est important de réviser les calculs en cours car l’évolution sociale au XVIIème siècle fait que de plus en plus de riches bourgeois ont acheté des terres nobles pour lesquelles, ils ne payent rien, alors qu’en tant que non nobles ils sont soumis au payement de la taille, d’où l’urgence pour l’Etat de procéder à cette révision.

 

  

 

  Comment le parcellaire de 1701 a-t-il été élaboré ?

 

Le 21 novembre 1700, sur la place publique de Meyzieu (actuelle place du 11 Novembre 1918), à l’issue de la messe, au son des cloches qui carillonnent, se tient une assemblée. Cette assemblée rassemble les représentants des trois ordres (le clergé, la noblesse et le tiers-état), les habitants de la communauté et les élus qui représentent des intérêts particuliers. Participent ainsi à cette assemblée, Pierre Chaîne, capitaine châtelain du marquisat de Pusignan [représentant du Seigneur de Meyzieu], Antoine Quinon, « consul moderne » de la communauté qui a été élu peu de temps auparavant [le consul est élu par l’ensemble des gens du peuple, il est dit moderne car il vient d’être élu] et tous les chefs de famille. L’objectif est de réaliser l’adjudication du travail important que constitue la confection du parcellaire. Plusieurs entrepreneurs sont présents afin de pouvoir répondre à cette sorte d’appel d’offre. L’entrepreneur retenu aura un an pour réaliser le parcellaire.

 

Parmi les entrepreneurs présents, nous notons : « messire Pierre Deladresve », notaire royal à Heyrieux qui se propose pour une somme de 3000 livres, le « sieur Benoit Payet », maître arpenteur à Toussieu qui en demande 2800 livres et le « sieur Claude Chenevaz », syndic des forains [le syndic des forains  est désigné par les propriétaires ne résidant pas sur la paroisse pour les représenter] qui en veut 2600 livres. Chaque entrepreneur ayant donné la somme qu’il prétend toucher, les sommes sont mises aux enchères. C’est-à-dire que chaque entrepreneur est invité à baisser son prix. Finalement, Benoit Payet est retenu car il accepte de baisser son prix à 2400 livres. Il sera payé en deux moitiés, la première dans trois mois et la seconde en fin d’année. L’assemblée s’est mise d’accord pour répartir les frais sur les trois ordres (la noblesse, le clergé et le tiers-état). Elle nomme également des « indicateurs » [hommes honnêtes et honorables ayant la confiance des propriétaires de la paroisse]  dont le rôle sera de seconder l’entrepreneur, qui les dédommagera par des vacations, celles-ci étant prises sur la somme de 2400 livres. Ces indicateurs sont : Jean Courjon, laboureur et habitant à Meyzieu et Antoine Quinon, également laboureur et résidant à Chassieu. Les deux indicateurs et l’entrepreneur doivent prêter serment devant l’assemblée.

 

 Parmi les présents, nous notons la présence de messire Paul de Cohade de Rambion, l’un des plus gros propriétaires de Meyzieu.

Il est noble, docteur en Sorbonne et custode (dans la famille franciscaine, on appelle custode le supérieur religieux qui a la responsabilité

d’une custodie qui est une province religieuse pour les franciscains) de l’église Sainte Croix de Lyon. Etaient présents également, Claude Deville,

curé de Meyzieu qui représente le clergé, messire Claude Chenevaz, syndic des forains, ainsi que de nombreux roturiers. La Marquise de Pusignan

est représentée par le capitaine châtelain, Pierre Chaine. Le greffier, Michallet, a tout consigné. Les roturiers sont représentés par un représentant,

le consul, élu par eux-mêmes. Un an plus tard, le parcellaire est établi. Benoit Payet a rempli son contrat. Benoit Payet est arpenteur. Les Annales

de Bretagne et des Pays de l’Ouest, dans un article intitulé l’utilisation du plan en justice au XVIIIème siècle, publié en 2007, expliquent ce qu’est

un arpenteur : « depuis 1575 et un édit royal d’Henri III, l’arpenteur détient un office dont la création est une prérogative régalienne : on parle

dès lors souvent d’arpenteur juré. À partir de 1702, les titulaires portent le titre « d’arpenteur, priseur et mesureur de terres » et peuvent

ajouter « royal » à cette nomenclature ». Son travail a été minutieux et le plus précis possible en utilisant les outils d’arpentage de l’époque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Les équivalences de mesures                       

 

La difficulté vient du fait que le système métrique n’est pas encore en usage et que les unités de mesure varient non seulement d’une région à l’autre, mais aussi d’une paroisse à l’autre. L’arpenteur précise avoir utilisé la sesterée qui vaut « 900 toises delphinales ou 1003 toises royales ». La taille sera calculée sur la base de 10 % des revenus estimés. La valeur d’une parcelle est appréciée en fonction de la qualité de la terre, et de sa situation dans le territoire (proximité d’une rivière, orientation, etc.). La difficulté d’analyse d’un tel parcellaire réside dans le fait que nous ne savons pas quelles sont les équivalences des superficies en unités de mesure actuelle. Ceux qui ont réalisé ce travail ont utilisé la sesterée (appelée aussi séterée ou sisterée), la bicherée et la couperée. Mais les valeurs de ces unités de surface varient selon les lieux sur l’ensemble du Dauphiné.

 

Voici quelques correspondances qui ont été utilisées par divers auteurs ayant précédemment travaillé sur le parcellaire. Dans le livre Chassieu en Velin, publié en 1990, j’ai pu découvrir en parcourant les archives de monsieur René Flajolet qu’ils avaient choisi les mesures de Grenoble. Quant à monsieur Henri Charlin, qui a publié plusieurs articles dans le journal municipal de Meyzieu Regards en 1988, 1989 et 1990, ainsi que dans son recueil Meyzieu, 1788-1794, investigation à travers les archives de la ville de Meyzieu, publié en 1991, il ne précise pas ses sources, mais il écrit qu’une bicherée à Pusignan vaut 2000 m2.

 

En fait, après de nombreuses recherches, j’ai découvert la source de monsieur Charlin. Il s’agit du recueil publié sous la direction de Pierre Charbonnier, Les anciennes mesures locales du Centre-Est d’après les tables de conversion, par les Presses Universitaires Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Il est donc précisé qu’une sesterée vaut 3810 m2, une bicherée 1905 m2 et une couperée 635 m2.

 

Voici donc un tableau récapitulatif, selon les sources suivantes :

*Sources : archives personnelles de monsieur René Flajollet déposées aux archives de Chassieu

**Sources : Tableau comparatif des mesures anciennes en usage dans le département de l’Isère avec les mesures nouvelles et les anciennes mesures locales du Centre Est d’après les tables de conversion sous la direction de Pierre Charbonnier aux Presses Universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2006

***Sources : Regard,  septembre et décembre 1988, mars et septembre 1989, mars et juin 1980 et Pierre Charbonnier, Les anciennes mesures locales du Centre-Est d’après les tables de conversion,

****Sources : Les anciennes mesures en Lyonnais et Beaujolais de Francis Gros et Atlas des mesures agraires de Franche Comté, 2000

 

 

 Chiffres de Chassieu *Chiffres les plus usités en Velin **Chiffres Chiffres de Vienne ****Chiffres proposés par Guy Milou

Henri

Charlin ***

Sesterée3791 m23767 m23810 m25000 m24247 m2
Bicherée1895,5 m21256 m21905 m22500 m22832 m2
Couperée473,5 m2627,8 m2635 m2840 m2708 m2

 

 

Pour appréhender la valeur des mesures utilisées à Meyzieu, il est nécessaire de lire le parcellaire avec une très grande attention. En effet dans le deuxième préambule, l’arpenteur explique ses choix en ce qui concerne les unités de mesure. Il dit : « Dans chaque fond, nous avons visité, arpenté, mesuré, estimé, divisé entre les possesseurs et pris la vraie contenance de ces fonds par sesterée, composée de 900 toises delphinales qui fait 6 couperées, la toise de 6 pieds et le pied de 123 pouces, ayant remarqué pour la facilité des habitants que la sesterée de 900 toises delphinales fait 1003 toises royales dont on se sert pour les mensurations ordinaires ». Cette phrase nous donne une première indication :

 

1 sesterée = 6 couperées

 

Elle précise aussi :

 

1 sesterée = 900 toises delphinales = 1003 toises royales

 

Le calcul des valeurs pour Meyzieu s’établit ainsi :

 

1 toise royale = 1,9493 m

1003 toises royales = 1003*1,9493 = 1955,1479 m

1 toise de Meyzieu =  1955,1479/900 = 2,17238656 m

Toise carrée de Meyzieu = 4,71926337 m2

1 sesterée de Meyzieu = 4,71926337*900 = 4247,33703 m2

1 couperée = 4247,33703/6 = 707,889505 m2

                       

Il ne reste plus qu’à déterminer la bicherée : vaut-elle 1/2 sesterée ? 1/3 de sesterée ? Pour le savoir, il faut trouver dans le parcellaire l’indication qui permettra de déterminer sa valeur sans risque d’erreur. C’est ainsi que je peux affirmer qu’une bicherée vaut 4 couperées. Il est donc possible de dire que la correspondance entre les anciennes mesures agraires utilisées à Meyzieu et le système métrique est la suivante :

                                         1 Sesterée = 4247 m2

                                   1 bicherée = 2832 m2

                                         1 couperée = 708 m2

 

Ce choix permet de dépasser 20 km2 comme superficie de Meyzieu contre 21 actuellement. Les chiffres retenus par monsieur Charlin donnent une superficie de 18 km2. Il est évident qu’il sera difficile connaître l’équivalence exacte, mais ce qui est irréfutable, ce sont les rapports entre sesterée, bicherée et couperée.

 

 

Le parcellaire de 1701 comme source historique

 

Le parcellaire, document fiscal, ne se veut pas un élément de connaissance approfondie de la réalité du village et de ses habitants. Sur bien des points, il demeure imprécis. Souvent, une parcelle est donnée sur deux lieux-dits. Entre le gros parcellaire et son modèle réduit, les informations peuvent diverger : le parcellaire réduit est plus précis quant aux lieux-dits, mais l’indication peut être différente par rapport à celle du gros parcellaire. Deux difficultés se présentent au chercheur. Il est, tout d’abord, nécessaire de connaître la paléographie afin d’éviter les erreurs et les contre-sens. L’écriture est parfois mal aisée à déchiffrer. L’autre difficulté est l’usage des abréviations.

 

Les noms de famille sont orthographiés de différentes façons (par exemple Chevallier et Chevalier ; Callemard, Calemard, Calamard et Callamard, Chenevaz, Chenevas, Chenavaz et Chenavas). Ce phénomène n’est pas surprenant car nous sommes à cette époque-là dans le domaine de l’oralité et la transcription écrite reflète les sons entendus. Ce qui fait que la graphie varie et peut parfois être fantaisiste (par exemple Moiranar et Moirane). Le cas le plus courant est celui des doubles consommes, un ‘i’ peut précéder un double ‘l’ ou le succéder. L’écriture est une autre source de difficultés et une lecture trop rapide peut conduire à des erreurs, il est peu aisé de distingué les ‘l’ et les ‘t’ quand ils sont placés en final d’un mot. Beaucoup de noms de famille sont complétés par un surnom, dans le gros parcellaire, ils sont associés au nom de famille, dans le parcellaire réduit, ils sont placés après le nom et le prénom avec l’indication ‘dit’. Ces surnoms peuvent correspondre à un nom de lieu (comme Rambion, Panettes, Dumont), à un métier (mercier, maréchal, courdonnier), au prénom du père (fils d’Etienne, fils de Claude), à un caractère physique ou moral (grognard, rat) ou à un rang dans la fratrie (Lejeune, Lainé) ou dans les générations (‘Catre’, ‘Quint’). Ce surnom peut se maintenir pour les héritiers ou disparaître. Mais, il peut aussi à terme se substituer au nom de famille. 

 

L’imprécision existe aussi en ce qui concerne l’occupation des sols. L’indication ‘terre’ ne nous permet pas de savoir quelles cultures étaient récoltées, mais simplement de savoir qu’il s’agit d’un champ cultivé, car les espaces non mis en culture sont spécifiés, soit sous le terme de vacant, soit sous celui d’herme. Le plus difficile pour l’analyse est l’indication pour une parcelle ‘terre et pré’ ou ‘bois et vignes’ sans préciser la superficie de chacun. De même, la superficie des constructions n’est pas toujours indiquée. Le parcellaire n’indique pas non plus si les propriétaires vivent à Meyzieu où s’ils sont des ‘forains’, c’est-à-dire des étrangers à la communauté. Les registres de la taille, le courcier de 1755 et les registres paroissiaux nous permettent d’appréhender cette donnée.

 

En ce qui concerne les valeurs, il n’y a aucun intérêt à chercher des équivalences en euros. Par contre, il est intéressant de comparer les valeurs entre elles en les rapportant en deniers. Il faut savoir qu’elles sont exprimées en livres, sols et deniers. Une livre vaut 20 sols ou 240 deniers.

 


Comment se présente le parcellaire de 1701 ?

                                                                                  

Le parcellaire, à proprement dit, est précédé d’un préambule qui explique et relate pourquoi un nouveau parcellaire a été rendu indispensable, comment les autorités delphinales s’y sont prises, en précisant ce qu’elles attendaient du futur document. Puis, il est divisé en deux grandes parties, chacune correspondant à l’une des communautés. Le parcellaire de Meyzieu dénombre 26 quartiers (mas ou max). Cette division géographique détermine des ensembles de tailles différentes. Pour chaque mas, toutes les propriétés sont indiquées. Elles sont numérotées. Chaque numéro correspond à ce qui est appelé un « article ». Pour chaque mas, sont précisés les noms des lieux dits, appelés terroirs, et les noms des chemins  qui les délimitent. Ensuite chaque article apporte des indications précises et détaillées selon le plan suivant :

 

- Le nom du propriétaire avec précision de la qualité de la parcelle, noble ou affranchie (quand rien n’est précisé cela veut dire que la parcelle est roturière) ;

- Le nom du terroir ;

- Le contenant de la parcelle : maison, cour, jardin, grange, écurie, terre, pré, verchère, vigne etc… ;

- Les limites de la parcelle (ses confins) en indiquant les noms des propriétaires et des biens attenants ;

- La superficie de la parcelle donnée en sesterée, bicherée et couperée ;

- La valeur estimée des  biens de la parcelle, déterminée en livre, sol et/ou denier pour une sesterée ;

- La valeur totale de la parcelle ;

 

 

Pour certaines parcelles, des modifications peuvent être apportées en marge, soit une diminution de la valeur en sesterée, soit une augmentation. De plus, dans certains cas, il est précisé en détail la superficie de chaque élément cité, mais aussi la valeur à la sesterée de chacun. Le parcellaire est parfois peu précis en ce qui concerne les confins et pour cartographier, il est nécessaire de comparer l’ensemble des possibilités, c’est une sorte de puzzle à reconstruire.

 

Bien entendu, un propriétaire peut apparaître à plusieurs reprises. Chaque article est numéroté. Un tel document nous donne des indications précieuses sur Meyzieu au début du XVIIIème siècle. Il nous permet de déterminer l’habitat, les activités agricoles, le maillage des chemins et l’état social de la population. Il nous donne des indications pour comprendre la signification des lieux dits. Il détermine l’importance des chemins. Enfin, il nous montre, ce que l’on observe aussi sur le cadastre napoléonien deux siècles plus tard, que Meyzieu  possède un centre historique, le Mont où se situe château et église et que le quadrilatère, formé aujourd’hui par les rues Louis Saulnier, de la République, Gambetta et Rambion ainsi que la place du 11 Novembre 1918, constitue l’essentiel du village de Meyzieu et il est ainsi le centre historique du Meyzieu moderne.

 

Dans le parcellaire, les points cardinaux sont indiqués de la manière suivante, du « matin » (écrit aussi mattin) pour l’est, du « vent » pour le sud, du « soir » pour l’ouest et de « bise » (écrit aussi bize) pour le nord.

 

 

 

 


Carte des 26 mas


Réalisation Guy Milou et Pierre Chico-Sarro

 

 

 

 

Le parcellaire, document fiscal

 

Il ne faut jamais perdre de vue que le parcellaire est avant tout un document fiscal. Sous l’Ancien Régime, les privilégiés ne sont pas soumis à l’impôt, c’est-à-dire les membres de la noblesse et ceux du clergé. Depuis la fin du Moyen-Age, la société a évolué et des transferts de richesse se sont opérés. Le développement urbain a favorisé l’épanouissement de l’artisanat et du commerce. Une bourgeoisie s’est développée et enrichie. Les plus riches achètent des titres de noblesse. Cette nouvelle classe sociale  a pour souci premier de s’enrichir et pour cela, elle investit. A cette époque-là, le meilleur investissement est l’achat de terres sur lesquelles, elle fera travailler des paysans : l’objectif est de rentabiliser le bien. C’est ainsi que l’agriculture, encore vivrière, entre dans le cycle du rendement commercial. Mais ces bourgeois achètent aussi des résidences secondaires à proximité de la ville. Le rôle de Lyon est ici déjà primordial.

 

L’impôt royal par excellence en 1701 est la taille. Au Moyen-Age, la taille est un impôt prélevé par le seigneur. A partir de la Guerre de Cent Ans, le roi, qui a besoin d’argent pour payer les soldats qui combattent pour lui, crée un impôt provisoire : la taille royale. Cet impôt est inscrit au chapitre « extraordinaire » des ressources. Il sera renouvelé chaque année jusqu’en 1789. Il s’agit d’un impôt de répartition. Le Roi fixe la somme dont il a besoin. Cette somme est ensuite répartie entre les provinces appelées généralités. Au sein de celles-ci, l’Intendant détermine les sommes dues par chaque élection. Au sein des élections, les officiers répartissent l’allivrement (impôt à payer) de chaque paroisse. Ensuite, au sein de chaque paroisse, la communauté des habitants répartit la somme due par chacun.

 

Il existe deux types de taille : personnelle ou réelle. Sachant que le royaume est partagé entre pays d’élection (les provinces les plus anciennement rattachées à la couronne) et les pays d’Etat (les plus récemment rattachés à la couronne et qui ont conservé leur parlement), la taille réelle concerne ces derniers et la taille personnelle les premiers. La taille réelle concerne les biens fonciers déterminés à partir d’un cadastre (compoix ou parcellaire), la taille personnelle est répartie sur les facultés supposés du chef de famille. La taille personnelle est arbitraire et souvent injuste. La taille réelle devrait être plus équitable, mais à condition que le cadastre ait été confectionné correctement et avec soin.

 

Pour des raisons d'efficacité fiscale et d'une meilleure justice entre les contribuables, la taille qui était personnelle dans la Province du Dauphiné devient réelle en 1639. Seuls les roturiers sont soumis au payement de la taille. Mais qu'en est-il de nobles qui achètent des terres appartenant à des roturiers et inversement des roturiers qui achètent des biens appartenant à des nobles. Les nobles estiment qu'ils n'ont pas à payer sur les biens roturiers. Les roturiers veulent être exemptés sur leurs biens nobles et ils contestent l'interprétation des nobles. Pendant près d’un siècle depuis le règne d’Henri IV jusqu’à la fin du XVIIème siècle a lieu en Dauphiné, ce que l’on appelle le procès des tailles. L’enjeu en était l’assiette de cet impôt.

 

 

Le Dauphiné est sous le statut de la taille personnelle. Nobles et membres du clergé ne sont pas soumis à la taille. Donc quand un noble achète une terre roturière, il est exempté du paiement de la taille pour cette terre achetée. Or tout au long du XVIème siècle, la noblesse achète des terres. Le résultat directe est une augmentation des sommes à payer par les roturiers qui doivent compenser la perte de rentrée fiscale du fait que les nobles ne paient plus les terres qui étaient auparavant roturières. Au cours du XVIIème siècle, la situation s’aggrave, notamment avec les guerres sous le règne de Louis XIV. La somme à recouvrir augmente considérablement et les roturiers se trouvent victimes de ce double effet. Dès 1580 des révoltes éclatent contre la hausse de la fiscalité. Le 19 septembre 1595, Henri IV reçut en audience les représentants du Tiers Etat du Dauphiné. Ils obtinrent que le conflit soit tranché par le Conseil privé du Roi et non par les états provinciaux. Le 15 avril 1602, le Conseil d’Etat décida que les terres roturières achetées par la noblesse avant 1598 resteraient roturières. Néanmoins le Tiers Etat décida de poursuivre l’action sous la conduite de Claude Brosse. Deux arrêts des 31 mai 1634 et 24 octobre 1639 décidèrent que désormais la taille serait réelle et prédiale, c’est-à-dire héréditaire, en Dauphiné. Les deux arrêts exigèrent la réalisation de cadastres. Il est donc décidé que tous les fonds roturiers à cette date resteront à perpétuité roturiers et donc taillables. Tous les biens roturiers acquis par des nobles avant 1602 seront considérés comme nobles. Les fonds roturiers acquis par des nobles après 1602 resteront roturiers et son propriétaire sera soumis à la taille. En ce qui concerne les roturiers, ils seront exempts de la taille sur les fonds nobles s’ils ont acquis la noblesse avant 1602.

 

L’impôt à payer est établi de la manière suivante :

 

soit : « I » l’impôt à payer, « a » l’allivrement du contribuable = revenu net imposable, « TG » la taille globale due par la communauté et « A » le montant des allivrements dus par la communauté, la formule qui permet de calculer l’impôt est la suivante :

I = a X TG/A.

 Dans le parcellaire de Meyzieu : le « marc la livre [1]» est déterminé à 2 sols pour 100 livres des revenus estimés de chaque article, soit 24 deniers pour 24000 deniers, c’est-à-dire 0,1 %. Ainsi l’allivrement est égal à l’estime/1000

 

Le parcellaire nous indique ce que nous pourrions appeler la qualité des parcelles, c’est à dire la situation de chacune par rapport au fisc. Pour bien comprendre, il faut revenir sur la fiscalité en 1701. Selon un principe déterminé au Moyen-Age, dans la société d’Ancien Régime, tout le monde n’est pas égal devant l’impôt. Dans une société basé sur l’existence de trois ordres : le clergé, la noblesse et le tiers-état, deux sont dispensés de l’impôt. Le clergé, qui prie pour le repos des âmes, en est dispensé. Il en est de même de la noblesse qui protège l’ensemble de la population en se battant au nom du Roi. Ainsi, la totalité de l’impôt repose sur le tiers-état. Celui-ci se compose tout à la fois des bourgeois et des paysans, en sachant que ces deux catégories sont elles-mêmes fort diverses.

 

C’est la raison pour laquelle le parcellaire détermine la qualité de chaque parcelle au regard de sa situation fiscale. Quatre cas se présentent : une parcelle peut être noble, roturière, affranchie ou mixte. Une parcelle affranchie est une parcelle roturière pour laquelle le propriétaire a payé en règle générale cinq années de taille en une fois et qui par la suite n’a plus rien à payer. Une parcelle mixte est une parcelle dont une partie est noble et une autre roturière.

 

Pour Meyzieu, les parcelles roturières dominent : sur 1078 parcelles, 942 sont roturières soit 87,4 % des parcelles, les parcelles nobles ne représentant que 11 % des parcelles. Les parcelles affranchies sont très peu nombreuses. Les parcelles nobles occupent une superficie de 729,3148 ha soit 35 % de la superficie totale, les affranchis 16,4551 ha, les mixtes 134, 3367 ha et les roturières 1221,9834 ha soit 58 % de la superficie. Nous constatons que les parcelles nobles sont plus vastes que les roturières. La valeur moyenne à la sesterée se répartit ainsi :

noble = 54 deniers, affranchi = 86 deniers, mixte = 57 deniers et roturière = 64 deniers.

Il n’est pas innocent que les parcelles affranchies soient celles dont la valeur est la plus élevée.

 

 

La moitié des parcelles du mas 1 sont nobles. Ceci nous montre que le centre de la réserve seigneuriale se situe sur ce mas au pied du château. Les parcelles mixtes proviennent en règle générale d’achats par la même personne de terres contigües qui par la suite ne forment plus qu’une seule et même parcelle. En ce qui concerne la valeur des parcelles selon la qualité, nous constatons que les nobles représentent 1/3 de la valeur totale et les roturières 55 %, soit une répartition quasi identique à celle de la valeur des parcelles. Nous observons que les parcelles sont moins évaluées dans le parcellaire de 737 deniers soit une différence de 0,8 %. A l’inverse les parcelles roturières sont surévaluées de 410 deniers soit une différence de 0,4 %.        

Outre la taille royale, les habitants de Meyzieu sont soumis à d’autres taxes ou impôts. En  particulier la ferme[2] de la dîme et la ferme des agneaux. Ces deux impôts sont dus à l’abbaye d’Aisnay. La dîme correspond à environ 12 % de la récolte, elle concerne les bleds, le froment et le seigle, tandis que les majolans doivent fournir chaque année avant quasimodo un certain nombre d’agneaux.

 

 

 

 

Carte de la qualité fiscale des terres

Réalisation Guy Milou et Pierre Chico-Sarro

 

 




[1] Le marc la livre permet de calculer l’impôt à payer

 

[2] Ferme est synonyme d’impôt.

Meyzieu les 26 mas
5,3 Mo
Meyzieu_les_26_mas.pdf
Meyzieu Qualite
5,2 Mo
Meyzieu_Qualite.pdf

La Seigneurie de Meyzieu

La seigneurie est la base de la société féodale au Moyen-Age

 

Une seigneurie est tout à la fois un domaine et une juridiction[1]. Pierre Goubert la définit de la manière suivante : « la seigneurie est un ensemble de terres, soigneusement et anciennement délimitées qui constitue la propriété éminente et la juridiction d’un personnage nommé seigneur »[2]. Domaine foncier, au Moyen Age, il constitue l’ensemble du finage d’un village, sachant qu’une même seigneurie peut contenir plusieurs villages. Dans certains cas, un village peut être partagé entre plusieurs seigneurs. Ce fut le cas de Meyzieu à partir de 1241 quand le seigneur de Meyzieu, Berlion de Chandieu, rendit hommage au Comte de Savoie pour la partie nord de ses terres, celle tournée vers le Rhône. Ainsi une partie de la seigneurie releva de l’autorité des Comtes de Savoie et l’autre partie, celle située au sud, du Dauphiné[3]. Cette situation perdura jusqu’en 1355 lorsque le comte de Savoie, Amédée VI, échangea des territoires avec le Dauphiné. Meyzieu fit partie de cet échange.

                                                                                                                                                 

Domaine foncier, la seigneurie comporte deux ensembles : la réserve et les tenures ou censives. Les tenures sont louées aux paysans qui les exploitent moyennant des redevances et qui peuvent les transmettre à leurs héritiers moyennant le droit de mainmorte dû au seigneur. La réserve demeure sous l’autorité directe du seigneur qui utilise une main d’œuvre paysanne pour l’exploiter. Ces paysans sont des ouvriers agricoles. Tous les paysans sont également soumis à des corvées qu’ils doivent effectuer sur la réserve du seigneur. La plupart du temps, cette réserve se localise à proximité du château, mais le seigneur a pu conserver pour lui-même de bonnes terres plus éloignées. Outre la maison seigneuriale la réserve comprend divers bâtiments, un parc, des jardins, mais aussi une chapelle ou une église et le cimetière. Le seigneur possède un pouvoir de justice sur son domaine. Selon l’importance de la seigneurie, il pourra s’agir de la basse justice, aujourd’hui la justice pénale, ou de la haute justice qui correspond à notre justice criminelle. La haute justice permet au seigneur de posséder une potence.

 

La seigneurie est aussi une cellule économique de base. Elle rapporte des revenus au seigneur, tout d’abord ceux obtenus par l’exploitation du domaine, mais aussi les différentes taxes dues par les tenanciers. Les banalités sont aussi une source de revenus pour le seigneur. Les paysans sont obligés d’utiliser le moulin banal pour moudre leurs grains, le four banal pour faire cuire leur pain, le pressoir banal pour faire leur vin. Cette obligation s’accompagne du paiement d’une redevance.  L’achat d’une seigneurie est un investissement qui doit être rentable. Comme les rendements sont médiocres et les conditions climatiques incertaines, l’équilibre financier, pour le détenteur d’une seigneurie, peut vite devenir précaire.

 

 

En 1701, la seigneurie a évolué par rapport au Moyen-Age. Les banalités ont disparu. Il en est de même des corvées. La justice royale se substitue de plus en plus à la justice seigneuriale. Enfin les impôts royaux prennent une part de plus en plus importante des différentes taxes payées par les paysans. Par contre les redevances dues au seigneur, la plupart du temps calculée en un pourcentage de la récolte ou pire en une certaine quantité de grains et de gerbes, pèsent parfois lourdement sur les paysans, surtout en période de mauvaises récoltes. Ces redevances, qui s’ajoutent aux impôts royaux, aggravent la situation des plus pauvres.

 

En 1559, des commissaires royaux visitent le château de Meyzieu. Voici le compte-rendu de cette visite telle qu’elle est relatée par Paul Chartron[4] dans ses archives : «  nous avons d’abord visité le petit château ou vieux château situé sur un petit coteau situé au nord du château neuf. Le vieux château comporte trois tours rondes, celle qui est située à l’est est la plus grosse et la plus large. Les trois tours constituent un triangle à l’intérieur duquel se tient une maison carrée qui ressemble à une forteresse. Le seigneur vit dans l’autre château, situé un peu plus au sud, qui comporte une maison avec fenêtres qui est belle et bien entretenue. A proximité, il y a plusieurs étables ». Dans ce rapport, il est précisé que le seigneur réalise des chasses aux perdrix sur son domaine. Des noms de fermes sont indiqués : « la ferme des Perdrix, la ferme de la taille des Broteaux, la ferme de la prépositure et la ferme du Saugey ».

 

Au Moyen-Age, le seigneur de Meyzieu possède la haute et la basse justice. L’analyse des possessions du seigneur de Meyzieu en 1701 est très significative : le centre de la réserve seigneuriale se situe au pied d’un monticule, appelé le Mont au lieu-dit le Château. Cette réserve se localise au lieu-dit Sous le Mont au niveau de la plaine et à l’ouest de celui-ci au lieu-dit du Saugey. Deux fermes se situent à proximité, l’une au nord, appelée domaine de Turry qui comprend une maison grange, une cour et un jardin et l’autre à l’est, appelée Grange Blanche qui comprend une maison, une grange, une cour et un jardin. Les terres appartenant au seigneur de Meyzieu et qui constituent la réserve représentent 23 % de la superficie de la seigneurie. Les tenures occupent ainsi la plus grande partie de la seigneurie, soit 77 % du finage de Meyzieu.

 

Le seigneur de Meyzieu, en 1701, possède un capital qui correspond à 20 % de la valeur total des terres de Meyzieu. Il est intéressant de constater que le seigneur n’est pas le plus riche propriétaire à Meyzieu bien qu’il soit celui qui possède le plus de terres. Ceci montre l’intérêt croissant d’une bourgeoisie capitaliste pour l’investissement terrien.

 

 

 Des seigneurs de Meyzieu au marquisat de Pusignan        

 

Dans ses archives, Paul Chartron (1893-1956)[5], explique que le pagus[6] de Meyzieu remonte probablement au XIème siècle, suite à la période d’anarchie qui a suivi la fin du deuxième royaume bourguignon. Cette situation crée de multiples troubles et développe une insécurité croissante. Ceci pousse les petits seigneurs à se protéger au sein de châteaux fortifiés construits sur des buttes. C’est certainement en ces temps-là que fut édifié le château de Meyzieu. Lors des périodes de danger, liées aux incursions de bandes de pillards, les paysans trouvent refuge à l’intérieur du château. Quant à Henri Charlin, il parle d’une famille de Meyzieu dont le nom serait cité dans le cartulaire de l’abbaye d’Ainay. L’Histoire des seigneurs de Meyzieu se révèle complexe en comparant les écrits d’Henri Charlin et de Paul Chartron. Par moment, il existe des contradictions entre eux et, sans un retour aux sources, il ne sera pas possible de trancher. Le livre d’Henri Charlin, Autour du Château de Meyzieu, se révèle confus et contient des incohérences. L’étude des différents seigneurs de Meyzieu n’est pas l’objet de ce travail, par contre je pense qu’il sera nécessaire de se pencher sur les archives pour dénouer cet imbroglio. Je vais me contenter de citer ce qui semble avéré.

 

Date

Les seigneurs de Meyzieu

1241

 

Berlion

de

Chandieu

  

 

 

 

 

    

 

 

 

 

    

 

?

 

Antoine

de

Chandieu

  

 

 

 

 

    

 

 

 

 

    

 

?

 

Artaud

de

Chandieu

 

confiscation

 

 

      

 

 

      

 

1374

 

Pierre

de

Gerbais

 

achat

 

 

 

 

    

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

  

 

  

 

 

 

  

 

  

 

?

Gaspard

 

         André

 

 

 

      

 

 

      

 

1420-1446

 

Guillaume

de

Martel

 

achat

 

 

 

 

    

 

 

 

 

    

 

1446-1480

 

Louis

de

Martel

 

sans descendant

 

 

      

 

 

      

 

1480

 

Philibert

de

La Bourne

 

don de Louis XI

 

 

      

 

 

      

 

1531

 

François

de

Tardes

  

 

 

 

 

    

 

 

 

 

    

 

1595

 

Edmonde

de

Tardes

épouse

Jean Darlin

 

 

      

 

 

      

 

1620 ?

 

Jean

 

Pelletier

 

achat

 

 

      

 

 

      

 

?

François Pompone Manuel

de

La Foy

 

achat

 

 

 

     

 

 

      

 

?

 

Claude

de

Arod

 

neveu de Pompone de la Foy

 

 

     

 

 

 

     

 

1674

 

Aymar

de

Costaing

 

achat

 

 

 

     

 

 

 

     

 

1679

 

Claude

de

Costaing

 

neveu d'Aymar

 

 

 

     

 

 

 

     

 

1689

 

Marie-Anne

de

La Poype Saint Jullin

épouse de Claude

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Louis de Martel

épouse

Antoinette de Virieu Pupetières

épouse

Etienne Guerrier

   

 

mort en 1480

  

en 1486

    

 

 

 

 

     

 

 

 

 

     

 

 

 

Louise Guerrier

épouse

Pierre de Tardes

  

 

 

   

 

   

 

 

   

 

   

 

 

   

François de Tardes

épouse

Philiberte de Tenay

 

 

    

 

  

 

 

les seigneurs de Meyzieu

  

 

  

 

 

    

Edmonde de Tardes

épouse

Jean Darlin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Au cours des siècles, Meyzieu a connu comme seigneur plusieurs familles différentes[7]. Cette succession de familles[8] montrent que la seigneurie de Meyzieu est avant tout considérée comme une source de revenus. Les archives nous permettent avec certitude de remonter jusqu’au XIIIème siècle pour connaître les seigneurs de Meyzieu, en particulier Berlion de Chandieu (aussi écrit Berlioz de Chandieu), dans l’acte du 9 août 1241 par lequel il rend hommage au Comte de Savoie pour la moitié des terres de la seigneurie de Meyzieu du côté du Rhône. A Berlion de Chandieu  succèdent son fils, Antoine, puis son petit-fils, Artaud. Ce dernier vend la seigneurie de Meyzieu le 24 février 1374 à Pierre Gerbais, seigneur de Virieu[9], pour la somme de 3000 florins-or[10]. En 1404, il rend hommage au Roi de France. Mais ses héritiers, ses fils, Gaspard et André, criblés de dettes, voient tous leurs biens confisqués. En 1420, Guillaume de Martel, sieur de Grammont, achète la seigneurie de Meyzieu pour la somme de 6000 livres. Il est marié à Catherine de Grolée et le couple aura quatre enfants. C’est leur troisième fils qui deviendra seigneur de Meyzieu en 1446 : Louis de Martel. Il rend hommage au Roi. Il épouse Antoinette de Virieu Pupetières. En mars 1480, il meurt sans héritier direct. La seigneurie revient au Roi de France. Louis XI, qui a été le premier « Dauphin » de l’Histoire et a donc séjourné en Dauphiné, fait don de Meyzieu à Philibert de la Bourne, son chambellan. Celui-ci revend assez rapidement la seigneurie. 

 

Après de nombreuses vicissitudes, la seigneurie de Meyzieu revient à la famille Costaing de Pusignan qui l’achète en 1674 à la mort de Guillaume de Arod. Aymar de Costaing Chonnetière (1597-1679), lieutenant

général de la Grande Fauconnerie du Roi, et son épouse, Anne Vidaud de la Tour, appartenant à la noblesse de robe[11], n’ont pas d’héritier. Aymar désigne alors son neveu, Claude Camus d’Arginy, comme son héritier à la condition que celui-ci abandonne son nom de famille et adopte celui de son oncle, c’est-à-dire qu’il prenne le nom de Costaing. Le 22 janvier 1676, ayant accepté cette condition, il devient officiellement son héritier. Aymar de Costaing meurt en mai 1679. Claude Camus d’Arginy devint ainsi Claude de Costaing[12] le 22 novembre 1679.

 

Claude de Costaing porte de nombreux titres dont celui de baron de Belvey[13]. Les familles Camus et Costaing appartiennent à la noblesse, noblesse de robe pour les Camus, noblesse d’épée pour les Costaing. Les revenus d’Aymar Costaing sont estimés à une somme supérieure à 25000 livres7. Sur ses seigneuries, il possède la haute et la basse justice. La famille Costaing appartient à la noblesse viennoise. Depuis plusieurs générations, elle a la charge de gardien de la ville de Vienne.

 

Claude Camus est né vers 1640. Son père Charles Camus épouse en janvier 1637 Catherine de Costaing, sœur d’Aymar de Costaing. Le couple aura sept enfants. Charles Camus est mort le 9 novembre 1683 et Catherine de Costaing le 2 février 1686. Claude est le deuxième enfant du couple. Son frère ainé, Jacques est chevalier et comte d’Arginy. Il est nommé bailli de Beaujolais par Louis XIV le 28 novembre 1684. Il meurt le 15 juillet 1686. Le troisième enfant du couple est François, né le 20 septembre 1648, qui sera admis dans l’Ordre de Malte le 3 juin 1663. Affecté à la Marine, il sera nommé capitaine des Vaisseaux du Roi. Le quatrième enfant, Antoine succède à son frère ainé en 1686 et devient Comte d’Arginy. Il suit une carrière militaire, d’abord comme capitaine au régiment du Poitou, puis comme colonel au régiment d’infanterie de Limoges. Il meurt en mai 1700. Le cinquième enfant est une fille, Anne, qui sera religieuse aux Ursules de Villefranche en 1698. Le sixième enfant, Marie Marthe entre également aux Ursules. Dès son plus jeune âge, Claude s’engage dans la carrière militaire. Cadet des Mousquetaires du Roi, il entre ensuite au régiment de Plessis-Praslin qui deviendra par la suite le régiment du Poitou. Il y gravit tous les grades : de capitaine des grenadiers-majors à lieutenant-colonel. Il combat en Flandre en 1667, participe aux sièges de Douai, Tournai et Lille. Il participe à la campagne de Hollande. Turenne dit de lui : « avec des gens comme vous, on doit attaquer hardiment car on est sûr de vaincre ». Il se distingue par son courage et sa hardiesse. Le 4 août 1675, il est nommé capitaine des grenadiers.

 

Il est à Lyon le 19 septembre 1675 lorsqu’éclate une émeute suite à l’arrestation d’un mendiant. Il s’interpose pour empêcher son internement. En 1679, il accède au commandement des régiments de Plessis-Praslin et de Languedoc. Avec son héritage en 1679, il est devenu un homme riche. Il peut se montrer à Versailles et y tenir rang. Il poursuit sa carrière militaire, achète en 1680 le régiment de Languedoc dont il devient colonel. En avril 1684, il fait le siège de Luxembourg et le 31 mai, il s’empare du château de Munster.

En novembre 1679, le Roi le récompense pour ses faits d’armes en élevant les terres de Pusignan et Meyzieu en un marquisat qui comprend : Pusignan, Malatrait, Meyzieu, Chassieu, Belvey et Septème. Par un acte de 1684, il est précisé que s’il n’a pas d’enfant, le titre de marquis disparaîtra. Il est aussi co-seigneur de Feyzin et il a la charge de la garde de la ville de Vienne.

 

Son courage et sa bravoure lui valent diverses promotions au sein de l’armée Il est promu brigadier en 1686, puis inspecteur général de l’infanterie. En 1687, ce sont ses hommes qui creusent le canal d’amenée des eaux à Versailles. En 1689, Louis XIV décide d’aider Jacques II d’Angleterre à reconquérir son trône en envoyant un corps expéditionnaire en Irlande. Claude Costaing de Pusignan commande l’infanterie avec le titre de Maréchal de Camp. L’expédition, mal préparée, est un échec. Lors d’une attaque devant Londonderry, ville maritime du nord de l’Irlande, Claude Costaing de Pusignan reçoit un coup de mousquet en pleine poitrine le 5 mai 1689. Faute de soins et de chirurgien, il agonise pendant plusieurs jours et meurt le 11 mai. Son épouse reçoit l’usufruit de ses biens. La succession de Claude Costaing est difficile à régler car le couple n’a pas eu d’enfants et les membres des familles Costaing et d’Arginy en revendiquent la possession.

 

 

Une société rurale

 

Sous l’ancien régime, la société rurale évolue très lentement, la stabilité domine. La ruralité est la règle. Elle domine la société toute entière. Les paysans sont appelés les rustiques ou les rustres, ce qui signifie de la campagne, les vilains ou les manants. A cette époque-là, ces expressions n’ont aucune connotation péjorative. La société rurale est une société solidaire liée par les liens du sang. Elle est hétérogène. Dans cette société rurale, la mort de la mère et la mort de l’épouse sont des épreuves douloureuses. C’est un vrai déchirement. L’étude des registres paroissiaux permet d’analyser l’âge de la mort chez la femme comme chez l’homme et de voir son évolution au cours des siècles.

 

La société rurale se situe dans le cadre du terroir qui se compose des terres de toute nature, des habitations et des chemins. Elle repose sur « l’assemblée des habitants ». Le territoire rural regroupe quasiment toujours trois éléments indissociables, distincts et complémentaires : le manse, les labours et le saltus[14]. Le manse est une parcelle qui rassemble la maison, parfois une cour, éventuellement des bâtiments et un jardin. Ces manses peuvent être clos par un mur ou par une haie. Le manse est « une cellule de vie » selon Pierre Goubert. Les labours constituent l’activité qui permettra après avoir semé de récolter. L’absence d’engrais naturels oblige à pratiquer un assolement triennal qui maintient 1/3 des terres labourables en friches, ce qui réduit d’autant les récoltes. Le saltus, ce sont les prairies, pâtures, broussailles, taillis, landes et forêts. Le saltus est indispensable pour que la communauté des habitants puisse vivre. Il donne de la nourriture au bétail, « il apporte le bois, les branches, les feuilles, les fruits qui sont indispensables à la vie rurale, pour l’habitation comme pour le chauffage, pour les litières comme pour la boisson, pour les outils et même pour la nourriture »[15].

 

La société rurale n’est pas monolithique, elle se caractérise par sa diversité. Il est difficile de définir les paysans comme catégorie sociale. Gabriel Béaur explique que « parmi toutes les catégories définies par les sciences sociales, celle qui regroupe les familles qui vivent du travail de la terre se révèle à l’usage particulièrement poreuse »[16]. Au XVIIème et XVIIIème siècle, un rural n’est pas uniquement un paysan : il peut travailler son lopin de terre, travailler comme ouvrier agricole, mais dans le même temps exercer une autre activité : cabaretier, charron, cordonnier, marchand ou meunier. En réalité ce qui définit le mieux le paysan, c’est un sentiment d’appartenance au monde de la terre.

 

Au plus bas de l’échelle sociale se trouve le monde des errants : mendiants, bandits, colporteurs. Ce monde est difficile à cerner et il est mal connu. Leur nombre augmente en période de crise. Puis viennent les petits paysans qui ne possèdent rien que leur bras et leur courage, ils sont employés comme ouvriers agricoles, les moins chanceux doivent chaque jour trouver un travail, ce sont les journaliers appelés aussi brassiers, d’autres se louent pour une saison en général à la Saint Jean et à la Saint Antoine, ce sont les saisonniers, d’autres enfin ont plus de chance, ils sont ouvriers agricoles et sauf cas exceptionnel, ils sont assurés d’avoir un travail.

Le reste des paysans se diversifie en fonction de sa relative richesse mais ils sont tous « propriétaires » d’une terre qu’ils exploitent. Pour la majorité, ce lopin de terre ne leur permet pas de vivre et ils travaillent aussi comme ouvriers agricoles ou comme artisans ou marchands, ils sont appelés manouvriers. Ils sont dépendants sur le plan économique et ils ne possèdent ni charrue, ni attelage suffisant. Les plus riches peuvent vivre de leur terre, ce sont les laboureurs. Pour Guy Cabourdin : « le laboureur est le paysan qui possède les moyens nécessaires et particulièrement le train de culture, pour mettre en valeur les biens qu’il possède ou qu’il loue... Les laboureurs constituent la couche supérieure de la paysannerie »[17]. Les plus riches des laboureurs constituent l’aristocratie des « coqs de village ». L’analyse des divers documents nous a permis de repérer au moins, 8 laboureurs, 2 fermiers, 3 bergers et 11 ouvriers agricoles.

Dans la société rurale, il existe un groupe particulier, celui des serviteurs ou domestiques. Leur sort est plutôt favorable car ils sont assurés d’avoir un travail, un revenu, le gite et le couvert. Ils font partie de la famille. Reste un dernier élément constituant cette société rurale, les artisans et commerçants. Le maréchal-ferrant occupe une place de premier choix. Sur Meyzieu, le parcellaire nous indique quelques métiers : hôtelier, cabaretier, meunier, boulanger, cordonnier, mercier, maréchal-ferrant. Sur l’ensemble de nos sources, nous avons noté au moins, deux marchands, un cabaretier, un boucher et un cordonnier. Parmi les artisans, nous avons repéré un maître-tisserand, deux maîtres-maçons, un maître-tailleur, un peigneur de chanvre et deux maréchaux-ferrant. Nous notons aussi un huissier royal, deux notaires royaux et un officier de justice. Nous comptons également deux serviteurs.

L’alphabétisation n’est pas la règle. Très peu de paysans savent lire et écrire. Cela se voit en étudiant les registres paroissiaux où ceux qui signent sont très peu nombreux. Il est la plupart du temps indiqué « n’ont pas signé pour ne scavoir ». Ceci indique que ceux qui signent appartiennent aux hautes classes de la société. Parmi les propriétaires de Meyzieu, la Marquise de Pusignan, Paul de Cohade, François de Vincent de Panette, le curé Claude Deville signent. Il en de même par exemple de l’honnête Jean Courjon. La culture de l’époque est essentiellement orale. La veillée permet d’occuper les longues soirées d’hiver. Les paysans parlent peu : « la parole est rare à la campagne »[18]. En 1701, les campagnes sont loin de participer au siècle des Lumières.




[1] Nos ancêtres, revue, N°70, novembre/décembre 2014

[2] Citation retranscrite du numéro de la revue précédente

[3] Charles Talon, Histoire de la vie rurale en Bas-Dauphiné, Editions Bellier, 1981 et Paul Chartron, Notes historiques et généalogiques, Archives départementales de Rhône et de la Métropole de Lyon, 23J5-6

 

[4] Paul Chartron, notes historiques et généalogiques, Archives départementales du Rhône et de la métropole de Lyon : 23 J 5-6

[5] Paul Chartron, notes historiques et généalogiques, Archives départementales du Rhône et de la métropole de Lyon : 23 J 5-6

[6] Pagus signifie littéralement pays et peut-être traduit par ‘seigneurie’

[7] Henri Charlin, Autour du château de Meyzieu, Editions Bellier, 2007

[8] Félix Crozet, L’Isère, arrondissement de Vienne, 1869

[9] Il s’agit de Virieu sur Bourbre en Dauphiné

[10] Ibidem 8

[11] La noblesse de robe se distingue de la noblesse de sang par le fait que cette noblesse est acquise par l’achat d’une charge de justice

[12] Paul Chartron, Claude Costaing (ex Camus d’Arginy), marquis de Pusignan, Evocations, mars-avril 1952 N°67-68

[13] Belvey est situé sur la paroisse de Dompierre sur Veyle dans la Dombes

[14] Pierre Goubert, Daniel Roche, Les Français et l’Ancien Régime : la société et l’Etat, Armand Colin, 1984

[15] Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire des paysans français, Seuil, 2002

[16] Gérard Béaur, Histoire agraire de la France au XVIIIème siècle, SEDES, 2000

 

[17] Guy Cabourdin, Georges Viard, Lexique historique de la France d’Ancien Régime, Armand Colin, 2012 (troisième édition)

[18]Pierre Goubert, Daniel Roche, Les Français et l’Ancien Régime : la société et l’Etat, tome 2, Armand Colin, 1984

 

Un triptyque : village, paroisse, communauté

Le village

 

Dans la France d’Ancien Régime, le monde rural domine très nettement. Les villages constituent l’essentiel de la réalité sociale rassemblant plus de 80 % de la population de la France. Qu’appelle-t-on un village en 1701 ? Il s’agit d’un ensemble d’habitations groupées ou dispersées en hameaux. Un village est d’abord une paroisse, car le rôle de l’Eglise sur la société et sur les esprits est très important. Un village est constitué d’individus qui vivent essentiellement en autarcie. Les habitants d’un village sont à l’image de la société inégalitaire de l’époque. Du mendiant au noble qui vit de l’exploitation de ses terres, toutes les strates sociales se retrouvent : des plus pauvres et démunis aux plus riches. Les habitants d’un village constituent une communauté. Depuis les édits de 1660 à 1680, le gouvernement des villages est encadré par le pouvoir royal par l’intermédiaire de l’Intendant. S’il a toute autorité sur le village, il se veut aussi le protecteur de ce dernier.

 

Le village de Meyzieu regroupé au pied du château comporte un hameau : le Carreau. Meyzieu a probablement des origines gallo-romaines. Les découvertes faites lors de différents chantiers de fouille l’attestent, comme les fouilles de la Dent[1] et celles du Trillet[2]. Cette dernière a permis de dater un habitat allant du Ier siècle au IIIème siècle après Jésus Christ composé de cinq cabanes avec palissades et d’une nécropole des IIIème et IVème siècles contenant 32 tombes. La seule certitude, c’est l’occupation permanente du site depuis la fin de l’Antiquité. André Pelletier, dans son Encyclopédie de Lyon et des communes du Rhône, affirme que vers l’an 1000, Meyzieu est « une modeste communauté paysanne ». Au XVIème siècle, Meyzieu est un petit village. Henri Caburet[3] précise qu’il s’agit d’un « humble rassemblement de chaumières en pisé blotties au pied du château et de l’église entourée du cimetière ». Les toits étaient recouverts de chaume à la paille de seigle. Il précise que chaque année des terres sont gagnées sur le Rhône. Le village est alors au cœur de la grande forêt du Velin. En 1624, le seigneur de Meyzieu écrit à Louis XIII parlant de Meyzieu, c’est « un beau et grand village qui se situe en très bon et fertile pays et est composé de bon nombre d’habitants riches et commodes qui s’adonne au commerce et trafic de marchandises et bétail ». Il souhaitait obtenir trois foires par an14. Pendant des siècles, l’Histoire de Meyzieu est banale et le village compte très peu de monuments historiques. Ce fut simplement un gros bourg bien situé sur la route de Crémieu.

 

Meyzieu appartient à la province du Dauphiné, à la Généralité et au bailliage de l’élection de Vienne. Guy Allard[4] écrit en 1864 que Meyzieu se dit Moesius, ce qui est, pour lui, un nom romain, probablement celui d’un légionnaire romain qui aurait été récompensé pour ses états de service. D’autres, comme André Pelletier parle de Messacus ou Messiacus qui serait le domaine de Messis. Henri Caburet parle lui de Massacus ou Massiacus ou meziacum, domaine de Massa. Guy Allard propose une autre version. Meyzieu viendrait de Macusium à cause d’un certain Hercule Macusium qui y était adoré. L’écriture de Meyzieu  a souvent évolué[5] : Meysieu en 1649, Mézieux, Mézieu et Meizieu en 1669, Mézieu, Meyzieux et Meyzieu en 1743. Au XVIIème siècle, le village est nommé Meyzieu en Dauphiné dans un document de l’Intendance.

 

La paroisse

 

La religion est très prégnante, elle règle et rythme le quotidien des habitants. Lucien Fèvre écrit que « le christianisme était l’air même qu’on respirait... C’était une atmosphère dans quoi l’homme vivait sa vie, toute sa vie »[6]. La paroisse est la circonscription religieuse de base. Chaque paroisse est administrée par un curé. Celui-ci joue un rôle important dans le village, il exerce une autorité morale incontestable. Depuis le Concile de Trente (1545-1568), il se doit d’être exemplaire, il a l’obligation de bien connaître chaque famille et il doit être un modèle de piété. Bien entendu, il assume toutes les cérémonies religieuses, fait le catéchisme et administre les sacrements. Il joue aussi un rôle social en visitant les malades et en les réconfortant. Le Roi leur demande de tenir à jour les baptêmes, les mariages et les décès dans ce qu’on appelle les registres paroissiaux. Le curé habite dans la maison curiale. Ce logement doit être confortable afin qu’il y demeure bien. Le curé dispose d’un revenu appelé ‘bénéfice’ qui correspond au revenu de la paroisse et la plupart du temps, il s’agit d’une partie de la dîme. Il est souvent dit que cette part est congrue, c’est-à-dire faible.

 

La paroisse est la cellule de base de l’organisation ecclésiastique. Elle est une circonscription territoriale et elle correspond à une communauté d’habitants. La gestion matérielle et l’entretien de l’église sont le fait de la ‘fabrique’ composée de laïcs et du curé. La fabrique est responsable de l’entretien de l’église, des achats nécessaires au déroulement du culte et des travaux à envisager. Elle établit le budget de la paroisse et s’occupe des comptes. Elle gère les fonds et les revenus de l’église. Elle décide des dépenses nécessaires. Les membres de la fabrique sont élus par les paroissiens parmi les plus instruits du village, ils doivent savoir lire et écrire[7]. Ils sont appelés marguilliers. Ils jouent de nombreux rôles au sein du quotidien de l’église, tour à tour sonneur, bedeau ou sacristain.

 

La paroisse de Meyzieu est rattachée au diocèse de Lyon. L’église de Meyzieu est sous la double autorité de l’évêque de Lyon et de l’abbaye d’Ainay. Cette tutelle d’Ainay est attestée dès le XIIème siècle[8]. C’est le chapitre d’Ainay qui nomme le curé de Meyzieu. L’abbaye d’Ainay perçoit la dîme que doivent tous les roturiers de Meyzieu. La somme perçue est partagée entre l’abbaye et le curé de Meyzieu. Tout au long des XVIème et XVIIème siècles, nombreux ont été les procès menés à l’instigation des abbés d’Ainay, soit contre le curé de Meyzieu, soit contre les villageois. La très grande majorité de ces procès ont été gagnés par les abbés d’Ainay[9].  Paul Chartron[10] précise que la dîme a été fixée en 1264 de la manière suivante : les 2/3 des grains et la 1/2 du vin pour l’abbaye d’Ainay et le reste pour le curé de Meyzieu.

 

Paul Chartron[11] nous apprend que l’église de Meyzieu est dédiée à l’apôtre Saint André et à Saint Maxime en 1077. L’église est située à flanc de coteau, son entrée principale est au sud. De petite taille, elle comprend une nef voutée avec des colonnes monolithiques et deux bas-côtés. Son abside est en cul de four. Le clocher se situe sur la façade est.

 

Une visite épiscopale a lieu le 14 juin 1613[12]. Elle montre que l’église est en mauvais état, que les saints instruments du culte laissent à désirer, que le cimetière est ouvert de toutes parts et sert de pâture au bétail. Sur le côté droit de l’église, il est précisé la présence d’une chapelle appartenant au seigneur de Meyzieu. Celle-ci est dans un état déplorable : elle est dépavée et les vitres sont cassées. Les inspecteurs regrettent l’absence d’un crucifix. De plus le curé est dans l’incapacité de montrer les registres des baptêmes, mariages et enterrements. La maison curiale est dans un état déplorable. Le rapport de cette visite pastorale de 1613 est écrit dans la maison forte de Rambion qui appartient à cette époque-là à la famille de Vincent de Panette. Les autres visites pastorales du XVIIème vont dans le même sens. Le clocher, en particulier, menace ruine.

 

C’est en 1153 que le Pape Eugène III confirme que Meyzieu deviendra le centre de l’archiprêtré avec cinq églises sous sa dépendance (Saint Bonnet en Velin, Saint Laurent en Velin, Ponlieu, Grenay et Arcieu)[13].

 


 

La communauté

 Sous l’ancien régime, le village est caractérisé par la communauté qui le compose. Cette communauté correspond à trois définitions selon Antoine Follain[14]. Il s’agit d’abord d’un lieu qui est le village, puis d’un territoire constitué par le finage et enfin des femmes et des hommes qui l’habitent. La communauté est tout à la fois plurielle et complexe. Plurielle, car il existe une hiérarchie sociale qui se caractérise par le degré de richesse, par le fait d’être ou non propriétaire et par le fait de savoir écrire et lire, ce qui peut se vérifier par les signatures ou leur absence sur les différents actes touchant la communauté et plus particulièrement les registres paroissiaux. Certains habitants de Meyzieu sont dénommés dans le parcellaire ‘honnête’ homme, ‘sieur’ ou ‘damoiselle’ pour certaines femmes, ces expressions témoignent que ces personnes appartiennent au sommet de la hiérarchie sociale. Complexe, car avec le parcellaire et les registres de la taille nous ne possédons pas tous les éléments qui nous permettraient de connaître la réalité de cette communauté. Les registres paroissiaux signalent que certains habitants sont ‘travailleurs’, nous pouvons supposer qu’ils travaillent la terre mais il nous est impossible en l’état de déterminer leur statut exact : ouvriers agricoles ou journaliers. Les notables de la communauté sont notaire royal, huissier royal, avocat, châtelain du seigneur, les maîtres-artisans aisés, les marchands, le curé et les paysans qui ont le plus de terres. Alexis de Tocqueville décrit ainsi la communauté dans L’Ancien Régime et la Révolution : « la communauté villageoise était non seulement identité des destins, alliance des sangs, fraternité des fins de sillons ou de veillée d’étables, solidarité devant les fléaux et les nécessaires progrès, mais aussi communauté d’organisation matérielle, communauté de vie spirituelle, communauté d’administration locale ».

               

Ces trois aspects de la vie communautaire des campagnes se retrouvent partout. La communauté rurale est un groupe d’hommes et de familles vivant sur un territoire aux limites définies. Les habitants vivent en autarcie et produisent des cultures vivrières qui assurent leur subsistance. Ainsi la communauté est tout à la fois : une unité agraire, une paroisse, une unité fiscale et la plupart du temps une seigneurie. Elle est aussi une instance démocratique. Elle se réunit régulièrement en assemblée le dimanche matin à la sortie de la messe dominicale sur la place publique. Tous les habitants peuvent être présents, hormis les femmes. Dans la pratique, ce sont les plus riches qui y participent. Les propriétaires qui ne résident pas à Meyzieu sont représentés par le syndic des forains qu’ils ont élu. Cette assemblée élabore les règles de vie commune et est la garante des droits et servitudes de la communauté dont le droit de vaine pâture et le respect des règles culturales[15]. La communauté est avant tout une communauté de travail où des paysans se rassemblent pour exploiter la terre. L’exploitation du finage commun donne petit à petit une identité commune à l’ensemble. En 1701, elle est aussi une base fiscale en ce qui concerne les divers impôts.

 

 

 



[1] Jeanne Monnier, La Dent, site gallo-romain, 1990

[2] Daniel Frascone, Luc Staniaszek, Meyzieu-Décines : le Trillet, habitat et nécropole, 1992

[3] Henri Caburet, Pages d’Histoire des Communes, 1983

[4] Guy Allard, Dictionnaire du Dauphiné, 1864

[5] André Pelletier, Grande Encyclopédie de Lyon et des Communes du Rhône, 1981

[6] Lucien Fèvre, Le problème de l’incroyance au XVIème siècle, 1944

[7] Guy Cabourdin, Georges Viard, Lexique historique de la France d’Ancien Régime, Armand Colin, 2012(troisième édition)

[8] Marc du Pouget, conservateur aux archives du Rhône, Le droit de patronage et de perception de la dime de l’abbaye d’Aisnay sur la paroisse de Meyzieu, 1987

[9] Archives départementales du Rhône et de la Métropole : 11G21, 11G156, 11G 174 à 179, 11 G 517 et 11 G 857

[10] Paul Chartron, notes historiques et généalogiques, Archives départementales du Rhône et de la métropole de Lyon : 23 J 5-6

[11] Paul Chartron, notes historiques et généalogiques, Archives départementales du Rhône et de la métropole de Lyon : 23 J 5-6

[12] Ibidem 29

[13] Henri Charlin, Autour du Plastre de Mures

[14] Antoine Follain, Le village sous l’ancien Régime, Fayard, 2008

[15] Guy Cabourdin, Georges Viard, Lexique historique de la France d’Ancien Régime, Armand Colin, 2012 (troisième édition)

 

Une propriété virtuelle


La notion de propriété avant la Révolution Française ne correspond pas à celle d’aujourd’hui. Les tenanciers d’une parcelle ne possèdent aucun titre de propriété. En théorie, la terre qu’ils exploitent, souvent depuis plusieurs générations, ne leur appartient pas : elle demeure propriété du seigneur. Mais le fait d’en exercer la jouissance leur en confère virtuellement la propriété. Ainsi la propriété n’est jamais absolue et les paysans s’en accommodent. Comme l’écrit Gérard Béaur[1] « il n’y a que des droits exercés sur la terre par des personnes ou des institutions ». Philippe Goudard précise : « à cause d’eux (les droits féodaux), les particuliers en France ne sont que les fermiers de leurs propres biens, ce qui jette partout le découragement ». Nous sommes loin du droit romain de propriété qui est un concept bien défini : la propriété est un droit absolu, exclusif et perpétuel. En droit romain, les biens constituent un patrimoine global[2]. Dans le cadre d’un autre travail de recherche, il sera intéressant de s’interroger sur la transmission des biens à Meyzieu au XVIIème et XVIIIème siècle : comment ceux-ci se transmettent-ils ? Le bien ne revient-il qu’aux garçons ? Les filles en sont-elles exclues ? L’ainé est-il le seul bénéficiaire ? Les parents ont-ils testé ? Et si oui, ont-ils choisi l’égalité entre leurs enfants ou bien ont-ils privilégié certains d’entre eux ? Assiste-t-on à des ventes entre fratries ? Y-a-t-il des testaments ?

 

 

Les femmes et le droit de propriété

 

Il faut aussi s’interroger sur le rôle des femmes dans cette société d’Ancien Régime. Une fille, en milieu rural, est destinée à se marier et à procréer. En quittant sa famille, elle apporte à son mari une dot. Si elle possède un bien, elle ne peut le gérer, c’est le mari qui en a la gestion. La dot est un apport que le mari doit éventuellement faire fructifier, mais avec l’accord de son épouse. S’il s’agit d’une terre, il ne peut ni l’aliéner, ni la vendre. Si le mari meurt avant son épouse, la dot revient à celle-ci. Que se passe-t-il pour les biens du mari ? Si par un testament le mari lui en a donné l’usufruit, elle pourra en jouir. Elle peut aussi être une des bénéficiaires d’une succession, mais il est possible que rien ne lui revienne. La femme a un statut de mineure perpétuelle au regard du droit, même si elle est considérée comme majeure à l’âge de 25 ans. Elle a perdu de l’autonomie qu’elle possédait au Moyen-Age, elle est très dépendante de son mari qui a toute autorité sur elle. Mais si elle n’est pas jugée apte à gérer ses propres biens, ils restent néanmoins sa propriété, ce qui peut s’avérer utile lors du veuvage. Le rôle essentiel de la femme est familial et domestique. Elle a la responsabilité de l’éducation des enfants.

 

 

 Les tendances nouvelles

 

A l’occasion de recherches futures, il serait intéressant de déterminer s’il existe des différences de droit entre les propriétaires. Que distingue-t-on ? Des propriétaires, des fieffataires (un fieffataire paye une rente perpétuelle au propriétaire duquel il tient cette terre), des fermiers, des métayers ? De quels baux s’agit-il ? A rente ou à cens ? Enfin les ventes sont-elles importantes ? Qui achète des terres ? Pourquoi achète-t-on des terres ? Qu’achète-t-on précisément ? Qu’est-ce- qui s’impose ? La logique lignagère ou la logique économique ? Pour répondre à l’ensemble de ces questions, les sources sont le parcellaire de 1701, les données de 1715 contenues dans le parcellaire réduit de 1701, le courcier de 1755, les registres de la taille des XVIIe et XVIIIe siècle, les archives notariales avec les éventuels contrats de mariage et testaments.

 

L’étude du parcellaire de 1701 permet de constater qu’une majorité de propriétaires ne possèdent qu’une infime superficie et il est évident que cette micro exploitation ne leur permet pas de subvenir aux besoins de leur famille. Comme d’autre part, les propriétaires possédant une quantité de terres plus substantielle ne travaillent pas la terre de leurs mains, soit ils la louent moyennant une rente, soit ils utilisent une main d’œuvre locale dont le statut est soit celui d’ouvrier agricole, soit celui de journalier.

 

Aux XVIIe et XVIIIe siècle en France beaucoup de paysans sont dépourvus de tout bien et vivent seulement de leur travail salarié[3]. Jérôme Luther Viret[4] précise qu’« il semble avérer qu’un nombre significatif d’ouvriers agricoles deviennent vers 40 ans des laboureurs moyens ». A cette époque-là la société rurale est stable. Certains sont tout à la fois artisans ou commerçants et paysans. Au XVIIe siècle, la propriété paysanne a globalement tendance à augmenter, mais c’est la bourgeoisie qui détient la majorité des terres. Avec les différents recoupements faits en utilisant diverses sources dont les documents cités précédemment et les registres paroissiaux, nous essayerons de déterminer la part sur Meyzieu entre la noblesse, le clergé, la bourgeoisie et les paysans. Nous tenterons aussi de mettre en évidence le pourcentage de propriétaires ne résidant pas à Meyzieu.

 

 

 




[1] Gérard Béaur, Histoire agraire de la France au XVIIIe siècle, SEDES, 2000

[2] Pierre Goubert, Daniel Roche, Les Français et l’Ancien Régime : culture et société, tome 2, Armand Colin, 1984

[3] Pierre Goubert, Daniel Roche, Les Français et l’Ancien Régime : culture et société, tome 2, Armand Colin, 1984

[4] Jérôme Luther Viret, maître de conférences en Histoire Moderne à l’Université de Caen, Le sol et le sang, la famille et la reproduction sociale en France du Moyen Age au XIXe siècle, CNRS Éditions, 2014 et Enquêtes rurales : société, pouvoirs et politique dans les campagnes, 2007

 

L’environnement économique

Une économie rurale            

 

A partir des indications fournies par le parcellaire, il est possible d’affirmer que les cultures sont plus importantes que l’élevage. Mais le village de Meyzieu est privilégié par rapport à certaines paroisses voisines, comme par exemple celle de Chassieu où les habitants se plaignent de ne point posséder de pâturages et envient les habitants de Meyzieu.

 

Les terres dominent et occupent plus des 2/3 du finage selon le parcellaire, mais plus si on prend en compte les différentes combinaisons où les terres sont associées à un autre élément. Dans ces conditions, il n’est pas faux d’affirmer qu’elles occupent plus des 3/4 du finage. Le parcellaire parle de ‘terres’, il faut entendre par ce terme ‘champs cultivés’ car les espaces non mis en culture sont indiqués sous le terme de ‘vacants’. Quant aux terres non cultivables, elles sont nommées ‘hermes’. Prés et pâturages, appelés ‘paquerages’ atteignent 6,5 % du finage. La différence entre prés et pâturages vient de leur utilisation : l’herbe est récoltée dans les prés, c’est le foin qui sert de litière et de nourriture au bétail, les pâturages sont directement exploités par le bétail qui va paître sur ces espaces. Les vignes sont présentes en différents lieux du finage. Les parcelles en vignes sont la plupart du temps de très petite taille. Elles dépassent à peine 2 % du finage.

 

Les bois ne sont pas absents, même si avec les défrichements opérés depuis le XIIIème siècle, ils ont considérablement diminué. Il faut se rappeler que François de Tardes, seigneur de Meyzieu, s’est ruiné en accueillant sur ses terres le roi François 1er qui venait chasser dans les forêts giboyeuses de Meyzieu. La présence des forêts au Moyen-Age explique les noms des lieux-dits comme la Combe au Loup et les Louvatières. Les loups étaient nombreux dans ces forêts. Les bois de Meyzieu en 1701 n’ont plus rien à voir avec les forêts d’antan. Ce sont de petits espaces et ces bois sont souvent entremêlés de broussailles et de bruyères. Ils occupent moins de 4,6 % du finage.

 

Certaines parcelles sont en jachère et le parcellaire ne précise pas s’il s’agit d’un phénomène temporaire ou si ces terres sont définitivement abandonnées. Par contre, les hermes occupent environ 3 % du finage. Les sols en hermes sont des sols pauvres sur lesquels il est difficile de faire pousser quoi que ce soit. Par la présence du Rhône, une partie du finage est constitué de gravières et de landes, un peu moins de 10 % de la superficie totale. Les gravières se localisent essentiellement sur le mas 19, aux prairies du Dérippe, sur les communaux de Malbois et de la Verchandière. La Verchandière est écrite au XIVème siècle Vercherandere, Paul Chartron émet l’hypothèse que le mot verchère dérive de ce lieu-dit qui devait être planté à cette époque d’arbres fruitiers. Contrairement à d’autres paroisses du Velin, comme par exemple Saint Priest, Meyzieu compte très peu de mûriers[1]. Ils occupent 2 hectares et cela peut correspondre à iun nombre de mûriers entre 1000 et 2000. Le parcellaire précise la présence de prés saulés et de saulées qui occupent plus de 4 % du finage. Il s’agit de plantations de saules. Ces saulées expliquent le nom du lieu-dit Saugey qui dérive du mot saule.

Mais Meyzieu, de par sa situation géographique sur le grand chemin menant de Lyon à Crémieu, est bien placé pour développer le commerce. Suite aux demandes du seigneur de Meyzieu, le roi Louis XIII, par lettres patentes, autorise en 1624 l’ouverture de trois foires. Elles auront lieu le mardi de la Pentecôte, le 21 septembre à la Saint Mathieu et le 30 novembre à la Saint André. L’existence de ces foires montre que dès le XVIIème siècle, Meyzieu cesse d’être uniquement un petit bourg rural aux seules activités agricoles. Pour obtenir l’implantation de ces foires, le seigneur de Meyzieu avait écrit : « Mezieux est un beau et grand village situé en très bon et fertile pays et composé d’habitants riches et commodes qui s’adonnent au commerce et trafic de marchandises et bétail ». Pendant les foires, les marchands doivent payer une taxe.

 

 

Quelles activités agricoles à Meyzieu en 1701 ?    

 

        

 

 

     carte des activités agricoles

 

Le recensement agricole de 1837[2] nous montre une occupation des sols à peu près identique à celle de 1701 en superficie. Il est envisageable de penser que les cultures exploitées en 1837 l’étaient aussi en 1701. Les deux céréales qui dominent sont le froment et le seigle (33 % des superficies ensemencées chacun). Les autres cultures sont l’orge et l’avoine (5 % chacun), le sarrasin, les pommes de terre (2,5 %) et le millet (0,5 %). Le chanvre occuperait 2 % des superficies mises en culture. La vigne occupe en 1837 quasiment la même superficie qu’en 1701. A cette époque-là, quand on parle de blé (‘bled’), il s’agit en fait du froment ou de blés noirs. Dans un document de 1685[3], il est précisé les cultures récoltées : le froment, le seigle, l’orge, l’avoine, le blé noir, le millet et le chanvre.

 

Le parcellaire nous indique la présence de mûriers sur deux parcelles situées au nord-est de la paroisse à la limite avec Jonage sur le mas 8 au lieu-dit Sur les Balmes. Ces plantations s’étendent sur une superficie de 2 hectares. Sur un site internet[4], il est précisé que Sully favorisa la plantation de 10 000 mûriers. Malencontreusement, ce site ne donne pas ses sources et commet une erreur de date en datant cette plantation en 1646, ce qui ne peut pas correspondre à Sully qui est mort en 1641 et qui cessa d’être ministre après l’assassinat d’Henri IV en 1610. Par contre dans ses archives, Paul Chartron donne la même indication, même date et même nombre de mûriers plantés, mais il précise que cette plantation fut réalisée à l’initiative de Guillaume de Arod qui avait obtenu ces plants par l’intermédiaire de Sully, avant la mort de ce dernier. Dans son ouvrage Autour du Château de Meyzieu, Henri Charlin parle de cette plantation dans les mêmes termes que Paul Chartron mais il précise que cette plantation  a été faite à l’est du centre du village, en un lieu-dit appelé depuis lors les Plantées. Henri Charlin ne cite pas la source qui lui permet de donner cette information. Une chose est sûre, si les 10000 mûriers ont été plantés en cde lieu, ils ont tous disparu en 1701, puisqu’ils ne sont pas cités en ce lieu dans le parcellaire. Maintenant, il est possible que l’appellation bois ou broussailles puissent intégrer des mûriers. Paul Chartron précise qu’il s’agit de mûriers blancs, morus alba, qui sont les plus prolifiques et les plus appréciés des vers à soie. Il est certain que dès le début du XVIIème siècle, les plantations de mûriers se développent sur le Velin suite au développement de l’industrie de la soie à Lyon.

 

La lecture du livre de raison de la Grange Tupin[5] daté de 1793 confirme  que le froment et le seigle sont présents sur le finage de Meyzieu. La présence de froment est également confirmé par le lieu-dit ‘les Fromentaux’ qui signifie lieu où est cultivé du froment. Il nous apprend aussi que le chanvre est cultivé. Ceci n’est pas surprenant, car le lieu-dit ‘chenevière’ tire son appellation de la culture du chanvre. Il confirme la présence de vignes. Il existe au sud du finage de Meyzieu un lieu-dit appelé « Vignasse ». La production de vin est à usage personnel, si le vin du Trillet est dit bon, il doit cependant s’agir de vins de médiocre qualité gustative. Le livre de raison cite aussi des récoltes de noix, ce qui peut laisser penser que le finage de Meyzieu possède des noyers.

Par contre prés et pâturages occupent une plus grande superficie en 1837. Quant aux bois, leur superficie est quasi identique. Parmi les bois, le parcellaire note le bois du Château sur le mas 1, le bois des Panettes sur le mas 4 (situé à l’emplacement actuel de l’Espace Jean Poperen et de la grande surface Carrefour market), un bois sur le lieu-dit Velin Marrel sur le terroir Vers Velin Collier sur le mas 8, le bois de Platacul sur le mas 19, des bois aux prairies du Dérippe sur le mas 19, le Bois Clos sur le terroir de la Mollie (mas 19), le bois de Malbois (mas 19), le bois de Lalivoz (écrit aussi Lalive ou la Live) (mas 19), le bois de Peyssilieu (mas 23), le bois de Saint Eynard (mas 26), un bois au Golet (mas 26), un bois au lieu-dit le Lac (mas 26).

 

En ce qui concerne l’élevage, il est difficile d’être affirmatif en l’absence d’indications précises, excepté en ce qui concerne l’article 570 sur le mas 19. Il est en effet précisé que sur ces communaux, les terres incultes et les friches servent de « paquerage aux moutons ». La présence des communaux et des prés et pâturages nous laissent penser que les paysans possèdent des têtes de bétail sans être capable d’en préciser avec certitude le nombre et les variétés. Dans un document où le seigneur de Meyzieu, à la fin du XVIIème, met en fermage un domaine sur Chassieu, il est relaté la composition du bétail mis à la disposition du fermier. Le bétail se compose de 3 bœufs, 2 vaches, 1 veau d’un an 1/2, 2 juments, 1 poulaine et 10 poulets. Il est sûr que l’élevage bovin existe et en 1701, il doit être beaucoup moins important qu’en 1837. Cette année-là, il est recensé 587 bovins. Il est probable qu’en 1701, il ne dépasse pas la centaine. Le lieu-dit la Côte Chevrière peut laisser penser que des chèvres y paissaient. Mais est-ce encore le cas en 1701 ? Moutons, chevaux, ânes et porcs devaient compléter l’élevage sur Meyzieu. Les ovins et les caprins sont moins présents que les bovins. Les équidés sont également élevés sur le site de Meyzieu. Les volailles sont faiblement représentées. Si l’élevage bovin domine, c’est plus pour la force de travail que représentent ces animaux que pour leur viande. Il en est de même pour les chevaux.

 

Elisabeth Faure-Bourchalat qui a étudié le site archéologique de la Chapelle affirme qu’au Xe et XIe siècle dominaient les espaces cultivés : champs et prairies humides, le tout « cernés par des taillis colonisés par des essences sauvages, l’aulne ou le noisetier »[6]. De même, elle explique qu’au Moyen-Age se retrouve à Meyzieu la triade : bœuf, porc, mouton/chèvre.

 

Il est important d’avoir à l’esprit que le bétail joue un rôle fondamental car il assure « le trait et le fumier » tout en diversifiant les revenus[7]. Comme l’écrit Jean-Marc Moriceau, il est aussi « un  marqueur social ». Enfin l’élevage  influence les paysages agraires. Le rôle de l’élevage est primordial dans l’utilisation des communaux, des landes, des hermes et des terres vacantes. Il explique aussi que quel que soit le lieu,  « le coût de l’attelage de base (animaux de trait et principaux véhicules roulants de l’arrière-train) dépasse une année de travail d’un simple journalier agricole ». Le bétail est sujet à de nombreuses épidémies comme la peste bovine en 1714 par exemple. Les bêtes sont de petite taille et chétives. Un autre type d’élevage est attesté dans le parcellaire : celui des pigeons puisqu’il est fait état de la présence de quatre pigeonniers (sur les mas 1, 7, 23 et 25).

 

 

Un finage dominé par la micro-propriété


Le tableau suivant, donnant le nombre et le pourcentage des exploitations selon leur superficie, nous fournit de précieuses indications :

Tableau : taille des exploitations

 

 

 

Exploitations 

<  à 1 ha

Exploitations      entre   

1 et 5 ha

Exploitations    entre

5 et 20 ha

Exploitations

entre   

20 et 50 ha  

Exploitations

>  à 50 ha

 

 

     


86 97 55 4 4 Nombre


35 % 40 % 22 % 2 % 2 % %

 

 

 

 

Pour affiner l’analyse, nous pouvons préciser que les exploitations comprises entre 1 et 2 ha représentent 17,5 % des exploitations de Meyzieu, celles comprises entre 2 et 10 ha 26 % et celles comprises entre 10 et 20 ha 8,5 %.

 

Les exploitations supérieures à 50 ha représentent 1215, 1617 ha, soit 58 % de la superficie globale. Il est aisé de constater qu’une très faible minorité possède plus de la moitié des terres, donc qu’il existe une très forte concentration de terres entre les mains de quatre propriétaires. Mais il est nécessaire de nuancer car dans les exploitations > à 50 ha figurent les communaux qui sont la propriété de la communauté. Si les communaux sont mis de côté, trois propriétaires disposent d’une exploitation dépassant 50 ha ce qui correspond à 963, 3772 ha, soit 46 % de la superficie de Meyzieu.

 

L’analyse détaillée par parcelles montre donc à l’évidence que ce sont les micros propriétés qui dominent, les 3/4 des exploitations sont inférieures à 5 ha. Cependant, le parcellaire dénombre plusieurs domaines :

 

  Le château, mas 1 articles 4, 5, 6 et 38 qui appartient à la Marquise de Pusignan

  Le domaine de Turry, mas 1 article 6, qui correspond à une exploitation agricole. Le parcellaire parle d’une maison-grange qui est la propriété de la Marquise de Pusignan

  Le domaine de Teitard, mas 1 article 34 qui comprend une maison et une grange qui appartient à Paul de Cohade

  Le domaine de Grange Blanche, mas 2 article 39, situé sur le lieu-dit Leyraut qui appartient à la Marquise de Pusignan

  Le moulin de Platacul, mas 19 article 571 qui est la propriété de Paul de Cohade

  Le domaine de Rambion, mas 25 article 829, appelé « maison forte de Rambion » qui appartient à Paul de Cohade

 

Nous constatons que la Marquise de Pusignan, seigneur de Meyzieu, et Paul de Cohade se partagent à égalité les 6 domaines.

 

Les gravières se localisent essentiellement sur le mas 19, aux prairies du Dérippe, sur les communaux de Malbois et de la Verchandière. 

 

L’eau joue également un rôle important en particulier à proximité du Rhône. Elle se situe essentiellement sur le mas 19. Le parcellaire dénombre ainsi :

 

  Le Gué d’Herbens ou brassière de l’Herbens constitué par un bras du Rhône séparé du terroir de Malbois par un fossé

  Les Eaux du Platacul

  Les Eaux de la Pérella ou de la Dent

  L’Eau de Cheissin qui arrive au moulin par un fossé qui part du ‘paquerage’ sauvage appelé Bouchat sur le terroir de Malbois

  Les Relaisses du Rhône

  Mare de Platacul

  Le Rhône

  Marais des Hermes ou du Cleisel sur le terroir de Malbois

  Mare et eau de la Sourdière sur le terroir de Malbois

  Vieille mare d’eau de Cheissin sur le terroir du Cleizel

  La Fontaine de Bardieu (mas 26)

 

 

La conjoncture économique

 

Périodes de croissance économique et crises s’alternent sous l’Ancien Régime. Le début du XVIIe siècle a été difficile pour les campagnes qui ont subi les conséquences des guerres de religion, puis de la Fronde. A partir des années 1660, la situation s’améliore et la population augmente. Mais à cette époque-là, la crise peut survenir à tout moment à cause de conditions météorologiques défavorables comme le gel tardif, des pluies incessantes ou la sécheresse. Le dérèglement climatique entraîne de mauvaises récoltes. Si les mauvaises conditions persistent sur plusieurs années, on passe d’une situation de disette à une situation de famine : la mortalité augmente, les mariages diminuent ainsi que les naissances. Une grave crise touche les campagnes en 1693-1694, puis en 1709-1710.

 

La période 1695 à 1708 est assez favorable d’un point de vue économique. Il s’agit d’une phase de croissance économique sans crise majeure. Au cours de cette période, les récoltes sont assez régulières et permettent aux masses paysannes de mieux vivre qu’en période de crises. L’année 1700 connaît de très favorables conditions climatiques qui permettent d’excellentes récoltes.

 

Un document confirme cela. Paul Chartron[8] cite un document, issu des archives notariales de Genas (archives de Guillaume Bouard, notaire royal à Genas), dans lequel il est précisé les sommes prises sur la dime pour aider les pauvres : « 1697, 25 bichets de seigle, 1698, 24 bichets de seigle, 1699, 27 bichets de seigle, 1700, 32,5 bichets de seigle et 1701, 25,5 bichets de seigle ». S’il est possible de supposer que cette part revenant aux pauvres est proportionnelle à la somme recueillie pour la dime, cela permet de constater une certaine stabilité dans les récoltes avec un pic pour 1700. Le XVIIe siècle s’achève en apothéose !

 

 

Les aléas climatiques

 

L’année 1701 se situe dans une période climatique appelée « le petit âge glaciaire » car cette période se caractérise par une prédominance de la fraîcheur, voire du froid. Le spécialiste de la climatologie historique, Emmanuel Le Roy Ladurie, a parfaitement décrit et expliqué les évolutions du climat du Moyen-Age à nos jours[9]. Il détermine ainsi une série de fluctuations successives. Pour bien saisir ce que pouvait être la vie à Meyzieu en 1701, il me semble intéressant de voir les conditions de vie avant et après cette date. Au cours d’une période s’étendant de 1602 à 1774, il dénombre huit fluctuations climatiques.

 

La première période s’étend de 1602 à 1616. Il s’agit d’une phase favorable qui assure de bonnes productions agricoles. La deuxième fluctuation occupe les années 1617-1634 : le temps est plus frais avec des étés pourris car pluvieux et des hivers froids. Ces conditions climatiques entraînent quelques crises de subsistance. Les années 1625 à 1628 sont les plus difficiles et déclenchent les famines de 1629 et 1630. La troisième période débute en 1635 et s’achève en 1658. Durant ces années, les paysans connaissent d’abord de bonnes conditions avec des étés caniculaires de 1635 à 1639. Les années 1648, 1649 et 1650 connaissent de fortes précipitations qui font pourrir les blés. Dans le même temps, l’hiver 1648-1649 est glacial. De 1650 à 1658, les conditions climatiques sont favorables. L’hiver 1658 se caractérise par de très fortes inondations. La quatrième fluctuation s’étend de 1659 à 1675. Elle commence sous de mauvais auspices avec la dure famine de 1661 due à de fortes pluies d’été. Elle se poursuit plus favorablement jusqu’en 1671 avec des étés chauds et ensoleillés. Par la suite les conditions se dégradent,  des printemps et des étés très frais, voire froid en 1675.

 

La période suivante nous amène à notre parcellaire. Elle s’étend de 1676 à 1701. Elle débute avec des étés chauds et secs. La neige tombe en abondance en 1684, mais elle protège les semis du gel. Le temps change à partir de 1686. Les printemps et les étés sont beaucoup plus frais, les pluies sont abondantes. L’année 1690 est humide, 1691 est humide et froide, 1693 très humide. Pour ne pas arranger la situation, les hivers sont glacés, très neigeux en 1691-1692. Les pluies sont abondantes en 1693. Les récoltes pourrissent sur pied. La famine de 1693 est terrible. Entre 1699 et 1702, les conditions climatiques favorables permettent d’excellentes récoltes. La sixième fluctuation va de 1702 à 1717. Jusqu’en 1708, les étés sont chauds et secs, c’est la canicule. Les sécheresses de 1702 et 1705 furent très sévères. A partir de 1709, les hivers sont très froids, les étés sont frais et très humides. La famine de 1709 a marqué les esprits. Enfin l’hiver 1716 est glacial. La septième période débute en 1718 et s’achève en 1746. Comme les fluctuations précédentes, elle se partage en deux phases. Une phase favorable avec des étés chauds jusqu’en 1739. Puis à partir de 1740, le temps est plus froid avec des hivers rudes et des étés pourris. La huitième fluctuation s’étend de 1747 à 1774, elle ressemble à la précédente avec des conditions favorables jusqu’en 1762 et une situation plus défavorable ensuite. Ces fluctuations climatiques, comme l’explique Emmanuel Le Roy Ladurie, pourrait être dues à une activité volcanique touchant le soleil et que les observateurs de l’époque ont signalé en repérant la présence de tâches ou leurs absences sur le soleil[10].

 

 

Les famines de 1693 et 1709

 

Les mauvaises conditions climatiques liées à un excès de pluie, la rareté du soleil et un froid plus intense provoquent une catastrophe frumentaire en 1693. Les médiocres récoltes des années précédentes se conjuguent avec la quasi absence de récolte en 1693. Les grains manquent : la pénurie est là. Les prix explosent. La misère se développe : ici et là des révoltes éclatent. La mortalité augmente. Dans la paroisse pauvre de Saint Georges à Lyon, la hausse de la mortalité est de près de 58 %. La fécondité se ralentit à cause de la faiblesse physique des femmes.

 

Pour Meyzieu, l’analyse des tables décennales des registres paroissiaux montre un pic de mortalité en 1693 et 1694 avec respectivement 43 et 52 décès, soit une hausse de 72 % entre 1692 et 1693 et de 21 % entre 1993 et 1994. Dans le même temps, la natalité recule de 27 % entre 193 et 1994. Il est indéniable que Meyzieu est fortement touché par la crise frumentaire de 1693.

 

Décrit par Saint Simon[11], le froid de l’hiver 1709 a frappé les esprits par son intensité. Après un été pourri, la fin de l’année 1708 avait été froide et pluvieuse. Il gèle en octobre, puis en novembre et décembre. Le 5 janvier 1709 débute une période ininterrompue de gel qui s’achève le 24 janvier et reprend du 4 au 10 février, du 22 février à la fin du mois et du 10 au 15 mars. Entre le 10 et le 20 janvier les températures atteignent jusqu’à – 20°. Un vent sibérien balaye le pays au cours du mois de février. Les blés sont gelés sur pied. La rareté du pain entraîne la hausse de ses prix. Jameray-Duval, témoin et victime de ce terrible hiver écrit : « ce fléau causa parmi le peuple une affreuse misère. Combien il y eut de malheureux qui assiégés par les neiges et consumés par la faim furent trouvés morts dans leurs tristes chaumières »[12].

 

Saint Simon expliquent que « les arbres fruitiers périrent » et qu’« il ne resta plus ni noyers, ni oliviers, ni pommiers, ni vignes ». Il ajoute : « tous les arbres moururent, les jardins périrent et avec eux tous les grains en terre. La désolation fut générale ». Le curé de Saisy[13] (en Saône et Loire) parle de « vents furieux qui dévastèrent tout ». Le bétail meurt. Les eaux sont gelées, aussi les meuniers ne peuvent plus travailler. Ce froid extrême voit les loups rodés près des villages. Les animaux sont également victimes du froid. Ils se laissent prendre sans résistance tellement ils sont épuisés. La nourriture se fait de plus en plus rare. Elle a pour conséquence un exode de populations à la recherche de lieux plus propices. Elle provoque aussi des maladies et une augmentation de la mortalité. La pauvreté s’accentue et la misère se développe.

Une chronique locale[14] nous décrit cet hiver 1709 : « le 6 janvier dans l'après-midi commença le grand froid quidura jusqu'en mars. Les bourrasques de neige alternèrent avec les froids secs sans que jamais la température s'adoucisse. Tous les arbres fruitiers furent gelés, la moitié de la vigne périt, le froment, le seigle et généralement tous les grains mis en terre à l'automne 1708 furent à peu près anéantis ».

 

Cet épisode catastrophique va être à l’origine d’une surmortalité. Dès janvier 1709, des maladies broncho-pulmonaires dues au froid atteignent les plus faibles et les enfants. La sous-nutrition provoque des épidémies qui sont fatales à beaucoup.

 

Pour Meyzieu, l’analyse des registres paroissiaux montrent une mortalité en forte augmentation entre 1707 et 1708 de 38 % avec 40 décès en 1708 et un pic à 44 décès en 1709 soit une augmentation de 10 % en un an. La mortalité est très importante au cours des deux premiers mois de l’année, au moment de la période de froid la plus intense, avec 19 décès soit 43 % des morts de l’année. En parallèle la natalité diminue entre 1708 et 1709 de  24 %. Cette crise se résorbe dès 1710 avec une forte diminution de la mortalité de 45 % et une reprise de la natalité de 37,5 %.

 

 

 

 



[1] Pierre Chico-Sarro, les mûriers de Saint Priest et l’industrie du tissage et de la soie

 

[2] Archives municipales de Meyzieu, série F boite n°449

[3] Paul Chartron, notes historiques et généalogiques, Archives départementales du Rhône et de la métropole de Lyon : 23 J 5-6

[4] Site internet : charleandre.free.fr/Meyzieu.html

[5] Archives municipales de Meyzieu

[6] Elisabeth Faure-Boucharlat, Les habitats ruraux du nord de la région Rhône-Alpes, Bresse, Lyonnais, Dauphiné, du Vème au XIIème siècle

[7] Jean-Marc Moriceau, Histoire et géographie de l’élevage français du Moyen Age à la Révolution, Fayard, 2005

[8] Paul Chartron, notes historiques et généalogiques, Archives départementales du Rhône et de la métropole de Lyon : 23 J 5-6

[9] Emmanuel Le Roy Ladurie, Canicules et froids extrêmes : fluctuations météorologiques de 1600 à nos jours (page 211), Hermann, 2012

 

[10] Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat : canicules et glaciers XIIe-XVIIIème siècles, Fayard, 2004

[11] Louis de Rouvroy, duc de Saint Simon, Mémoires, volume 4

[12] Jean Marie Goulemot, Canicules et froids extrêmes : comment s’éprouvait et se disait le froid extrême au XVIIIème siècle, analyse des témoignages de la mémorisation de l’hiver 1709 (page 59), Hermann, 2012

 

[13] Saisy se situe dans le Morvan à l’est d’Autun, le curé s’appelle Jean Thonnard, Blog du Cercle Généalogique de Saône et Loire (CGSL)

 

[14] Chronique Ollivet, perruquier et historien crémolan, cité dans Evocations, Bulletin mensuel du Groupe d'Etudes Historiques et Géographiques du Bas Dauphiné, année 1945, Bibliothèque Municipale de la Part Dieu, cote 950941

Meyzieu Activites argicoles
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     Des terroirs contrastés

Un lieu-dit est un espace géographique qui porte un nom très ancien rappelant une particularité topographique (le Mont, les Balmes), culturale (Fromentaux, Vignasses), géographique (la Rivière, la Mollie, Letra) ou historique (Bardieu, Bourban, les Tâches, Velin Dombes, Velin Grosjean, Chez le Jean). Un terroir est une étendue de terre présentant une certaine homogénéité physique, originelle ou liée à des techniques culturales (drainage, irrigation, terrasses) apte à fournir certains produits agricoles. Un terroir peut aussi être considéré en fonction de la nature des sols qui le composent[1].

L’étude conjointe du parcellaire de 1701 et du parcellaire réduit permettent de dénombrer 96 lieux-dits. Pour certains d’entre eux, les limites sont floues, voire changeantes d’un parcellaire à l’autre. Il est possible que des lieux-dits portent le même nom, telle le Rambion, mas 19 et 25, mais aussi les Maisons Rouges, mas 1, 2 et 7. Mieux encore, le Marais des Hermes apparaît comme deux lieux-dits distincts à l’intérieur du même mas, le mas 19.

 

 

Les lieux-dits : 

 

 

Valeur des lieux-dits, mas 1 à 7 :

 

 

 

Valeur des lieux-dits, mas 8 à 21 :

 

 

 

Valeur des lieux-dits, mas 22 à 26 :

 

 

 

Lieux-dits et terroirs : 

 


Il arrive également que des terroirs soient précisés pour certaines parcelles. Il en est ainsi pour les lieux-dits suivants :

-          Saugey : parcelle 35                                                          mas 1                    terroir : sous le château

-          Vers le Coin : parcelles 58 à 60                                          mas 2                    terroir : la rue Meunier

-          Les Plantées : parcelles 74 à 76                                        mas 2                    terroir : les Maisons Rouges

-          Les Plantées : parcelle 95                                                    mas 2                    terroir : vers le Coin

-          Terre Gayard : parcelles 103 et 104                                  mas 2                    terroir : vers le Coin

-          Crottay : parcelles 128 à 131                                            mas 3                    terroir : Mespolier

-          Les Tâches : parcelle 140                                                     mas 3                    terroir : Gravina

-          Gravina : parcelles 142 à 149                                              mas 3                    terroir : sous Gravina

-          Les Servizières : parcelles 156, 165 et169                            mas 4                    terroir : chez le Jean

-          Les Servizières : parcelles 187, 190, 192 et 193                    mas 4                    terroir : les Oignons

-          Les Servizières : parcelle 197                                                 mas 4                    terroir : Velin Panet

-          Les Oignons : parcelles 189 et 190                                         mas 4                    terroir : Terrain Chosson

-          Velin Panet : parcelles 199 à 201 et 210                                mas 4                    terroir : Terrain Chosson

-          Les Panettes : parcelle 211                                                   mas 4                    terroir : Velin Panet vers Terrain Chosson

-          Terrain Chosson : parcelle 266                                               mas 5                    terroir : les Bruyères

-          Velin et Viere Bolin : parcelle 249                                  mas 5                    terroir : Terrain Chosson

-          Velin et Viere Bolin : parcelle 254 et 257                              mas 5                    terroir : vers les Bruyères

-          Velin Bolin : parcelles 238, 239, 246 et 247                         mas 5                    terroir : vers Terrain Chosson

-          Velin Bolin : parcelle 258                                                      mas 5                    terroir : vers les Bruyères

-          Les Bruyères : parcelle 270                                             mas 5                    terroir : Bossubas

-          La Jacquière : parcelle 296                                                     mas 7                    terroir : les Gadelles

-          La Jacquière : parcelle 301                                                    mas 7                    terroir : les Maisons Rouges

-          Les Maisons rouges : parcelles 307 à 309                        mas 7                    terroir : les Verchères

-          Velin Grosjean : parcelle 310                                                 mas 7                    terroir : les Verchères

-          Sur le Dérippe : parcelles 337 à 339                              mas 8                    terroir : Velin Marrel

-          Sur le Dérippe : parcelles 345 et 346                                   mas 8                    terroir : les Balmes

-          Velin Marrel : parcelles 360 à 362                                       mas 8                    terroir : Velin Collier

-          Velin Marrel : parcelles 365 à 369                                    mas 8                    terroir : les Balmes

-          Velin Marrel : parcelles 374 à 379                                    mas 8                    terroir : vers Velin Collier

-          Velin Marrel : parcelles 380 et 380B                                    mas 8                    terroir : vers la Croix du Dauphin

-          Sur les Balmes du Dérippe : parcelles 347 à 351                mas 8                    terroir : Velin Marrel

-          Les Balmes de Crottet : parcelles 389 à 390                           mas 8                    terroir : les Balmes

-          Sur les Balmes : parcelles 391 à 395                                 mas 8                    terroir : sur Crottet

-          Velin Cézarges : parcelles 400 à 403                                  mas 9                    terroir : Les Balmes sur la Côte du Dérippe

-          Velin Cézarges : parcelles 404                                              mas 9                    terroir : Fardels

-          Velin Cézarges : parcelles 406 à 413 et 415 à 422          mas 9                    terroir : Cézarges

-          Les Calabres : parcelle 449                                                    mas 11                  terroir : sur la Tour

-          Cerizier Curlet : parcelles 502 à 511                                  mas 16                  terroir : Velin Dombes

-          Velin Dombes : parcelles 518 à 520 et 549 à 553            mas 16                  terroir : Déviou

-          Le Dérippe : parcelles 572 à 585                                          mas 19                  terroir : Prairies du Dérippe

-          La Manche : parcelles 586 et 587                                        mas 19                  terroir : le Brotel

-          La Mollie : parcelle 599                                                     mas 19                  terroir : sous la Dent

-          L’Herbens : parcelles 609 et 610                                          mas 19                  terroir : sous la Dent

-          Rambion : parcelle 611                                                        mas 19                  terroir : sous la Dent

-          Rambion : parcelle 612                                                      mas 19                  terroir : sous la Dent et l’Herbens

-          Rambion : parcelle 613                                                        mas 19                  terroir : sous la Dent, l’Herbens et Mont Joyeux

-          Rambion : parcelle 614                                                        mas 19                  terroir : Mont Joyeux

-          Rambion : parcelle 615                                                         mas 19                  terroir : Fardie

-          Rambion : parcelle 615B                                                    mas 19                  terroir : Marbois

-          Marais des Hermes et Cleisel : parcelle 616                      mas 19                  terroir : Marbois

-          Cleisel : parcelles 624 à 629                                                  mas 19                  terroir : Cheissin

-          La Combe au Loup : parcelle 640                                       mas 20                  terroir : vers le Carreau

-          Les Fromentaux : parcelles 781 à 784 et 790 à 793       mas 24                  terroir : les Combes

-          Les Assis : parcelles 817 et 818                                            mas 25                  terroir : Corbet

-          Les Assis : parcelles 819 à 827                                             mas 25                  terroir : Mazards

-          Rambion : parcelles 828 et 829                                          mas 25                  terroir : Saugey

-          Riondam : parcelles 830 à 832                                            mas 25                  terroir : Saugey

-          Riondam : parcelles 838 et 839                                           mas 25                  terroir : rue des Trux

-          Rue des Trux : parcelles 843 à 846                                       mas 25                  terroir : Chamblanc

-          Villardier : parcelle 847                                                        mas 25                  terroir : Chamblanc

-          Villardier : parcelle 848                                                        mas 25                  terroir : vers Brogneu

-          Côte Chevrière : parcelle 887, 898 et 899                        mas 26                  terroir : sur la Garde

-          Bardieu : parcelle 936                                                         mas 26                  terroir : Bourban

-          Bardieu : parcelle 940                                                          mas 26                  terroir : la Fardelière

-          Bardieu : parcelle 941                                                           mas 26                  terroir : la Fardelière vers le Lac

-          Bardieu : parcelles 944     et 945                                          mas 26                  terroir : derrière Saint Eynard

-          Bardieu : parcelles 1071 à 1074                                          mas 26                  terroir : sous Bardieu

-          Bourban : parcelle 1062                                                        mas 26                  terroir : le Lac

-          Bourban : parcelles 1065 à 1070                                       mas 26                  terroir : la Chapelle

-          La Fardelière : parcelles 942 et 943                                 mas 26                  terroir : Bourban

-          Combe Larousse : parcelles 947 et 948                            mas 26                  terroir : la Fardelière

-          Combe Larousse : parcelles 954 et 957                              mas 26                  terroir : sur la Garde

-          Vignasses : parcelles 991 à 994      et 997 à 1000            mas 26                  terroir : rue des Trux

-          Vignasses : parcelles 1005 à 1016                                          mas 26                  terroir : Louvatières

-          Chamblanc : parcelles 1029, 1030, 1034 et 1037            mas 26                  terroir : le Lac

-          Chamblanc : parcelles 1036                                                mas 26                  terroir : Guichardat


Il est aisé de constater que certains terroirs sont aussi des lieux-dits : les limites sont imprécises et évoluent. Les terroirs dont le nom ne correspond pas à celui d’un lieu-dit sont : sous le château, sous Gravina, Velin Panet vers Terrain Chosson, Bossubas, les Verchères, Velin Marrel, les Balmes, Vers Velin Collier, vers la Croix du Dauphin, sur Crottet, les Balmes sur la Côte du Dérippe, Fardels, Cézarges, sur la Tour, Prairies du Dérippe, sous la Dent, sous la Dent, l’Herbens et Mont Joyeux, sous la Dent et l’Herbens, Mont Joyeux, Fardie, Marbois, Cheissin, vers le Carreau, Corbet, Mazards, vers Brogneu, la Fardelière vers le Lac, derrière Saint Eynard, sous Bardieu, la Chapelle et Guichardat. Soit 30 terroirs qui peuvent s’ajouter aux 96 lieux-dits, c’est-à-dire 126 terroirs pour le village si on assimile les lieux-dits aux terroirs. Le parcellaire ne fait pas la distinction. Nous l’avons faite pour permettre une appréhension plus compréhensible et mieux utilisable pour l’analyse.                                                                                                                                                                                                                                               

 

 Entre le lieu-dit le plus riche et celui qui est le plus pauvre, l’écart est de 201,8 deniers à la sesterée. Le lieu-dit le plus riche est 35 fois plus riche que le plus pauvre. La médiane s’établit à 47,71. Cela signifie qu’il y a un nombre égal de lieu-dit entre 6 et 47,71 deniers à la sesterée qu’entre 47,1 et 207,8. Il est possible d’affirmer en étudiant la valeur des sols à la sesterée que les sols du finage du village de Meyzieu sont relativement pauvres.


Carte des lieux-dits par valeur à la sesterée

 

 


Les huit lieux-dits les plus riches se localisent tous au sud de Meyzieu. Le plus riche est le lieu-dit rue des Trux qui vaut en moyenne plus de 200 deniers à la sesterée. Les Turrilières, les Assiz, Riondam, la rue Meunier et Rambion qui dépassent 150 deniers à la sesterée se situent à proximité de la rue des Trux. Les moins riches se situent au nord et à l’est, ainsi qu’aux limites avec les autres communautés. Les deux lieux-dits les plus pauvres qui ne valent en moyenne que 6 deniers à la sesterée sont Touret sur la Dent et les Relaisses du Rhône. Ce sont sur ces deux lieux-dits que se situent ce que l’on appelle les communaux : terres qui appartiennent collectivement à la communauté. Les communaux sont contestés au XVIIIème siècle par les Physiocrates qui demandent leur suppression. Ils disparaîtront avec la Révolution et au début du XIXème siècle. Pour l’abbé Rozier[2], les communaux « désignent des terres et des pâturages où les habitants ont le droit d’envoyer leurs bestiaux ». Mais la définition donnée par Gérard Béaur[3] est plus appropriée : « les communaux sont des biens qui appartiennent en propre à la communauté villageoise. Ils permettent de ramasser le bois pour le chauffage, d’y trouver des végétaux pour la litière des animaux et aussi d’envoyer les troupeaux pour y paître l’herbe qui y pousse : c’est le droit de vive pâture ». Si ces parcelles sont pauvres, c’est aussi lié à la configuration des lieux : nous sommes sur un espace qui connaît les divagations du Rhône et qui selon les aléas peut être inondé. La communauté villageoise possède plus la jouissance de ces espaces qu’un droit de propriété. Les différents communaux sont les suivants :


-          communaux du Touret sur la Dent appelé aussi communaux de la Dent ou du Touret

-          communaux de la Pérella

-          communaux de Platacul

-          communaux du Ratel

-          communaux du Bois Clos

-         communaux de Malbois et de la Verchandière comprenant les ‘paquerages’ de la Craz, de la Garenne, des Petits Echaux et des Grands Echaux, de la Touche et de la Grande Chaume traversés  par les deux bras du Rhône. Ces terres sont en litige avec la paroisse de Miribel qui en revendique la propriété

-          communaux des Hermes sur le terroir de Marbois (mas 19) au lieu-dit du Marais des Hermes

-          Communaux du Mont Joyeux

-          Communaux du Molard de la Chapelle de Bourban (mas 26)

 

       Sur 68 lieux-dits, l’occupation des sols est dominée par les terres, soit 71 % des 96 lieux-dits. La valeur moyenne à la sesterée évolue entre 12,6 et 207,8 deniers. Parmi ces lieux-dits, 23 ont une valeur moyenne à la sesterée inférieure à 30 deniers. Ils se situent au nord de Meyzieu au-delà du chemin de Pommier à Lyon et à l’est à la limite avec les communautés de Pusignan et de Jonage. Les vignes dominent sur quatre lieux-dits qui sont situés au sud du village pour trois d’entre eux et au centre de celui-ci pour le quatrième. Tous ces lieux-dits se placent au-dessus de la médiane globale. Trois d’entre eux sont riches. Terres et vignes se partagent également sur six lieux-dits. Ils sont situés au sud du village et au sud-ouest. Tous ces lieux-dits se placent au-dessus de la médiane globale. Trois d’entre eux sont riches. Les prés dominent sur neuf lieux-dits. Ils sont plus dispersés sur le finage. Deux se situent au sud, deux au centre et les cinq autres au nord où ils bénéficient de l’humidité liée à la présence du Rhône. Hormis le Marais des Hermes et Cleisel, les huit autres se placent au-dessus de la médiane. Cinq d’entre eux sont riches. Les sept autres lieux-dits ont chacun une activité dominante différente : pâturage pour le Marais des Hermes, pré et pâturage pour la Mollie. Ces deux lieux-dits sont riches. La Combe au Loup vers le Carreau est occupée par trois activités : pré, herme et terre, sa valeur est médiocre. Les Maisons Rouges sur le mas 7 se partagent entre terre et pré. Deux autres lieux-dits sont les plus pauvres du village : les Relaisses du Rhône occupées par des gravières et des landes et Touret sur la Dent par des hermes.

 

1-  Paysages agraires et dessertes


     L’agrogitonie est l’étude des parcelles voisines appelées confronts. Chaque parcelle  possède quatre confronts. Si les quatre confronts possèdent la même activité que la parcelle référente, il s’agit d’homogitonie. Si les quatres confronts ont une activité différente, il y a hétérogitonie. Elle sera de degré 1 si un seul confront est différent, de degré 2 pour deux activités différentes, degré 3 pour trois activités différentes et de degré 4 pour quatre activités différentes. Si deux confronts concernent des voies de communication, il s’agit alors de desserte. L’intérêt d’une étude agrogitonique est de permettre l’analyse scientifique des paysages agraires. Une forte homogitonie caractérisera des paysages d’openfield, alors qu’une forte hétérogitonie déterminera des paysages agraires morcelés.

 

Chaque parcelle possède en règle générale 4 confronts, même si dans la réalité, il peut en posséder plus. Ces confronts s’organisent par rapport aux points cardinaux. Le degré gitonique  ou taux gitonique se calcule selon la formule suivante :

                                                        nombre cas gitoniqe X 100

                                                       ______________________

                                                        nombre de parcelles X 4

 

 Pour déterminer les paysages agraires, il est nécessaire d’analyser tous les cas rencontrés : combien de cas référents ou cas gitoniques d’une part et d’autre part combien de combinaisons rencontre-t-on. Sachant que les combinaisons seront déterminées sans prendre en compte l’orientation cardinale. Ainsi la combinaison «terre au nord, terre à l’ouest, pré au sud et chemin à l’est» est équivalente à la combinaison «pré au nord, chemin à l’ouest, terre au sud et à l’est» puisque dans les deux cas, on a comme confront : un chemin, un pré et deux terres.

 

L’analyse gitonique permet aussi de déterminer le pourcentage de parcelles accessibles par un chemin. Il est en effet intéressant de voir quel pourcentage de parcelles n’ont aucun accès direct et que pour les atteindre, il faut traverser une autre parcelle. L’étude par mas va nous permettre de mieux cerner les caractéristiques  des paysages agraires et de dresser un tableau précis pour l’ensemble de Meyzieu. L’analyse qui suit reprend mas par mas la situation gitonique exacte et il sera possible de déterminer les zones homogènes  et les espaces plus complexes et de donner les explications nécessaires aux situations mises en évidence.

 

 Plus le rapport gitonique se rapproche de zéro, plus les paysages agraires sont homogènes, plus on se rappoche de 1, plus l’hétérogénéité l’emporte. Le taux gitonique mesure la plus ou moins grande complexité du paysage agraire, plus il est faible moins les paysages agraires sont complexes, plus il est fort plus la complexité est grande.

 

Légende agrogitonique :

HO  homogitonie              HE  hétérogitonie                D  desserte       maison, jardin, cour                VE verchère                  terre              LP  landes-pâturages 

pré, pâturage, paquerage            vignes              bois        G garenne            GR  gravière CH  chemin, ruette, place            eau               côte                   &  limite                F   fossé

 

Est considérée  desserte une parcelle ayant au moins 2 confronts avec un chemin.

 

 

 

 

Agrogitonie pour le mas 1


 

 

 Agrogitonie pour le mas 2

 

 

 Agrogitonie pour le mas 3

 

 

 Agrogitonie pour le mas 4

 

 

 Agrogitonie pour le mas 5

 

 

Agrogitonie pour le mas 6

 

 

Agrogitonie pour le mas 7

 

 

Agrogitonie pour le mas 8

 

 

Agrogitonie pour le mas 9

 

 

Agrogitonie pour le mas 10 et 11

 

 

Tauxt gitonique

 

 

Taux et rapport gitoniques

 

 

Agrogitonie pour le mas 12

 

 

Agrogitonie pour le mas 13

 

 

Agrogitonie pour le mas 14


 

Agrogitonie pour le mas 15

 

 

Agrogitonie pour le mas 16

 

 

Agrogitonie pour le mas 17

 

 

Agrogitonie pour le mas 18

 

 

Agrogitonie pour le mas 19

 

 

Agrogitonie pour le mas 20

 

 

Agrogitonie pour le mas 21

 

 

Agrogitonie pour le mas 22

 

 

Agrogitonie pour le mas 23

 

 

Agrogitonie pour le mas 24

 

 

Agrogitonie pour le mas 25

 

 

Agrogitonie pour le mas 26

 

 

 

Tableau récapitulatif : 

 

 

Confronts et nombre de parcelles : 

 

 

 

Pour permettre une analyse plus lisible, j’ai pris le parti de regrouper certaines activités. De plus, afin de favoriser la lecture du document, j’ai opté pour les couleurs suivantes :                                               

 

 

 

Desserte

 

 

HO

 

 

HE1

 

 

HE2

 

 

HE3

 

HE4

 

 

 

 

 

A la suite des documents gitoniques, je les analyserai selon le plan suivant : détermination du nombre de cas gitoniques, calcul du rapport gitonique, détermination du taux gitonique, analyse comparée entre dessertes, homogitonie et hétérogitonies selon les degrés, calcul du pourcentage de présence de chemins, analyse des diverses combinaisons et tout particulièrement de celles qui dominent. Les combinaisons correspondent au contenu des quatre confronts. Elles sont déterminées sans s’occuper de leur orientation (mord, est, sud ou ouest).

 


Les tableaux qui suivent s’ordonnent ainsi :

Parcelle étudiée  confronts

                                               Dominante culturale située au nord                    Dominante culturale située à l’est

 

H

X

        Y       

K      •      Z

       W

                                               Dominante culturale située au sud

Dominante culturale située à l’ouest

 

H : soit D (desserte), HO (homogitonie), HE1 (hétérogitonie de degré 1), HE2 (hétérogitonie de degré 2), HE3 (hétérogitonie de degré 3) ou HE4 (hétérogitonie de degré 4)

X : dominante culturale de la parcelle concernée selon la légende ci-dessus


La dominante culturale peut concerner plusieurs activités agricoles qui sont alors associées selon la légende précédente de la manière suivante : P-T pour pré et terre, M-T-VE-B pour maison, terre, verchère et bois, etc.

 

Agrogitonie pour le mas 1

Nombre de parcelles : 38

Nombre de cas gitoniques : 22

Nombre de combinaisons : 15                                                       

Rapport gitonique : 0,58                                                                  hétérogénéité dominante

Taux gitonique : 9,87 %                                                                  paysages agraires complexes

Taux de présence des chemins : 92,1 %                                       la centralité est fortement marquée

 

Les dessertes représentent 7 combinaisons pour 6 cas gitoniques et 7 parcelles. Il n’existe qu’un seul cas d’homogitonie. En ce lieu central du village, les paysages agraires sont très variés avec 28 parcelles en hétérogitonie soit près de 75 % de celles-ci avec 15 cas gitoniques (68 %).


La combinaison « une terre, deux verchères et un chemin » se retrouve à 13 reprises (34 %), la combinaison « un pré, une terre, une verchère et un chemin » apparaît 4 fois (10,5 %). La combinaison « deux terres, une verchère et un chemin » se retrouve 4 fois (10,5 %). Les 12 autres combinaisons n’apparaissent qu’une seule fois. Trois combinaisons représentent 55 % des parcelles. 35 parcelles contiennent au moins un chemin.

 

Ce mas 1 est très morcelé et présente un paysage agraire complexe.

 

 

 Agrogitonie pour le mas 2

 

               

Nombre de parcelles : 79

Nombre de cas gitoniques : 17

Nombre de combinaisons : 20                                                       

Rapport gitonique : 0,24                                                                  homogénéité dominante

Taux gitonique : 6,33 %                                                                  paysages agraires simples

Taux de présence des chemins : 78,5 %                                       la centralité est encore forte

 

Les dessertes représentent 6 combinaisons pour 4 cas gitoniques et 10 parcelles. Il existe 3 cas d’homogitonie pour 53 parcelles (soit les 2/3 des parcelles) pour 7 combinaisons. L’hétérogitonie représente 16 parcelles et 10 cas gitoniques avec 7 combinaisons. Ce sont les hétérogitonies de degré 1 qui dominent. Une seule parcelle est en hétérogitonie de degré 3.

 

La combinaison « deux prés, une terre et un chemin » apparaît 16 fois (20 %). La combinaison « trois prés et un chemin » se retrouve 8 fois (10 %), la combinaison « deux terres et deux prés ». 4 fois (5 %), comme celle avec « deux terres et deux chemins ». La combinaison « un pré et trois chemins » apparaît 2 fois (2,5 %). La combinaison « trois terres et un chemin » se retrouve 22 fois (28 %) et « deux terres, un pré et un chemin » apparaissent 3 fois (4 %). La combinaison « quatre terres » est présente 12 fois (15 %), ne se retrouvent qu’une seule fois. Enfin 5 combinaisons n’apparaissent qu’une fois. 62 parcelles ont un contact avec un chemin.

 

Ce mas 2 est homogène et présente un paysage agraire peu complexe. Plus on s’éloigne du centre du village, plus les paysages agraires sont homogènes.

Agrogitonie pour le mas 3

 

Nombre de parcelles : 32

Nombre de cas gitoniques : 4

Nombre de combinaisons : 6                                                         

Rapport gitonique : 0,125                                                               très forte homogénéité

Taux gitonique : 4,7 %                                                                     paysages agraires très simples

Taux de présence des chemins : 84,4 %                                       le mas est bien désservi

 

Sur les 4 cas gitoniques, on en compte 2 en desserte soit la moitié des cas. Les dessertes concernent 13 parcelles, soit 41 % des parcelles. Les parcelles en homogitonie sont au nombre de 18, soit 56 % des parcelles. 3 % des parcelles sont en hétérogitonie. L’hétérogitonie est de degré 1. Cinq parcelles n’ont pas de contact avec un chemin

 

La combinaison « deux chemins et deux terres » se retrouve 9 fois (28 %), la combinaison « trois terres et un chemin » est présente 14 fois (44 %). La combinaison «quatre terres» concerne 5 parcelles (16 %).

 

Ce mas 3 est très fortement homogène et présente un paysage agraire d’openfield avec une domination des terres cultivées.

 

 

 

Agrogitonie pour le mas 4

Nombre de parcelles : 70

Nombre de cas gitoniques : 4

Nombre de combinaisons : 5                                                         

Rapport gitonique : 0,05                                                                  extrême homogénéité

Taux gitonique : 1,78 %                                                                  paysages agraires très simples

Taux de présence des chemins : 57 %                                          la ruralité s’impose

 

Les dessertes représentent 3 cas gitoniques (60 % des cas) pour 8 parcelles (11 % des parcelles). Les deux autres cas gitoniques sont en homogitonie.

 

La combinaison « trois terres et un chemin » se rencontre à 31 reprises, soit 46 %. La combinaison «quatre terres» est présente 30 fois, soit 43 %. Trente parcelles n’ont pas de contact avec un chemin.                    

 

Les paysages agraires sur ce mas sont très homogènes et ce sont les champs cultivés qui dominent.

                 

 

 

Agrogitonie pour le mas 5

 

 

Nombre de parcelles : 53

Nombre de cas gitoniques : 2

Nombre de combinaisons : 10                                                       

Rapport gitonique : 0,04                                                                  extrême homogénéité

Taux gitonique : 4,72 %                                                                  paysages agraires très simples

Taux de présence des chemins : 62 %                                          la ruralité s’impose

 

Les dessertes représentent 50 % des cas référents et 10 parcelles (19 % des parcelles) et les autres 50 % sont en homogitonie avec 81 % des parcelles. Comme pour le mas précédent, il n’existe aucun cas hétérogitonique. Ce mas est en limite du village. Vingt parcelles n’ont aucun contact avec un chemin.

 

Ce mas 5 connaît une très forte homogénéité avec des paysages agraires constitués de champs cultivés.

 

 

Agrogitonie pour le mas 6

 

Nombre de parcelles : 24

Nombre de cas gitoniques : 2

Nombre de combinaisons : 6                                                         

Rapport gitonique : 0,08                                                                  extrême homogénéité

Taux gitonique : 6,25 %                                                                  paysages agraires un peu complexes

Taux de présence des chemins : 83 %                                         

 

 

Les dessertes représentent la moitié des cas pour 4 parcelles (17 %) et le reste est en homogitonie. Il n’existe aucun cas hétérogitonique.

 

La combinaison « deux terres, une limite et un chemin » se retrouve 9 fois (37,5 %), la combinaison « trois terres et un chemin » se présente 7 fois (29 %), les combinaisons « deux terres et deux chemins » et « trois terres et une limite » se retrouvent chacune 3 fois (12,5% chacune). Quatre parcelles n’accèdent à aucun chemin.

 

Ce mas 6 possède une forte homogénéité des paysages agraires.


 

Agrogitonie pour le mas 7

 

Nombre de parcelles : 29

Nombre de cas gitoniques : 10

Nombre de combinaisons : 10                                                       

Rapport gitonique : 0,34                                                                  forte homogénéité

Taux gitonique : 8,62 %                                                                  paysages agraires complexes

Taux de présence des chemins : 79,3 %                                      

 

 

Les dessertes sont au nombre de 3 soit 1/3 des cas gitoniques  pour 8 parcelles (28 % des parcelles). Les cas hétérogitoniques sont 6 soit 60 % pour 6 parcelles (20 % des parcelles). Un seul cas homogitonique, mais il comporte le plus de poarcelles, 15 (52 % des parcelles.

 

La combinaison « trois terres et un chemin » apparaît 9 fois (31 %), la combinaison « quatre terres » se retrouve 6 fois (21 %) et la combinaison « deux terres et deux chemins » est présente 5 fois (17 %). Le nombre de parcelles n’ayant aucun contact avec un chemin est de 6.

 

Ce mas 7 est assez homogène, mais l’hétérogitonie est plus accentuée à proximité du centre du village alors que l’homogitonie s’impose plus au nord.

  

 

Agrogitonie pour le mas 8

 


Nombre de parcelles : 76

Nombre de cas gitoniques : 5

Nombre de combinaisons : 14                                                       

Rapport gitonique : 0,06                                                                  extrème homogénéité

Taux gitonique : 4,60 %                                                                  paysages agraires variés

Taux de présence des chemins : 52,6 %                                      


Les dessertes représentent 1 cas gitonique (20 % des cas) avec 9 parcelles soit 12 % des parcelles. Il n’y a qu’un seul cas homogitonique avec 62 parcelles, soit 82 % des parcelles. L’homogitonie domine largement. Les cas hétérogitoniques sont au nombre de 3, tous de degré 1, ils atteignent 60 % des cas gitoniques avec 5 parcelles soit 6 % des parcelles.

 

La combinaison « quatre terres » se retrouve 21 fois (28 %), la combinaison « trois terres et un chemin » apparaît 18 fois (24 %), celle avec « trois terres et une limite » 12 fois (16 %). La combinaison « deux terres, un chemin et une limite » est présente 9 fois (12 %). Les 10 autres combinaisons se partagent les 20 % restants, sachant que 7 n’apparaissent qu’une fois. Trente-six parcelles n’ont pas de contact avec un chemin.

 

Ce mas 8 présente une forte homogénéité, mais avec des paysages agraires complexes et très variés.

 

Agrogitonie pour le mas 9

 

Nombre de parcelles : 28

Nombre de cas gitoniques : 4

Nombre de combinaisons : 7                                                         

Rapport gitonique : 0,14                                                                  très forte homogénéité

Taux gitonique : 6,25 %                                                                  paysages agraires variés

Taux de présence des chemins : 78,5 %                                      

 

 

 

Les dessertes représentent 1 cas gitonique, soit 1/4 des cas avec 3 parcelles (11 %). L’homogitonie compte 1 acs gitonique avec 23 parcelles soit 82 % des parcelles. Il existe 2 cas hétérogitoniques dont 1 de niveau 3 pour 2 parcelles (7 %).

 

La combinaison « trois terres et un chemin » apparaît 15 fois (54 %), la combinaison « quatre terres » se retrouve 6 fois (21 %) et celle avec « deux terres et deux chemins » 3 fois (10,5 %). Le nombre de parcelles n’ayant pas de contact avec un chemin est de 6.

 

Sur ce mas 9 les paysages agraires sont assez homogènes.

 

 

Agrogitonie pour le mas 10

 

 

Nombre de parcelles : 19

Nombre de cas gitoniques : 2

Nombre de combinaisons : 3                                                         

Rapport gitonique : 0,10                                                                  très forte homogénéité

Taux gitonique : 3,95 %                                                                  paysages agraires peu complexes

Taux de présence des chemins : 89,5 %                                      

 

Les dessertes comprennent 5 parcelles (26 %). Le reste se situe en homogitonie avec 14 parcelles (74 %). Il n’y a aucun cas hétérogitonique.

 

La combinaison « trois terres et un chemin » apparaît 12 fois (63 %). Deux parcelles n’ont aucun contact avec des chemins.

 

Sur ce mas 10 les paysages agraires sont uniformes.

 


 

Agrogitonie pour le mas 11

 

Nombre de parcelles : 13

Nombre de cas gitoniques : 2

Nombre de combinaisons : 4                                                         

Rapport gitonique : 0,15                                                                  forte homogénéité

Taux gitonique : 7,69 %                                                                  paysages agraires un peu complexes

Taux de présence des chemins : 84,6 %                                      

 

La moitié des cas sont en desserte avec 4 parcelles et l’autre moitié en homogitonie avec 9 parcelles, soit 69 % des parcelles.

 

La combinaison « trois terres et un chemin » revient 8 fois (61,5 %). La combinaison « deux terres et deux chemins » apparaît 3 fois (23 %). Deux parcelles n’ont pas de contact.

 

Ce mas 11 est accidenté avec des pentes et des dénivellations qui ont des conséquences sur les paysages agrairers. Il existe sur ce petit mas une forte homogénéité unité avec des paysages agraires parfois un peu complexes.

 

 

Agrogitonie pour le mas 12

 

Nombre de parcelles : 1

Nombre de cas gitoniques : 1

Nombre de combinaisons : 1                                                         

Taux de présence des chemins : 100 %                                       

 

Le mas 12 comporte une seule parcelle qui est totalement entourée de chemins. Dans ce cas, rapport gitonique et taux gitonique n’ont pas de sens. Par définition, ce mas est une desserte.

 

 

Agrogitonie pour le mas 13

 

Nombre de parcelles : 5

Nombre de cas gitoniques : 2

Nombre de combinaisons : 3                                                         

Rapport gitonique : 0,40                                                                  assez forte homogénéité

Taux gitonique : 15 %                                                                      paysages agraires complexes du fait des chemins

Taux de présence des chemins : 100 %                                       

 

Les dessertes dominent avec 4 parcelles (80 %). L’autre cas gitonique est en homogitonie pour une parcelle. Toutes les parcelles ont un contact avec un chemin.

Les paysages agraires sont uniformes.

Agrogitonie pour le mas 14

 

 

Nombre de parcelles : 7

Nombre de cas gitoniques : 2

Nombre de combinaisons : 4                                                         

Rapport gitonique : 0,28                                                                  assez forte homogénéité

Taux gitonique : 14,28 %                                                                paysages agraires complexes du fait des chemins

Taux de présence des chemins : 100 %                                       

 

Les dessertes correspondent à 4 parcelles, soit 57 %. Il n’y a pas d’hétérogitonie. Toutes les parcelles ont un contact avec des chemins.

 

La combinaison « 3 terres et 1 chemin » est présente à deux reprises.

 

Les paysages agraires sont homogènes.

 

 

 

Agrogitonie pour le mas 15

 

 

Nombre de parcelles : 26

Nombre de cas gitoniques : 11

Nombre de combinaisons : 15                                                       

Rapport gitonique : 0,42                                                                  faible homogénéité

Taux gitonique : 14,42 %                                                                paysages agraires complexes

Taux de présence des chemins : 88,5 %                                      

 

Les dessertes sont au nombre de 3 soit 25 % des cas gitoniques avec 4 parcelles (15 %). Les cas homogitoniques au nombre de 3 représentent également 25 % des cas avec 9 parcelles (35 %). La moitié des cas concernent des cas hétérogitoniques avec 7 parcelles (27 %). Le nombre de combinaisons est de 15, ce qui est beaucoup pour un mas comportant 26 parcelles dépassant à peine 22 ha.

 

La combinaison « trois terres et un chemin » se retrouve 7 fois (27 % des parcelles). La combinaison « une terre, deux prés et terres et un jardin » apparaît 4 fois (15 % des parcelles). Les combinaisons « deux terres et deux chemins » et « deux terres, un pré-terre et un chemin » apparaissent chacune 2 fois (7,5 % des parcelles chacune). Onze combinaisons ne sont présentes qu’une fois. Le nombre de parcelles n’ayant aucun contact avec des chemins est de 3.

 

Ce mas 15 présente des paysages agraires contrastés. 

Les lieux dits
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LD 2
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LD 1
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LD 3
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Lieux dits et terroirs2
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Lieux dits et terroirs
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Meyzieu Valeur a la sesteree
5,3 Mo
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Agrogitonie pour le mas 2
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Agrogitonie pour le mas 1
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Agrogitonie pour le mas 3
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Agrogitonie pour le mas 4
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Agrogitonie pour le mas 5
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Agrogitonie pour le mas 6
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Agrogitonie pour le mas 7
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Agrogitonie pour le mas 8
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Agrogitonie pour le mas 9
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Agrogitonie pour le mas 10 et 11
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Taux gitonique
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Taux et rapport gitoniques
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Agrogitonie pour le mas 12
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Agrogitonie pour le mas 13
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Agrogitonie pour le mas 14
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Agrogitonie pour le mas 15
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Agrogitonie pour le mas 16
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Agrogitonie pour le mas 17
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Agrogitonie pour le mas 18
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Agrogitonie pour le mas 19
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Agrogitonie pour le mas 20
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Agrogitonie pour le mas 21
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Agrogitonie pour le mas 22
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Agrogitonie pour le mas 23
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Agrogitonie pour le mas 24
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Agrogitonie pour le mas 25
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Agrogitonie pour le mas 26
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Tableau recapitulatif agrogitonie
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Confronts et parcelles
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Agrogitonie (suite)

Agrogitonie pour le mas 16

 

Nombre de parcelles : 55

Nombre de cas gitoniques : 3

Nombre de combinaisons : 4                                                         

Rapport gitonique : 0,05                                                                  extrême homogénéité

Taux gitonique : 1,81 %                                                                  paysages agraires uniformes

Taux de présence des chemins : 69 %                                         

 

Les dessertes représentent 2 cas, soit les 2/3 des cas avec 11 parcelles (20 %). L’autre cas est en homogitonie et concerne 80 % des parcelles.

 

La combinaison « quatre terres » se retrouve 28 fois (la 1/2 des parcelles). La combinaison « trois terres et un chemin » apparaît 17 fois (31 % des parcelles). La combinaison « deux terres et deux chemins » est présente à 8 reprises (15 %). Le nombre de parcelles avec aucun contact avec des chemins est de 17.

 

 

 

Sur le mas 16 les paysages agraires sont homogènes.

 

 

Agrogitonie pour le mas 17

 

Nombre de parcelles : 9

Nombre de cas gitoniques : 7

Nombre de combinaisons : 5                                                         

Rapport gitonique : 0,77                                                                  forte hétérogénéité

Taux gitonique : 13,88 %                                                                paysages agraires complexes

Taux de présence des chemins : 100 %                                       

 

Les dessertes concernent 2 cas gitoniques soit 29 % des cas avec 2 parcelles (22 % des parcelles). Les cas homogitoniques sont au nombre de 2 avec 3 parcelles (33 % des parcelles). IL y a 3 cas hétérogitoniques (43 % des cas) avec 4 parcelles (45 % des parcelles).

 

Quatre des combinaisons n’apparaissent que pour une parcelle, la combinaison « trois terres et un chemin » se retrouve 5 fois (55,5 %). Toutes les parcelles ont un contact avec des chemins.

 

Sur le mas 17 les paysages agraires sont contrastés avec une importante hétérogénéité.

 


 

Agrogitonie pour le mas 18

 

 

Nombre de parcelles : 7

Nombre de cas gitoniques : 2

Nombre de combinaisons : 2                                                         

Rapport gitonique : 0,28                                                                  homogénéité

Taux gitonique : 7,14 %                                                                  paysages agraires faiblement complexes

Taux de présence des chemins : 100 %                                       

 

Les dessertes concernent 5 parcelles (72 % des parcelles). Les autres parcelles sont en hétrogitonie de degré 2.

 

La combinaison « deux terres et deux chemins » concernent 5 parcelles. Toutes les parcelles ont un contact avec des chemins, le taux de présence de chemins est de 100 %.

 

 

Sur le mas 18 les paysages agraires sont contrastés.

 

 

 Agrogitonie pour le mas 19

 

Nombre de parcelles : 68

Nombre de cas gitoniques : 17

Nombre de combinaisons : 24                                                       

Rapport gitonique : 0,25                                                                  faible homogénéité

Taux gitonique : 8,82%                                                                   paysages agraires complexes

Taux de présence des chemins : 37 %                                          zone inondable

Taux de présence de l’eau : 38 %

 

Le mas 19 est le plus vaste mas de Meyzieu. Il est localisé au niveau du Rhône et de ses divagations. Il présente un relief plus accidenté avec des côtes et des fossés. La présence de l’eau marque les paysages.

 

Les dessertes représentent deux cas gitoniques (12 % des cas) pour 3 parcelles (4,5 % des parcelles). Les cas homogitoniques sont au nombre de 3 (18 % des cas) avec 41 parcelles (60 % des parcelles). Les cas hétérogitoniques sont au nombre de 12 avec 25 parcelles, 5 de degré 1 (13 parcelles), 4 de degré 2 (8 parcelles) et 3 de degré 3 (4 parcelles). Quarante-trois parcelles n’ont aucun contact avec des chemins. Vingt-six parcelles ont un contact avec de l’eau.

 

Le mas 19, par son étendue et son contact avec le Rhône et ses divagations, est hétérogène et complexe.

 


Agrogitonie pour le mas 20

 

Nombre de parcelles : 13

Nombre de cas gitoniques : 8

Nombre de combinaisons : 9                                                         

Rapport gitonique : 0,61                                                                  hétérogénéité assez importante

Taux gitonique : 17,31%                                                                 paysages agraires complexes

Taux de présence des chemins : 77 %                                         

 

 

 

Les dessertes représentent 3 cas gitoniques, soit 37,5 % des cas avec 4 parcelles (31 % des parcelles). Les cas homogitoniques sont au nombre de 2 (25 % des cas) avec 3 parcelles (23 % des parcelles). Les cas hétérogitoniques dominent, 3 (37,5 % des cas) avec 6 parcelles (46 % des parcelles).

 

Les combinaisons sont nombreuses par rapport au petit nombre de parcelles. La combinaison la plus représentée l’est trois fois, il s’agit de « deux terres, un pré et un chemin ». Deux combinaisons apparaissent à deux reprises, « trois terres et un chemin » et « trois terres et un pré ». Le nombre de parcelles n’ayant aucun contact avec des chemins est de 3.

 

Les paysages agraires sont contrastés.

 

 

 

Agrogitonie pour le mas 21

 

 

Nombre de parcelles : 3

Nombre de cas gitoniques : 2

Nombre de combinaisons : 3                                                         

Rapport gitonique : 0,66                                                  hétérogénéité assez importante

Taux gitonique : 25 %                                                      paysages agraires complexes liés à la présence des chemins

Taux de présence des chemins : 100 %                                       

 

Les dessertes correspondent à 2 parcelles. Il n’y a pas de cas hétérogitonique.

 

Chaque combinaison correspond à une parcelle. 

 

Les paysages agraires sont homogènes.

 

 

Agrogitonie pour le mas 22

 

 

Nombre de parcelles : 25

Nombre de cas gitoniques : 3

Nombre de combinaisons : 5                                                         

Rapport gitonique : 0,12                                                                  extrême homogénéité

Taux gitonique : 5 %                                                                        paysages agraires assez simple

Taux de présence des chemins : 96 %                                         

 

Les dessertes concernent 2 cas gitoniques (les 2/3 des cas) pour 8 parcelles (32 % des parcelles). Le reste est en homogitonie avec 17 parcelles (68 %).

 

La combinaison « trois terres et un chemin » se retrouve 15 fois (60 % des parcelles). La combinaison « deux terres et deux chemins » apparaît 5 fois (20 %). Une seule parcelle n’a aucun contact avec des chemins.

 

 

Les paysages agraires sont homogènes.

 

 

Agrogitonie pour le mas 23

 

 

Nombre de parcelles : 59

Nombre de cas gitoniques : 16

Nombre de combinaisons : 18                                                       

Rapport gitonique : 0,27                                                                  homogénéité moyenne

Taux gitonique : 7,6 %                                                                     paysages agraires contrastés

Taux de présence des chemins : 66 %                                         

 

Les dessertes représentent 5 cas gitoniques (31 % des cas) avec 10 parcelles (17 % des parcelles). Les cas homogitoniques sont 2 (12,5 % des cas) avec 36 parcelles (61 % des parcelles). Il existe 9 cas hétérogitoniques (53 % des cas) avec 22 % des parcelles. Parmi ces cas hétérogitoniques, 4 sont de degré 1, 2 de degré 2, 2 de degré 3 et 1 de degré 4.

 

Deux combinaisons rassemblent chacune 16 parcelles : « trois terres et un chemin » et « quatre terres ». Vingt parcelles n’ont aucun contact avec des chemins.

 

 

L’homogénéité des paysages agraires est prépondérante, mais ils sont très contrastés.

 

 

Agrogitonie pour le mas 24

 

Nombre de parcelles : 77

Nombre de cas gitoniques : 9

Nombre de combinaisons : 21                                                       

Rapport gitonique : 0,11                                                                  homogénéité

Taux gitonique : 6,7 %                                                                     paysages agraires divers

Taux de présence des chemins : 39,7 %                                      

 

Les dessertes représentent 2 cas gitoniques (22 %) et 2 parcelles (2,5 % des parcelles). Les cas homogitoniques sont au nombre de 3 (33 %) avec 52 parcelles (67 % des parcelles). Les cas hétérogitoniques sont 4 (45 %) avec 30,5 % des parcelles. La vigne est omni présente sur ce mas, elle caractérise les paysages agraires. Elle est présente sur 60 parcelles (77 % des parcelles).

 

Deux combinaisons se retrouvent sur 11 parcelles (14 % chacune) : « quatre vignes » et « trois vignes et un chemin ». La combinaison « trois vignes et une terre » est présente sur 9 parcelles (11,5 %). La combinaison « quatre terres » apparaît 8 fois (10 %). Sur les 21 combinaisons, la vigne est présente dans 16. Quarante-sept parcelles n’ont aucun contact avec des chemins.

 

Ce mas 24 présente une certaine homogénéité des paysages agraires, mais aussi leur relative diversité.

 

 

 

Agrogitonie pour le mas 25

 

 

Nombre de parcelles : 54

Nombre de cas gitoniques : 20

Nombre de combinaisons : 29                                                       

Rapport gitonique : 0,37                                                                  homogénéité

Taux gitonique : 13,4 %                                                                  paysages agraires divers

Taux de présence des chemins : 66,6 %                                      

 

Les dessertes concernent 9 cas (45 %) avec 13 parcelles (24 % des parcelles). Les cas homogitoniques sont au nombre de 3 (15 %) avec 28 parcelles (52 % des parcelles). Les cas hétérogitoniques sont 8 (40 %) avec 24 % des parcelles.

 

La combinaison la plus fréquente et qui concerne 10 parcelles est « quatre terres ». Dix-neuf combinaisons ne concernent qu’une seule parcelle. Dix-huit parcelles n’ont aucun contact avec des chemins.

 

 

Les paysages agraires sont assez homogènes, mais il existe des zones plus contrastées en particulier là où est la vigne.

 

Agrogitonie pour le mas 26

 

Nombre de parcelles : 208

Nombre de cas gitoniques : 49

Nombre de combinaisons : 74                                                       

Rapport gitonique : 0,235                                                               homogénéité

Taux gitonique : 8,9 %                                                                     paysages agraires divers

Taux de présence des chemins : 37,5 %                                      

 

Les dessertes représentent 12 cas (25 %) avec 26 parcelles (12,5 % des parcelles). Les cas homogitoniques sont au nombre de 9 (18 %) avec 76 parcelles (37 % des parcelles). Les cas héterogitoniques atteignent 28 cas (57 %) avec 106 parcelles (50,5 % des parcelles). Les hétrérogitonies de degré 1 et de degré 2 dominent avec chacune 10 cas, mais 72 parcelles pour le degré 1 et 21 pour le degré 2.

 

La combinaison la plus fréquente apparaît 28 fois (38 %), il s’agit de « quatre terres ». Les combinaisons « trois terres et un chemin » et « deux terres et deux vignes » reviennent 14 fois chacune. La combinaison « une terre et trois vignes » est présente 13 fois. Cinquante-deux combinaisons n’apparaissent qu’une seule fois, ce qui confirme bien le morcellement des paysages agraires. Cent trente parcelles n’ont aucun contact avec un chemin. Le taux de présence des chemins est de 37,5 %.                             

 

Le mas 26 montre des paysages agraires contrastées avec une évidente complexité pour certains lieux-dits.     

 

Synthèse récapitulative

 

Le rapport gitonique permet de déterminer l’homogénéité ou l’hétérogénéité des paysages agraires. Plus il est proche de 0, plus les paysages agraires sont homogènes.  Les mas 4, 5, 6, 8 et 16 présentent la plus forte homogénéité. Plus le rapport gitonique se rapproche de 1, plus l’hétérogénéité est forte. Les mas 1, 17, 20 et 21 possèdent la plus importante hétérogénéité.  Il ne faut pas prendre en compte les résultats du mas 12 n’ayant  qu’une seule parcelle. Sur l’ensemble du terroir de Meyzieu, les paysages agraires sont plutôt homogènes, 21 mas ont un rapport gitonique inférieur à 0,5. L’hétérogénéité est très marquée au centre du village mais aussi sur les espaces escarpés au niveau des Balmes près du Rhône et sur les collines morainiques. Une forte majorité du territoire est homogène, près des 3/4 du finage. Ceci correspond à un paysage d’openfield[1].

 

Le taux gitonique est le rapport entre le nombre de combinaisons et le nombre de parcelles. Plus le chiffre obtenu est élevé, plus cela montre la complexité du paysage agraire. Les paysages apparaissent comme contrastés, c’est-à-dire qu’ils sont occupés par différents types de cultures. Pour l’ensemble du finage, il s’établit à 7,18 %. L’analyse du taux gitonique n’est pas pertinente lorsque le nombre de parcelles est faible. Il en est ainsi des mas 12, 17 et 21. Les paysages agraires contrastés se rencontrent sur les mas où se développent les vignes. Les associations d’une culture avec des champs (pré et terre ou bois et terre par exemple) marquent aussi la complexité du paysage agraire.

 

La présence de chemins, de quelque nature que ce soit, est très importante. Elle permet d’atteindre les parcelles sans avoir à traverser d’autres parcelles. Sur le finage de Meyzieu 60,1 % des parcelles sont accessibles par un chemin. Ce taux est assez important et il est un atout pour l’ensemble des habitants du village. Les mas 19, 24 et 26 possèdent le plus faible pourcentage de parcelles ayant un contact avec un chemin (entre 37 % et 40 %). Le mas 19 se situe au nord de Meyzieu au contact avec le Rhône. Il est victime des divagations permanentes du Rhône, ceci explique que ce mas alterne des terres riches des limons déposés par le fleuve et des espaces marécageux où dominent les graviers.

 

Les parcelles ont une forme polygonale et se caractérisent majoritairement par des formes allongées. En règle générale, les parcelles possèdent quatre confronts, mais certaines, souvent les plus vastes, peuvent avoir de multiples confronts. Dans ce cas leur forme est complexe. 191 parcelles sur 1077 sont concernées soit 18 % des parcelles.     

                               

La parcelle 6 sur le mas 1, qui appartient au Seigneur de Meyzieu, touche 26 parcelles. Le domaine de Rambion sur le mas 25, dont le propriétaire est Paul de Cohade, possède 19 confronts. Un communal, dans la zone des marais sur le mas 19, a 18 confronts.

               


Sur les 191 parcelles ayant plus de 4 confronts, 100 parcelles sont occupées par des champs cultivés, soit 52 % des parcelles concernées, les prés occupent 21 parcelles (11 % des parcelles), la vigne 14 parcelles (7 % des parcelles), les bois 3 parcelles et 1 habitation sur une parcelle. Le reste des parcelles est occupés à égalité par trois associations : pré et terre, vigne et terre, vigne et pré, soit 9 % des parcelles chacun.

 

 

 



[1] Openfield ou champ ouvert : paysage agraire où les champs dominent. Ils sont sans clôtures. Il se caractérise par un morcellement de champs en lanières et il correspond à un type d’habitat groupé.

L’action des Hommes

Le parcellaire nous donne quelques renseignements sur les Hommes et leur action sur le milieu. Celle-ci s’organise sur deux domaines : l’habitat et les axes de communication.

 

L’habitat

              Tableau habitat et constructions                                 carte habitat                                    carte environnement

 

 

 

 


Dans la description de chaque article, la présence de constructions est précisée. L’observation et l’analyse du parcellaire nous permettent d’affirmer que l’habitat est groupé. Le centre du village accueille la majeure partie des habitations. Celles-ci se concentrent selon un quadrilatère partant de la place publique (actuelle place du 11 Novembre 1918) située devant l’église, se dirigeant ensuite en direction du nord par le chemin de l’église au plastre[1] des Maisons Rouges (actuelle rue Louis Saulnier) pour rejoindre le Grand Chemin de Crémieu à Lyon (actuelle rue de la République) au niveau du lieu-dit des Maisons Rouges, puis le quadrilatère se poursuit en direction de l’ouest jusqu’au chemin de la rue Mathieu (actuelle rue Gambetta) qui part à la perpendiculaire en direction du sud pour rejoindre le chemin de l’église à Charpieu (actuelle rue du Rambion). Ensuite, il oblique vers l’est pour rejoindre la Place Publique. Le long de ce quadrilatère se tiennent 31 maisons dont un château soit 20 % des habitations du village de Meyzieu, 3 granges (18,75 % des granges du village) et 3 écuries (la 1/2 des écuries).

 

Il faut, de plus, comptabiliser les habitations qui se situent à l’ouest de la rue Mathieu (actuelle rue Gambetta)  le long de celle-ci face aux habitations du quadrilatère central, les maisons sont au nombre de 18 dont deux masures, une étable, un pigeonnier et un bâtiment. Il en est de même le long du Grand Chemin de Crémieu à Lyon  (actuelle rue de la République) sur son flanc nord, le parcellaire note 7 maisons, 2 écuries et 1 pigeonnier. Sur le côté sud du chemin de l’église à Charpieu (actuelle rue du Rambion), il y a 8 maisons dont le domaine de Rambion qui comporte 1 écurie, des granges, des étables, des remises et 1 pigeonnier. Enfin, à l’est du chemin allant de la Place Publique à la Place des Maisons Rouges (actuelle rue Louis Saulnier), il est possible de dénombrer 15 maisons, 2 granges, 2 bâtiments, 1 tenailler, 1 four et 2 aisances. Au total, le centre du village renferme 75 maisons sur les 156 recensées pour l’ensemble de Meyzieu, soit près de 48 % des habitations. A cet hyper centre, il est important d’ajouter les constructions situées immédiatement à proximité et localisées le long d’axes de communication :

 - en direction du sud-est avec le chemin de la rue Meunier, appelé aussi chemin de l’église de Meyzieu à l’église Saint Gervais d’Azieu, (actuelle rue Claude Curtat), entre la Place Publique (actuelle place du 11 Novembre 1918) et le carrefour de l’Ecoin (actuel rond-point entre la rue Claude Curtat, la route d’Azieu, la rue de Marseille et le boulevard des Plantées),  sur cet axe se situent 22 maisons, 1 four, 2 granges et 3 bâtiments.

- la ruette allant de la place du Riondam à Bardieu (actuel chemin de la Sapinière) possède 7 maisons, 1 bâtiment et 1 grange.

- la partie est du Grand Chemin de Crémieu à Lyon (actuelle rue de la République) jusqu’au chemin de Meyzieu à Jonage (actuelle rue Jean Jaurès) compte 6 maisons, 2 écuries et 1 pigeonnier.

- la partie ouest du Grand Chemin de Crémieu à Lyon compte 7 maisons, 1 boutique et 1 grange.

- le chemin de Meyzieu aux pâturages communs (actuelle rue du 8 mai 1945) a 7 maisons et 1 grange.

- le chemin allant de la rue Mathieu à la Croix Mathieu  (actuelle rue Henri Lebrun) possède 1 maison.

- le chemin de la rue des Trux, appelé aussi chemin de l’église à Genas, (actuelle rue du Château d’Eau) possède 18 maisons et 1 bâtiment.

- la ruette des Assiz ou du Riondam, allant du Puits Saugey à la place du Riondam, (actuelle rue de la Verpillière et rue Mehy) compte 8 maisons et 1 four.

 

Au final, ce centre élargi en forme de pieuvre renferme 151 maisons sur les 156 du village soit 97 %. C’est bien la raison pour laquelle, il est possible de parler d’un habitat groupé qui s’organise autour d’un espace central à 8 branches.

 

Le reste des habitations se répartit en deux lieux, quatre habitations au hameau du Carreau et une dans la zone des marais. Au Carreau, les constructions se situent le long des chemins de Meyzieu à Cheissin (actuel avenue du Carreau), de Meyzieu à la Dent (actuel rue Victor Hugo) et de Jonage à Lyon avec sur ce dernier chemin le domaine du Carreau qui renferme des bâtiments agricoles. Sur le mas 19, une habitation, un moulin et une grange constitue le moulin de Platacul.

 

Pour comprendre l’analyse qui suit, il est nécessaire d’expliquer le parti pris pour enregistrer les données. Ont été inclus dans les constructions, non seulement les divers types de bâtiments, mais aussi ce que j’appelle l’environnement immédiat des maisons, c’est-à-dire les cours, les jardins et les verchères. En effet, ces trois éléments se situent toujours à proximité des constructions. Dans quelques cas le parcellaire nous précise la superficie des constructions, cours et parfois jardins et verchères, sinon aucune précision ne nous est fournie. Ce choix est justifié par le fait que dans le Bas-Dauphiné où dominent les finages de champs ouverts (openfield), l’espace situé à proximité des habitations est très souvent entouré d’un enclos. Celui-ci peut tout à la fois protéger des vents, souvent présents, et des regards indiscrets.

 

Par rapport au nombre de parcelles contenant une construction, soit 173 parcelles, celles ne contenant qu’une maison représentent près de 18 % des cas. Dans près de 14 % des cas, les maisons possèdent une cour. Dans la même proportion, les maisons sont entourées d’une cour et d’un jardin. Le parcellaire ne précise pas la qualité des jardins : jardins potagers ou jardins d’agrément ? Etant donné la réalité sociale de l’époque, il est possible d’affirmer qu’il s’agit très probablement de potagers. Mais il n’est pas interdit de penser que certains domaines connaissent un jardin d’agrément comme le château et le domaine de Rambion. Dans 12 % des cas, les maisons sont associées à une verchère. Cette verchère peut être un champ cultivé ou un pré voire les deux à la fois. Une verchère est un espace situé autour de l’habitation et qui est mis en valeur avec soin. Au total, il existe 42 verchères. Maisons, jardins et verchères sont associés dans 11 % des cas. Maisons et jardins représentent un peu moins de 8 % des cas. Il est intéressant de noter le long du chemin de la rue Mathieu la présence sur son côté ouest de deux masures. En prenant en compte ces dernières, il est possible de dénombrer sur l’ensemble du village 156 maisons.  

 

Cinq parcelles sont occupées par un jardin, trois par des cours. Mais au total, il existe 77 jardins et 67 cours. Il est noté une boutique qui est celle d’un maréchal-ferrant située à l’angle du Grand Chemin de Crémieu à Lyon et du chemin de Meyzieu aux pâturages communs. De même, il existe un moulin, le moulin de Platacul.

 

Parmi les constructions, nous observons la présence de 16 granges. Les granges à cette époque ne sont pas simplement des bâtiments servant à abriter les récoltes et le matériel, mais ce sont des exploitations agricoles. Le parcellaire nous indique l’existence de 10 bâtiments sans préciser à quoi ils servent. Les écuries sont au nombre de 6 et les étables de 2. Il est précisé la présence d’un tenailler, bâtiment qui abrite les cuves pour transformer le raisin en vin. Il est indiqué l’existence de 4 pigeonniers. Enfin sur une parcelle, le parcellaire parle d’une remise. Il indique la présence de fours sur trois parcelles et sur une parcelle l’existence d’un puits.

 

Deux parcelles possèdent des aisances qui sont un local spécifique pour se soulager. Pendant longtemps à la campagne comme en ville, on fait ses besoins à l’extérieur. Les hommes urinent en pleine rue ou défèquent dans les recoins. Les femmes sont plus discrètes. A partir du XVIème siècle, on s’efforce de développer des lieux réservés à cet usage et de les isoler. A la campagne, ces lieux se retrouvent au fond du jardin. A la fin du XVIIème siècle se développent les pots à pisser qui sont des vases de forme ovale. Il existe aussi des chaises percées. Pour s’essuyer, les paysans utilisent soit des feuilles végétales, soit leurs doigts[2] .

 

908 parcelles ne contiennent aucune construction, soit plus de 84 % des parcelles. Ceci montre la faible importance des constructions sur l’ensemble du finage. Le parcellaire ne nous donne aucune indication sur la nature des constructions. Etant donné les connaissances des maisons rurales du Velin au XIXème siècle, il est possible d’affirmer qu’elles sont majoritairement en pisé[3]. Au Moyen-Age, Elisabeth Faure-Bourchalat dit que dans le Dauphiné « on a affaire très généralement à une architecture en matériaux périssables (bois, terre, chaume) ».

 

Le seul édifice public du village est l’église, située sur le flanc sud du château. Selon les rapports des visites épiscopales elle est en mauvais état, en particulier la chapelle. L’église est tout à la fois la maison de Dieu et celle des Hommes. Elle est le lieu des fêtes et des cérémonies, elle ponctue et rythme la vie de tous, notamment par le tintement des cloches. Elles annoncent les joies, mais aussi les malheurs[4].

 

L’église est entourée du cimetière qui est ouvert sur la place publique. Il est tout autant fréquenté par les humains que par les animaux. Cette promiscuité témoigne du lien entre les vivants et les morts. C’est un lieu sacré. Le presbytère, appelé aussi maison curiale, est, d’après le rapport de la dernière visite pastorale au milieu du XVIIème siècle, en mauvais état. Celui-ci est constitué par un bâtiment à trois membres avec une écurie et un jardin.

 

Quelques propriétés sont entourées d’un pourpris, c’est-à-dire d’un fossé. Deux domaines dominent par l’importance de leurs constructions : le château et le domaine de Rambion. Le château n’est pas en bon état au début du XVIIIème siècle. Il comprend « une tour en mauvais état, un pigeonnier, un jardin, une terre vergée, une vigne et un bois »[5]. Les bâtiments du domaine de Rambion atteignent 2,4 ha. La maison du Rambion est appelée dans le parcellaire « maison forte ». Il est précisé que la maison est « à plusieurs membres ». Le domaine comprend aussi plusieurs bâtiments dont « des granges, des étables et des remises ».

 

Certains bâtiments portent un nom. Il en est ainsi :

- parcelle 6 (mas 1) appelé domaine de Turry qui comprend une « maison grange », une cour et un jardin.

- parcelle 34 (mas 1) avec une grange appelée Deteitard.

- parcelle 39 (mas 2) avec une grange dénommée grange blanche.

- parcelle 218 (mas 4) appelé domaine des Panettes qui ne comporte aucune construction, mais des terres, un bois, des bruyères et des broussailles.

- parcelle 554 (mas 17) dénommé domaine du Carreau comprenant plusieurs bâtiments sans autre précision, une cour et un jardin.

- parcelle 867 (mas 26) une maison appelée la « Grande Maison » avec cour et jardin.

 

Une boutique de maréchal-ferrant est signalée sur le mas 15 et la parcelle 473 qui appartient à Jacques Picard. Elle se situe à l’angle du Grand Chemin de Crémieu à Lyon et du chemin de Meyzieu aux pâturages communs de la Dent. Le moulin de Platacul se situe sur le mas 19 à l’extrémité du chemin de Meyzieu au moulin de Platacul (actuel rue Jean Collet et rue Jean Mermoz). Outre le moulin en lui-même, l’ensemble comprend une maison, une grange, une cour et un jardin. Au milieu des prés, il est noté la présence d’une mare qui permet d’alimenter le moulin.

 

Avec 156 maisons, il peut être possible de cerner le nombre d’habitants de Meyzieu. En tenant compte des célibataires et des veufs qui peuvent habiter seuls une maison ou au plus avec un parent, le multiplicateur varie entre 4 et 5, soit entre 624 et 780 habitants et 702 habitants en prenant 4,5 comme multiplicateur. Selon les sources données par l’Intendant Bouchu, la population de Meyzieu atteindrait 716 habitants en 1698. Ceci conforte l’hypothèse précédente.

 

Douze mas ne contiennent aucune construction.      

 

Les axes de communication                                      Carte des axes de communication

 

 

 


 

De tout temps les axes de communication ont joué un rôle fondamental dans la vie des habitants. Ils permettent sur un espace donné de relier un point à un autre. Il est possible de distinguer en règle générale les routes, les chemins et les sentiers. Dans le parcellaire de 1701, les axes de communication nommés sont : un grand chemin, des chemins, des chemins suivis de l’appellation « rue », des ruettes, des sentiers et des passages. Le parcellaire nous indique aussi la présence d’une place et de plastres.

 

Contrairement à Saint Priest, le village de Meyzieu n’est pas traversé par une route royale comme celle reliant Lyon à Grenoble. Les principaux axes de communication s’orientent principalement selon deux directions : est-ouest et nord-sud, un peu comme le principe de l’urbanisme romain[6]. Il est possible de déterminer une typologie des voies de communication :

 

- Les axes traversant, c’est-à-dire qui traverse le village de part en part : ce sont les axes dominants.

- Les axes partant du village vers les autres paroisses : ce sont les axes principaux.

- Les axes partant du centre du village vers un autre point du village : ce sont les axes intérieurs.

- Les axes transversant, c’est-à-dire reliant entre eux deux des chemins précédents : ce sont les axes secondaires.

 

                ► Les axes traversant : axes dominants

 

Parmi les axes traversant, tous ont une orientation est-ouest :

 

- le Grand Chemin de Crémieu à Lyon (actuelle rue de la République).

- le chemin de Pommier à Lyon (actuel chemin de Pommier).

- le chemin de Jonage à Lyon (actuelle avenue de Verdun).

- le chemin de Charpieu à Saint Laurent de Mure (actuellement rue du Rambion, place du 11 novembre 1948, rue Claude Curtat et route d’Azieu).

- le chemin de Genas à Jonage (actuellement D302).

 

Le Grand Chemin de Crémieu à Lyon est un axe majeur du nord Dauphiné. Au Moyen Age, Crémieu est une cité importante qui se développe grâce au commerce. Elle connaît la prospérité à partir du XIIIème siècle avec le développement du commerce des grains vers l’Italie et la Suisse. En 1315, elle reçoit du Dauphin une charte de franchise qui va permettre son développement et sa croissance. La ville joue un rôle militaire de premier plan dans le conflit entre le Dauphiné et la Savoie. Elle commence à décliner à partir de la suppression des foires en 1702 et surtout suite à la Révolution de 1789[7].

 

Le chemin de Pommier à Lyon relie un prieuré, dépendant de l’abbaye Saint-André de l’ile Barbe, situé à proximité de Jons. Il est situé au nord du Grand Chemin de Crémieu à Lyon.

 

Le chemin de Jonage à Lyon, plus au nord, épouse le relief des Grandes Balmes du Rhône.

 

Le chemin de Charpieu à Saint Laurent de Mure se situe au sud du Grand Chemin de Crémieu à Lyon. Il passe par la Place Publique. Après Meyzieu, il atteint l’église Saint Gervais d’Azieu. La partie située entre l’église et la place de l’Ecoin s’appelle chemin de la rue Meunier, parfois écrit chemin de la rue des Meuniers ou encore rue de Meunier. La partie située à l’ouest de la Place Publique est appelée chemin de l’église à Charpieu.

 

Le chemin de Genas à Jonage traverse Meyzieu à son extrémité est, il est en quelque sorte extérieur au village, situé à sa périphérie.

 

Les quatre premiers axes s’imposent au village de Meyzieu et celui-ci doit composer avec eux : ils ont concouru à son développement. Trois d’entre eux déterminent les limites entre lieux-dits, par contre le quatrième axe, le chemin de Jonage à Lyon, traverse des parcelles qu’il coupe ainsi en deux entités. Il est probable que ce chemin de Jonage à Lyon ait été tracé plus tardivement.   

 

                        ►Les axes partant du village vers les autres paroisses : axes principaux

 

Ces axes s’orientent selon une direction nord-sud. Ils partent du centre du village, soit de la Place Publique, soit à partir du Grand Chemin de Crémieu à Lyon :

 

- le chemin de la Combe au Loup (actuellement chemin de la Combe au Loup) se situe au nord-ouest de Meyzieu. Il permet d’atteindre Décines selon une direction sud-est nord-ouest.

 

- le chemin de Meyzieu à Jonage (actuelle rue Jean Jaurès) part du Grand Chemin de Crémieu à Lyon et atteint les limites de Meyzieu au niveau à la place du Dauphin (rond-point situé à la jonction de la rue Jean Jaurès et de l’avenue de Verdun) selon un tracé  sud-ouest nord-est.

 

- le sentier du Carreau à Charpieu passe par le lieu-dit du Montout. Il s’oriente du nord-est vers le sud-ouest.  Actuellement le tracé de ce chemin a disparu avec les travaux consécutifs à l’implantation de la rocade et du développement de l’urbanisme. Il correspondrait à peu près au boulevard Ambroise Paré et au chemin de Peyssilieu mais le tracé entre l’actuelle avenue du Carreau et le boulevard Ambroise Paré a totalement disparu englouti dans divers lotissements.

 

- le chemin de Meyzieu à Chassieu  (actuelle route de Chassieu) part de la rue Mathieu selon une direction nord-est sud-ouest.

 

- le chemin de Meyzieu à Genas, appelé aussi rue des Trux au sud (actuelle rue du Château) part de la Place Publique et se dirige vers le sud.

 

- le chemin allant de Genas à Bardieu et Bourban (actuel chemin Militaire puis chemin de la Croix) rejoint le chemin précédent. Il est parmi les axes principaux, le seul à avoir une direction est-ouest. Il se situe à l’extrême sud de Meyzieu, presqu’à la limite entre les paroisses de Meyzieu et de Genas.

 

            ► Les axes partant du centre du village vers un autre point du village : axes intérieurs

 

Certains chemins sont à usage interne reliant deux points du village :

 

- le chemin de l’Eglise à la place des Maisons Rouges (actuelle rue Louis Saulnier) joint la Place Publique au Grand Chemin de Crémieu à Lyon. Il est un axe central du village.

 

- le chemin de la Rue Mathieu (actuelle rue Gambetta) relie le Grand Chemin de Crémieu à Lyon au chemin de l’église à Charpieu. Il participe à la centralité du village.

 

- le chemin de Meyzieu aux prairies du Dérippe (actuelle rue Joseph Desbois et chemin du Gravier Blanc) est aussi dénommé chemin de Meyzieu aux pâturages du Dérippe. Il part du Grand Chemin de Crémieu à Lyon et se dirige vers le nord-est.

 

- le chemin de Meyzieu au moulin de Platacul (actuelle rue Jean Collet et rue Jean Mermoz) est commun au précédent depuis le Grand Chemin de Crémieu à Lyon, puis se sépare de lui en s’orientant vers le nord-ouest au bout d’environ 500 m. Il se poursuit alors jusqu’à la Croix Mathieu où il se sépare du chemin de Meyzieu aux Pâturages Communs.

 

- le chemin de Meyzieu aux pâturages communs (actuellement rue du 8 mai 1945, avenue de la Libération et rue Victor Hugo) est également appelé chemin de Meyzieu à la Dent ou chemin de Meyzieu à Lalive ou chemin de la Croix Mathieu aux pâturages communs de la Dent. Comme les deux précédents, il prend naissance au Grand Chemin de Crémieu à Lyon.

 

- le chemin de Meyzieu au moulin de Cheissin appelé aussi chemin du Déviou (actuellement avenue du Carreau) va de Meyzieu au moulin de Cheissin. Il prend au nord du Grand Chemin de Crémieu à Lyon. Il se situe à l’ouest du village.

 

- le chemin de la rue Meunier à la place de la Pierre Blanche appelé aussi chemin de la rue Meunier aux Panettes (actuelle rue de Marseille) part de la place de l’Ecoin et sépare les mas 2 et 3.

               

             

 

 

            ► Les axes de liaison : axes secondaires

 

Ce sont des voies de communication qui relient deux axes de communication. Le parcellaire nous les énumère :

 

- le chemin allant de la rue Mathieu à la Croix Mathieu (actuellement rue Henri Lebrun et une partie de la rue Vellin Dombes) qui après une direction nord oblique vers le nord-est.

 

- la ruette du Puits Saugey au Riondam (actuellement une partie de la rue de la Verpillère et rue Méhy).

 

- la ruette allant de place du Riondam à Bardieu et Bourban appelée aussi ruette du Riondam (actuellement partie ouest du chemin de la Sapinière).

 

- la ruette du Puits Saugey au Puits Leyraut (actuellement partie sud de la rue Ronsard,  impasse  Jules Reynaud et rue Jules Reynaud) qui part de la place du Saugey pour atteindre le chemin de l’église à la Place des Maisons Rouges.    

                                              

- le chemin du Terrain Chosson allant aux Bruyères des Panettes (actuelle avenue Lionel Terray).

 

- la ruette Dussieu (actuel passage des Maisons Rouges) part au nord du Grand Chemin de Crémieu à Lyon sur le mas 7 au lieu-dit des Maisons Rouges entre les parcelles 301 et 302

 

- le chemin des Echaux (ce chemin a disparu avec la construction du Canal de Jonage).

 

- la ruette des Assiz (actuellement rue Méhy).

 

- le chemin allant au Rambion (actuellement impasse du Rambion).

 

- la ruette de Bardieu (actuellement chemin de Bardieu).

 

- le chemin de la Fontaine de Bardieu  (avec la construction du fort à la fin du XIXème siècle, ce chemin a disparu).

 

- le chemin de la Fontaine de Bardieu au Molard de la Chapelle de Bourban (actuellement ce chemin n’existe plus, il a été coupé par l’implantation de la déviation sud de Meyzieu. Néanmoins depuis le mollard de Bourban, il est encore possible de voir son tracé).

 

- le chemin allant aux Hermiers appelé aussi chemin de la Fontaine de Bardieu allant aux Hermiers (actuellement ce chemin a disparu).

 

- le chemin de la Croix (actuellement partie sud-ouest du chemin de la Croix).

 

- le chemin de la rue Mathieu à l’Eglise appelé aussi chemin de l’église à la rue Mathieu (actuellement rue de la Verpillière et partie est de la rue du Rambion).

 

- le chemin des Tâches, appelé aussi chemin de monsieur Trux, va jusqu’au coin de la forêt des Ayes (actuel chemin des Tâches).

 

- le chemin de Meyzieu aux Brotteaux et pâturages communs (avec la construction du Canal de Jonage, ce chemin a disparu).

 

- le chemin de Meyzieu au coin des Ayes (avec la construction des diverses déviations routières, ce chemin a disparu).

 

- le chemin de Genas au bas de Pusignan (actuellement disparu).

 

- le chemin qui descend des Balmes du Dérippe vers les pâturages communs du Dérippe et traverse la parcelle 399 sur le mas 8 (actuellement disparu).

 

- le chemin de la Pérella, il part du moulin de Platacul pour atteindre le Rhône (ce chemin a disparu, il passait par ce qui est aujourd’hui le Réservoir).

 

- le chemin de Meyzieu à la rivière (ce chemin a disparu).

 

- le chemin de Lalivoz aux paquerages communs (actuellement ce chemin n’est pas dénommé, il part du pont d’Herbens pour aboutir à l’Iloz).

 

- le chemin de la Fontaine Berliet sur le mas 20 situé entre les parcelles 638, 639 et 640 (actuellement disparu).

 

►Les passages

 

Il existe aussi un certain nombre de passages qui permettent d’atteindre des parcelles non situées sur un axe de communication. Ces passages se situent entre deux parcelles et parfois traversent des cours. Certains de ces passages sont appelés ruettes. Sur le mas 1, un passage appelé ruette sépare les parcelles 16 et 17 et permet d’atteindre les terres de la Marquise de Pusignan. Il en est de même entre les parcelles 33 et 34. Sur le mas 2, les parcelles 49, 50, 51, 52 et 56 sont parcourues par un passage commun. Sur ce même mas, il existe un passage entre les parcelles 63, 64, 66, 67 et 68. Sur le mas 15, il existe un passage entre les parcelles 476 et 477 qui part au nord du Grand Chemin de Crémieu à Lyon. Sur ce même mas, il est cité un autre passage entre les parcelles 496 et 497 partant à l’ouest du chemin de Meyzieu aux pâturages communs de la Dent. Sur le mas 23, il existe un passage entre les parcelles 683, 684, 685 et 686. Sur le même mas, le passage partage les parcelles 690 et 691.Sur le mas 25, la parcelle 826 est un passage. Sur le mas 26, prenant au sud de la rue Meunier, il existe plusieurs passages entre les parcelles 870, 871, 872 et 873, entre les parcelles 889 et 892, entre les parcelles 978 et 979, entre les parcelles 992 et 997 et entre les parcelles 999 et 1000.

 

►Les places

 

Outre ces différents axes de communication, dans le parcellaire est cité le nom de nombreuses places dont la Place Publique, située devant l’église. Le mot place n’est donné que pour la Place Publique. Pour les autres places, il est écrit « plastres ». Un plastre est un carrefour de voies de communication et peut être assimilé à une place. Meyzieu en possède un certain nombre, ce sont :

 

- La Place Publique : lieu très important pour la communauté des habitants où se vit la ‘démocratie’ locale. Elle est un lieu de vie, lieu où se déroulent les fêtes et les grandes cérémonies religieuses. Il s’agit aussi d’un lieu économique où se tiennent les foires. Elle est un lieu du lien social qui permet les rencontres, notamment le dimanche à la sortie de la messe. Mais elle est également le lieu où se tiennent les assemblées villageoises et où les habitants sont réunis pour prendre des décisions et être informés des décisions royales.

 

- La Place des Maisons Rouges, appelée aussi place de la Croix des Maisons Rouges, anciennement appelée place des Rameaux est le point où le chemin de l’église atteint le Grand Chemin de Crémieu à Lyon.

 

- La Place de la Croix Mathieu ou Place de séparation du chemin menant au Dérippe et de celui menant à Platacul est un carrefour aux trois chemins : le chemin de Meyzieu aux pâturages commun, le chemin de Meyzieu à Platacul et le chemin allant de la rue Mathieu à la Croix Mathieu.

 

- La Place du Riondam est le point de jonction entre le chemin de la rue des Trux, la ruette des Assiz et le chemin allant du Riodam à Bardieu.

 

- La Place du Saugey se situe à la rencontre entre le chemin allant de la rue Mathieu à l’église et la ruette du Puits Saugey au Puits Leyraut. Le puits Saugey se situe sur la place.

 

- Le Molard de la Chapelle est tout à la fois la colline où se situaient la chapelle et la place devant celle-ci. Si la chapelle de Bourban n’existe plus en 1701, son existence est encore marquée par le plastre ou Molard de la Chapelle. Au Moyen Age, c’est à elle qu’aboutissait la procession venue de Saint Priest (de Manicieu) qui se tenait le 20 juillet avec la statue de Sainte Marguerite. Les eaux peuvent aussi avoir un caractère religieux. Ainsi, les eaux de la Fontaine de Bardieu sont réputées pour soigner des maladies des yeux.

 

- La place de la Pierre Blanche se situe au point de rencontre entre le Grand Chemin de Crémieu à Lyon et le chemin allant du chemin de la rue Meunier aux Panettes. Dans le parcellaire, il est écrit qu’elle est « la place de séparation des deux chemins ».

 

- La place de séparation entre le chemin de Genas à Jonage et le chemin de Meyzieu à Azieu, cette place pourrait correspondre au rond-point situé à l’extrémité de la déviation sud.

 

- La place de séparation entre le Grand Chemin de Crémieu à Lyon et le chemin de Meyzieu à Jonage est l’espace situé au nord de l’actuelle place de l’Europe face à l’Hôtel de Ville.

 

- La place du Dauphin est le point de séparation du chemin de Jonage à Lyon et celui de Jonage à Meyzieu.

 

- La place du Coin, appelé aussi place de l’Ecoin, sépare le chemin de l’église à Saint Gervais d’Azieu et le chemin allant du chemin de la rue Meunier aux Panettes.

 

►Les croix

 

Le rôle de la religion se marque aussi avec les voies de communication. Certains chemins, certains carrefours, certaines places voient se dresser une croix. Le village compte ainsi un certain nombre de croix qui témoignent de la vivacité de la foi chrétienne. Il s’agit de :

 

- La Croix Mathieu située au lieu de séparation du chemin de Meyzieu au moulin de Platacul et du chemin de Meyzieu aux pâturages communs de la Dent, constitue un mas, le mas 12. Elle se situe sur la place du même nom

 

- La Croix de la Pierre Blanche sur la place du même nom

 

- La Croix du Dauphin sur la place du même nom

 

- La Croix de séparation entre Meyzieu et Chassieu

 

                ► Les limites

 

Le parcellaire nous permet aussi de connaître la configuration des limites de Meyzieu avec les autres paroisses :

 

- Les limites avec Pusignan : il est précisé dans le parcellaire que « la ligne de séparation de la juridiction et de la taillabilité de Pusignan se trouve faite par une combe qui va depuis les Panettes jusqu’au coin de la forêt des Ayes à l’est » et par l’existence des vestiges d’un ancien fossé. Les sols sont occupés par des friches et des bruyères à la limite entre les deux paroisses.

 

- Les limites avec Jonage : les deux taillabilité sont séparées à l’est par la Combe de Bossubas occupée par des bruyères et des friches. Au nord-est, elles sont séparées par la place du Dauphin. Au nord, la limite est « faite par une ligne tirant de la Croix de la place du Dauphin aux Grandes Balmes du Rhône à 32 toises du Crouzat de Chatelard en direction de l’ouest ». Les sols sont occupés par des friches, des bois et des mûriers.

 

- Les limites avec Miribel : les différents bras du Rhône servent de limite, ce qui rend cette dernière fluctuante.

 

- Les limites avec Décines : une combe sépare les deux taillabilités. Les deux communautés sont aussi séparées par une oseraie.

 

- Les limites avec Charpieu : les deux taillabilités sont séparées par un marais et des paquerages.

 

- Les limites avec Chassieu : les deux communautés sont séparées par « la Croix de séparation des deux paroisses ».

 

- Les limites avec Genas : les sols sont occupés par des bruyères et des friches entre les deux paroisses.

 

 - Les limites avec Azieu : il est écrit dans le parcellaire que « la séparation est faite par les vestiges d’un ancien fossé au sud ». Les sols sont occupés par des bruyères et des friches entre les deux paroisses.

 



[1] Plastre signifie place

[2] Michel Figeac, L’ancienne France au quotidien, vie et choses de la vie sous l’ancien régime, Armand Colin, 2007

[3] Elisabeth Faure-Boucharlat, Les habitats ruraux du nord de la région Rhône-Alpes, Bresse, Lyonnais, Dauphiné, du Vème au XIIème siècle

[4] Pierre Goubert, Daniel Roche, Les Français et l’Ancien Régime : culture et société, tome 2, Armand Colin, 1984

 

[5] Parcellaire de 1701, article 4

 

[6] cardo et decumanus : ce sont les axes majeurs orientés nord-sud (cardo) et est-ouest (decumanus) dans une ville romaine. Leur intersection marque le centre de la cité

[7] Roland Delachenal, Une petite ville du Dauphiné, Histoire de Crémieu, Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 1890

 

Habitats 1
110 ko
habitats_1.pdf
Habitat2
99 ko
habitat2.pdf
Meyzieu envirronement
5,1 Mo
Meyzieu_envirronement.pdf
Meyzieu Constructions
5,1 Mo
Meyzieu_Constructions.pdf
Meyzieu axes communication Modif
1,3 Mo
Meyzieu_axes_communication_Modif.pdf

Naître et mourir aux XVIIe et XVIIIe siècles

Pendant de très nombreux siècles, la population augmente faiblement. Elle évolue de manière chaotique avec des phases de croissance suivies de phases de régression. La démographie de cette époque se caractérise par une forte natalité et une forte mortalité. La population peut même diminuer en cas de crise économique. La société d’Ancien Régime est victime de trois calamités qui interfèrent entre elles : la famine, les épidémies et la guerre. Elles sont appelées les trois fléaux. La guerre, par la destruction des récoltes et les corps laissés aux charognes, entraîne famine et épidémies. Nous allons successivement étudier les différentes caractéristiques de cette démographie. Paradoxalement, nous commencerons par la mort car celle-ci joue un rôle primordial pour tous, elle est au centre de la vie.

           

Mourir :

 

Michel Vovelle écrit : « la mort nourrit la vie ». Philippe Ariès, spécialiste de ces questions parle de la « mort apprivoisée »[1]. Elle est familière aux hommes et aux femmes de ce temps. Elle est tellement présente qu’il existe une certaine forme d’indifférence face à la mort. La mort en elle-même ne fait pas peur, par contre les femmes et les hommes de ce temps veulent être prêts à l’affronter. Une certaine forme de fatalité permet d’accepter le départ définitif d’un proche. Lors de la veillée funèbre, chacun reste digne et il ne se manifeste aucune émotion excessive. Etre prêt à mourir, c’est essentiellement avoir rédigé son testament. De plus, dans ce monde où la religion imprègne fortement les consciences, la mort s’accompagne de l’espérance de rejoindre Dieu au paradis. L’enterrement est comme une fête. Par la présence de sa tombe au cimetière, le mort demeure physiquement aux côtés des vivants.

 

Sous l’Ancien Régime, en règle générale en Occident, le taux de mortalité est supérieur à 33 ‰. Plusieurs facteurs expliquent cette importante mortalité : la malnutrition, la disette voire la famine en période de crise économique due aux aléas climatiques, les maladies et les épidémies, le manque d’hygiène et la guerre. Ces éléments peuvent se combiner entre eux : le manque d’hygiène favorise la propagation des maladies ou des épidémies, la guerre entraîne disette voire famine et propagation des maladies sans oublier les conséquences de la violence directe exercée contre les masses paysannes.

 

Les aléas climatiques sont multiples : pluies persistantes qui font pourrir les récoltes, gelées tardives qui anéantissent les cultures ou sécheresse excessive. La fin du XVIIème siècle et le début du XVIIIe siècle sont considérés comme un petit âge glaciaire. C’est ainsi le cas d’hivers froids et d’étés pourris en 1661-1662, 1691-1692, 1693-1694, et 1709-1711[2]. A cette époque-là, la médecine n’en est qu’à ses balbutiements et les maladies sont mal connues. Les remèdes utilisés et les soins donnés aggravent bien souvent l’état du malade. Les maladies les plus courantes sont la variole appelée aussi ‘picote’ ou ‘vérole’, le typhus, la dysenterie et la syphilis. Ce sont des maladies d’autant plus dangereuses qu’elles sont infectieuses. Parmi les épidémies, les plus meurtrières sont le choléra et la peste. De plus, la maladie est considérée comme un châtiment de Dieu.

L’état de santé des ruraux est précaire : habitat insalubre, humidité, manque de lumière et d’aération, pas ou peu de chauffage, absence d’hygiène corporelle car la saleté est considérée comme une couche protectrice, alimentation insuffisante car la base de la nourriture est constituée de bouillis et de pain, ce qui a pour conséquence un déficit en protéines et une carence en vitamines. La malnutrition est le lot de presque tous et plus particulièrement des plus pauvres et des plus faibles physiquement, tout particulièrement les enfants. Les organismes sont très vulnérables.

               

La mortalité infantile est très élevée, ce sont les enfants qui meurent au cours de leur première année de vie. Il y a une surmortalité au moment de la naissance et les morts-nés sont très nombreux. Il existe deux causes de mortalité infantile, les causes endogènes et les causes exogènes. Les causes endogènes sont liées à la prématurité, à la débilité congénitale, aux malformations, aux lésions et accidents lors de l’accouchement ou aux affections fœtales qui surviennent au cours du premier mois de vie et touchent près d’un quart des nourrissons, mais aussi à la rareté et à la médiocrité des médecins et des sages-femmes. Une autre cause endogène est liée aux risques que la mère enceinte prend avec les tâches épuisantes qu’elle effectue. Les causes exogènes sont liées aux maladies propres aux nouveau-nés comme un coup de froid (par exemple dans l’église au moment du baptême), aux ictères à haut risque, aux coliques, aux fièvres, à la typhoïde, aux dysenteries, mais aussi aux affections respiratoires et à la malnutrition[3]. Dans la réalité un enfant sur deux atteint l’âge de vingt ans.

 

Les accouchements ne sont pas une partie de plaisir pour les femmes. Outre les souffrances liées à une grande méconnaissance des mécanismes de la naissance, elles risquent à chaque fois de mourir en couches. De plus, la multiplication des grossesses les fragilise. L’espérance de vie des femmes est plus faible que celle des hommes. 

 

Au cours du XVIIIe siècle la mortalité recule. Elle diminue principalement grâce à la baisse de la mortalité infantile, à la disparition de la peste, à celle de la famine et à la fin des violences guerrières. En 1701, la précarité de la vie est une réalité tangible. Une bonne constitution physique et la chance permettent de passer le cap de l’enfance et d’atteindre l’âge adulte. Présente dans la vie quotidienne, la mort est aussi en prise directe avec l’Eglise. Le curé joue un rôle dans la préparation à la mort et c’est lui qui administre le dernier sacrement que puisse recevoir un baptisé. L’approche de la mort est l’occasion de racheter ses fautes et de « s’acheter » une place au paradis par l’élaboration, par exemple, d’un testament dans lequel on témoigne de sa foi et de sa dévotion et dans lequel on demande pardon pour ses fautes et où l’on affirme être un fidèle et modeste serviteur de Dieu dont on demande la miséricorde. Les plus riches peuvent faire un don à l’Eglise, cela peut aider. Paul de Cohade fait ainsi don de l’ensemble de sa bibliothèque.

 

 

Qu’en est-il à Meyzieu ?

 

Tableau de la mortalité et de la natalité


 

L’analyse des registres paroissiaux nous fournit une réponse. Mais il faut préciser que nous ne connaîtrons que les cas de ceux qui sont morts sur la paroisse de Meyzieu. Des habitants de Meyzieu peuvent avoir trouvé la mort ailleurs. De plus, l’analyse repose sur la qualité de la tenue de ces registres par le curé. Il n’est pas impossible qu’il ait fait des omissions ou des erreurs. Enfin, par principe, il est rare que soit mentionné les enfants mort-nés, pour la bonne raison que les registres paroissiaux enregistrent les baptêmes et non les naissances. Malgré ces remarques, l’analyse des registres demeure une source incontournable et relativement fiable.                                             

 

En 1701, à Meyzieu, le registre paroissial enregistre 23 décès, 13 hommes et 10 femmes. Cette même année, quatre enfants meurent avant d’avoir 1 an (deux filles et deux garçons) ce qui donne un taux de mortalité infantile de 174 ‰. Dix enfants âgés entre 1 et 10 ans meurent (sept garçons et trois filles). Le mort le plus âgé atteint 75 ans et c’est un homme. Un autre homme meurt à 60 ans. Deux femmes meurent à 30 ans, probablement en couches pour l’une et des suites d’un accouchement pour l’autre. Une autre femme meurt à 40 ans.

 

L’intendant Bouchu a établi que la population de Meyzieu était de 716 habitants en 1698. L’accroissement naturel, pour les années 1699, 1700 et 1701, se monte à +3, donc Meyzieu pourrait compter 719 habitants, ce qui, avec 23 décès donne un taux de mortalité de 32 ‰. Ceci correspond globalement au taux de mortalité en période de stabilité.

 

 

Naître :

 

Au XVIIe siècle, en Europe occidentale,  le taux de natalité est proche de 40 ‰. Il naît plus de garçons que de filles, à la naissance 105 garçons pour 100 filles. Mais l’équilibre entre filles et garçons est atteint à l’âge de 5 ans. Les naissances sont plus importantes en février et mars. Les conceptions estivales sont rares en milieu rural du fait de l’intensité du travail à cette époque-là. L’influence de l’Eglise est également fortement marquée dans ce domaine, le carême est un temps d’abstinence.

 

La forte mortalité explique l’importance  des naissances. La mortalité infantile et les enfants mort-nés sont un facteur de plus grande procréation car ils réduisent l’espace de temps entre deux conceptions. Pour que les générations se succèdent, il est donc nécessaire que beaucoup d’enfants naissent. Il faut aussi savoir que les méthodes contraceptives n’existent pas avant le milieu du XVIIIème siècle et qu’elles sont rares en milieu rural. Enfin, pour l’Eglise l’acte sexuel est une souillure car il rappelle le péché originel et il n’est autorisé que pour la procréation. Il est important de noter que dans le monde rural les naissances illégitimes sont très faibles. De même, les conceptions avant le mariage sont presque inexistantes. Il n’existe pas de contrôle des naissances.

 

En effet, le but du mariage est d’avoir des enfants car ils sont un don de Dieu. La naissance rachète de l’impureté liée à la faute de la première des femmes Eve et ce sont toutes les autres femmes qui ont cette mission. La douleur lors de l’accouchement est un bienfait de Dieu. Souffrir est un sacrifice nécessaire et indispensable qui participera du salut des Hommes au moment du jugement dernier.

 

La période de la grossesse est tout à la fois pour la femme une période de joie, mais aussi de longs moments d’angoisse. Car inconsciemment, les femmes enceintes ont peur de mourir à l’accouchement, elles craignent de perdre l’enfant et elles sont tenaillées par l’idée de souffrir. A cette époque-là la grossesse est considérée comme une maladie. « La naissance est un passage difficile qu’entoure toute une ritualisation »[4]. Naître est une affaire de femmes. Les hommes sont absents au moment de la naissance de l’enfant. Celle-ci a lieu au domicile de la femme qui va accoucher dans la pièce commune à même le sol sur lequel ont été disposées de la cendre et de la paille. L’accouchement se réalise en présence de la mère, si elle est encore vivante, éventuellement des sœurs et des voisines. Comme son mécanisme est mal connu, celui-ci peut durer plusieurs jours. Les pratiques se transmettent de génération en génération. Le premier accouchement est toujours le plus risqué pour l’enfant comme pour la mère. Ce sont les matrones qui officient. En règle générale, elles sont âgées, plus de 50 ans, ce sont des femmes d’expérience qui détiennent un certain savoir et un réel savoir-faire. L’habitude de pratiquer des accouchements leur a apporté l’agilité nécessaire. L’étude des registres paroissiaux permet de déterminer le nombre de décès en couches.

 

Dès que l’enfant est né, il est baptisé très souvent dès le lendemain, parfois le jour-même de sa naissance. Le baptême, comme le dit Pierre Goubert : « marque l’entrée dans la vie commune des chrétiens »[5]. Dans l’esprit de l’époque, le baptême est indispensable au salut de l’âme et un enfant qui meurt avant le baptême erre pour l’éternité dans les limbes et ne participera pas à la résurrection finale, d’ailleurs il ne lui possède pas de prénom. L’acte de baptiser est aussi l’occasion de renforcer les liens familiaux, par le choix du prénom de l’enfant et des parrains et marraines. Le prénom donné à l’enfant est souvent celui de la marraine ou du parrain, mais aussi de ses grands-parents. L’analyse des registres paroissiaux permet de mieux cerner tous ces éléments : quand l’enfant est-il baptisé ? Qui portait le prénom qu’on lui donne ? Quel sont les liens de parenté entre le parrain et la marraine et l’enfant ? Ce travail de recherche fera l’objet d’une prochaine étude.

 

En 1701, la procréation est un acte important. Le père souhaite voir un fils porter son nom et il veut lui transmettre ses biens. Si l’enfant ne paraît pas, c’est à cause de la femme. A cette époque-là, il est inimaginable que l’homme soit stérile : machisme et virilité vont de pair. Si la femme n’a pas d’enfant, c’est qu’elle a fauté et que Dieu la punit. Elle est avant tout un « ventre ».

 

L’étude des registres paroissiaux nous permet d’obtenir de précieux renseignements, à deux conditions, qu’ils aient été rédigés avec soin et que les registres aient été bien conservés. Une analyse approfondie peut permettre de déterminer l’indice de fécondité selon la formule suivante :

IF = N/A

en sachant que IF est le taux de fécondité, N le nombre d’enfants et A le nombre d’années de mariage. De plus par cette analyse, il est possible de déterminer le nombre d’enfants par femme, de calculer le taux de fécondité par période à partir de l’âge du mariage, par exemple entre 20 et 24 ans, 25 et 30 ans, etc… , mais aussi sur une durée de mariage, par exemple 15 ans. Il est intéressant de calculer l’intervalle entre les naissances. Il est lié à différents facteurs : l’âge de la mère, plus celle-ci vieillit plus l’espacement sera grand, le fait d’allaiter ce qui retarde la naissance suivante et enfin la mort du nouveau-né, plus cette mort est rapide, plus tôt na&îtra l’enfant suivant. La fécondité peut être limitée par un âge tardif du mariage, par le fait d’allaiter et bien entendu par les diverses crises qui peuvent survenir. Il est intéressant de calculer l’espace protogénésique qui est l’espace entre la date du mariage et la date de naissance du premier enfant. Plus une femme se marie jeune, plus cet espace est grand. Il est nécessaire également de prendre en compte le fait pour une femme d’être nourrice. Ce cas est fréquent dans les campagnes, d’autant plus à proximité d’un centre urbain. Les recherches réalisées par divers chercheurs montrent qu’une femme peut donner naissance entre 4 et 10 enfants voire plus. Françoise Reinon, épouse de François de Vincent de Panette a eu 7 enfants. 

 

Qu’en est-il à Meyzieu des naissances ? En 1701, Meyzieu compte 31 naissances, 13 garçons et 18 filles. Le taux de natalité en 1701 atteint 43 ‰. Le prénom féminin le plus donné en 1701 est Claudine (3 fois), puis deux fois chacun Marie, Laurence, Catherine et Jeanne. Pour les garçons, Antoine et Jean sont donnés deux fois.

 



[1] Philippe Ariès, Histoire de la vie privée, Tome 3, 1987

[2] Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire des paysans français, Seuil, 2002

 

[3] Scarlett Beauvalet-Boutonyrie, La population française à l’époque moderne : démographie et comportements, 2008


[4] Pierre Goubert, Daniel Roche, Les Français et l’Ancien Régime : culture et société, tome 2, Armand Colin, 1984


[5] Pierre Goubert, Daniel Roche, Les Français et l’Ancien Régime : culture et société, tome 2, Armand Colin, 1984

 

Naissances et deces
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La famille

La cellule de base de la société

 

La famille est la cellule de base de la société d’Ancien Régime. Dans le monde rural, ce sont les familles souches qui dominent, c’est-à-dire les familles enracinées de génération en génération dans le même village, mieux encore dans la même maison. Jérôme Luther Viret[1] détermine deux types de famille : la « parentelle » avec une éthique de la parenté où tous les enfants sont égaux et les biens également partagés et « la famille-maison » qui privilégie la communauté de résidence où une hiérarchie est établie entre germains. Le premier cas entraîne le partage des biens, le deuxième non.

 

Une autre distinction existe : la famille nucléaire (ou étroite ou restreinte) réduite aux parents et enfants et la famille élargie englobant les aïeux, les cousins, les oncles et tantes. Dans leur lexique historique de la France d’Ancien Régime, Guy Cabourdin et Georges Viard sont plus explicites et proposent la typologie suivante proposée en 1992 par Peter Laslett :

- Les solitaires : deux cas peuvent se présenter, les veufs ou les veuves sans enfant et les célibataires ;

- Les ménages sans noyau conjugal : plusieurs cas de coexistence sont possibles, une fratrie dont les membres sont restés célibataires, des membres d’une même famille célibataires et des individus célibataires sans liens de parenté ;

- Les familles conjugales ou mononucléaires : il s’agit soit d’un couple marié sans enfant, d’un couple marié avec enfants ou d’un veuf ou d’une veuve avec enfant(s) ;

- Les familles élargies : l’élargissement peut concerner des ascendants, des descendants (les petits-enfants) et des collatéraux ;

- Les familles polynucléaires : ce sont des familles auquel se joint au noyau premier un noyau secondaire ascendant ou descendant ou à collatéraux ;

- les familles à structure indéterminée comportant certains liens de parenté mais comme dans le cas des frérèches accueillant des personnes sans lien de parenté qui concluent un contrat et vivent en communauté.

 

Il est possible de parler de famille patriarcale lorsque tous les fils se marient et s’établissent au foyer paternel. Il y a famille souche quand un enfant marié reste seul au foyer paternel et hérite du bien familial. 

 


Le chef de famille

 

Depuis le XVIIe siècle, l’homme est le chef de famille et a autorité sur son épouse et ses enfants. Cette autorité ne peut pas être contestée. Tous les membres de la famille lui doivent obéissance, mais il est contraint de protéger sa femme, d’éduquer ses enfants et, s’il en a, d’être bienveillant avec ses serviteurs qui sont considérés comme faisant partie de la famille.

 


La femme dans la société d’Ancien Régime

 

La femme est considérée comme un être « inférieur », elle demeure une mineure : enfant elle est sous l’autorité du père, adulte sous celle de son mari. La femme est un être dominé, frappée d’incapacité juridique et considérée comme incapable de gérer ses propres biens. Son infidélité est très sévèrement punie. Les violences conjugales existent et ont souvent un arrière-plan économique. Dans la comédie écrite par Molière, L’Ecole des Femmes, créée le 28 décembre 1662, à l’acte III scène 2, il décrit parfaitement la situation de la femme. Parlant à Agnès, sa future femme, Arnolphe lui explique ce que doit être une épouse :

« Le mariage, Agnès, n’a rien d’un badinage.

A d’austères devoirs le rang de femmes engage…

Votre sexe n’est là que pour la dépendance.

Du côté de la barbe est la toute puissance.

Bien qu’on soit deux moitiés de la société,

Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité ;

L’une est moitié suprême, et l’autre subalterne ;

L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne…

Et de l’obéissance et de l’humilité,

Et du profond respect, où la femme doit être

Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître.

Lorsqu’il jette sur elle un regard sérieux,

Son devoir aussitôt est de baisser les yeux… »

 

Puis, il lui fait lire les maximes du mariage. La première concerne la fidélité et l’interdiction de l’adultère. La deuxième concerne « le soin de sa beauté » qui est le fait uniquement des désirs de son mari. La troisième exige des épouses de rester naturelle. La quatrième lui ordonne de cacher ses cheveux quand elle sort. Les cinquième et sixième maximes mettent en garde la femme contre les hommes autres que son  mari. La septième maxime vante l’ignorance pour la femme. Les maximes suivantes lui interdisent de se réunir avec d’autres femmes, de s’adonner aux jeux et de se promener. Toutes ces maximes ne s’appliquent certainement pas aux femmes des campagnes.


 

Le mariage

 

Il est difficile de savoir comment se réalise un mariage : mariage d’amour ou mariage arrangé par les parents ?  S’il semble bien que les parents jouent un rôle décisif et très important dans le choix, il n’est pas interdit de penser qu’en milieu rural, dans le cadre d’un petit village, les futurs époux ne se soient pas connus au cours de l’enfance, aient joué ensemble et n’aient pas mutuellement influencés le choix des parents. Il est certainement vain de parler d’amour, celui-ci se construit peut-être avec le temps. Les mariages se réalisent entre jeunes du même village, entre 80 à 90 % des mariages. Ce haut niveau d’endogamie explique les malformations congénitales. Les autres mariages se contractent avec les jeunes des villages les plus proches.

 

Ce qui est certain, c’est que le mariage est, aux yeux de l’Eglise, un engagement ferme et définitif. Il s’agit d’un acte indissoluble. C’est la raison pour laquelle, il est toujours précédé de fiançailles et qu’il est annoncé par le curé du haut de la chaire et cela à trois reprises au cours des semaines qui précèdent lors de la messe du dimanche. Ces annonces, appelées aujourd’hui bans du mariage, doivent permettre de dénoncer les empêchements à la future union. Le mariage est un sacrement et l’Eglise veut lutter contre les désordres comme le concubinage ou la bigamie. Si le mariage est un acte religieux, il est aussi un engagement « civil » avec la plupart du temps la signature d’un contrat.

 

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les mariages sont tardifs dans le monde rural. Il est en effet plus sage d’attendre la mort du père pour se marier afin de pouvoir s’établir dans sa maison et de reprendre son exploitation : la réalité économique l’emporte sur l’amour. Il est reconnu aussi que la chasteté préconjugale est très largement respectée dans les campagnes. Néanmoins ce contrôle strict et vertueux n’empêche pas une fécondité débordante.

 

Il est aussi à noter que le mari qui devient veuf se marie de nouveau rapidement, souvent à peine un mois après la mort de l’épouse précédente. Par contre, l’épouse qui devient veuve se marie après un temps plus long si elle se tel est le cas. Par les registres paroissiaux, nous pouvons déterminer la durée d’un mariage, sachant qu’à cette époque seule la mort met fin à une union.

 

La fille en se mariant quitte sa famille et entre dans celle de son mari. Elle doit alors défendre les intérêts de sa nouvelle famille. L’enfance se termine à l’âge de 7 ans. On naît dans un village et il existe une très forte probabilité que l’on meurt dans le même village, moins pour les filles qui peuvent de marier avec un jeune d’un village voisin, moins pour les plus miséreux qui peuvent être poussés à la mobilité.

 

« Les qualités exigées de l’épouse sont celles qui font la bonne ménagère : vertu conjugale, fécondité, bonté, esprit pratique et économe »[2]. L’univers de la femme est l’intérieur de la maison, rares sont celles qui peuvent gérer leurs biens même quand elles sont veuves. Néanmoins, dans les familles les plus pauvres, les femmes travaillent dans les champs avec les hommes.

Au sein de la famille, entre mari et femme, l’ordre des tâches est bien établi. A la femme revient le travail domestique : aller chercher l’eau, maintenir et entretenir le feu, faire la lessive, faire le ménage, préparer les repas, entretenir les vêtements, les fabriquer (tricot, couture), entretenir le jardin et connaître les herbes et les plantes[3]. Aux hommes correspondent les tâches productives sur le finage du village et l’entretien des chemins. L’homme laboure, sème et récolte. Mais il n’est pas interdit de voir des femmes participer aux travaux agricoles. Les enfants sont d’abord des bouches à nourrir, ils seront très vite mis à contribution selon qu’ils soient filles ou garçons. Ce sont souvent eux qui ont la garde du bétail.

 

Par définition, le père est autoritaire, il est un « patriarche dur aux fils et plus encore aux filles » dit Emmanuel Le Roy Ladurie[4]. L’épouse doit être soumise à son mari. Les liens du sang sont néanmoins fondamentaux. Ceci crée des droits et des devoirs. « Cette communauté de sang liait les vivants aux morts par une solidarité verticale qui imposait de prier pour le salut de l’âme des ancêtres, de respecter et faire respecter leur mémoire »[5]. Quant à la solidarité horizontale, elle se manifeste dans les alliances matrimoniales.


tableau des mariages

 

 


Qu’en est-il à Meyzieu des mariages ?

 

  En 1701, sept mariages sont célébrés à Meyzieu, trois en avril, deux en juin, un en novembre et le dernier en décembre.                        

 

 

La fécondité

 

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les femmes se marient en règle générale entre 25 et 26 ans. A cette époque l’âge du dernier enfant se situe autour de 40 ans. Le taux de fécondité dépend de ces données et il est aussi fonction de la durée du mariage. En moyenne, les naissances s’échelonnent tous les deux ans et demi. L’écart est plus court quand la femme est jeune et au début du mariage. Par la suite l’intervalle augmente. Le taux de fécondité est calculé en établissant le rapport entre le nombre de naissances et le nombre de femmes en âge de procréer et mariées. Sous l’Ancien Régime, le nombre moyen d’enfants pour une femme s’établit en moyenne à cinq. Ce nombre peut être plus élevé en milieu rural et atteindre sept, voire huit enfants.

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Jérôme Luther Viret, Le sol et le sang, la famille et la reproduction sociale du Moyen Age au XIXème siècle, CNRS Editions Alpha, 2014


[2] Pierre Goubert, Daniel Roche, Les Français et l’Ancien Régime : la société et l’Etat, Armand Colin, 1984

 

[3] Pierre Goubert, Daniel Roche, Les Français et l’Ancien Régime : la société et l’Etat, Armand Colin, 1984

[4] Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire de la France rurale, sous la direction de Georges Duby et Armand Wallon, Seuil, tome 2, 1975

[5] Ibidem 2

 

Mariages
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Le quotidien

Gabriel Audisio écrit : « la dépendance des français d’hier à leur environnement naturel se confirme par l’environnement matériel que constituait le cadre quotidien de leurs activités »[1]. Si la transformation des matières brutes demeure encore sommaire, il est évident que les produits les plus élaborés ne sont pas destinés aux paysans.

 

En ce qui concerne l’alimentation, celle-ci est simple et peu variée. Les paysans mangent essentiellement des céréales, appelées ‘bleds’ et la viande est un plat de luxe réservé uniquement pour les très riches, les paysans n’en consomment pas. On est loin des festins des seigneurs et de la riche bourgeoisie. Le pain est leur nourriture quotidienne. Les plus riches utilisent le froment. Les céréales se mangent sous différentes formes : bouillies, galettes et pains. « Un homme, travailleur de force pouvait en manger trois livres par jour, un enfant en consommait une livre »[2] écrit Gabriel Audisio. Il existe plusieurs variétés de pains, le pain blanc se mange frais, mais il n’intéresse que les très riches. Le pain ordinaire se mange plus ou moins dur. Le pain ne se mange pas seul. Il accompagne la soupe. La plupart du temps, la soupe et le pain sont la seule nourriture à chaque repas. Le vin est une boisson courante, il peut être coupé avec de l’eau. Il s’agit bien souvent d’une « piquette » produite localement. Mais la boisson la plus courante est l’eau, une eau bien souvent polluée qui transmet germes et virus. La conservation des aliments est très difficile. La nourriture est tout à la fois insuffisante et mal équilibrée. Les carences sont multiples. Cette mauvaise alimentation entraîne des problèmes de santé qui peuvent mener à la mort. Ces déséquilibres expliquent que les humains de cette époque étaient de petite taille.

               

L’habitat est tout aussi simple et rustique : des murs en pisé et une toiture en paille. Les murs en pisé craignent l’humidité, aussi les murs sont composés de trois éléments : le soubassement constitué de gros cailloux roulés qui sont fréquents sur les sols fluvio-glaciaire, le pisé dont l’épaisseur varie entre 20 à 30 cm et atteignant 1,20 à 2,50 mètres de hauteur, enfin la couverture qui est constituée de tuiles creuses et enrobées dans une couche de mortier.

 

Les maisons et autres constructions ne pouvaient être construites qu’avec les matériaux les plus proches. Les maisons rurales demeurent des abris précaires qui ne protègent pas du froid et mal de la pluie. Les sols sont en terre. Les ouvertures sont évitées à cause des difficultés d’isolation, ce qui fait que l’intérieur des maisons est sombre : c’est la pénombre qui l’emporte. Les maisons comportent la plupart du temps une seule pièce où l’on mange et dort, celles des paysans plus riches possèdent une pièce commune qui contient la cheminée et une ou deux autres pièces de plus petite taille. Les cheminées fonctionnent mal et enfument souvent l’intérieur. Le choix est simple : faire un courant d’air et laisser entrer le froid ou avoir moins froid et respirer les fumées toxiques.

 

Il existe une promiscuité entre les humains et le bétail, bétail qui a l’avantage d’apporter un peu de chaleur. Mais la promiscuité existe aussi entre hommes et femmes, enfants et adultes. Dans les maisons les plus anciennes et les plus pauvres, la cheminée peut encore se trouver au milieu de la pièce avec la fumée qui s’échappe par un trou fait dans le toit. Les maisons rurales sont bien souvent inconfortables. Gabriel Audisio les décrit comme « malsaines »[3]. Dans un inventaire après décès[4] de 1697, il est précisé que deux chambres sont séparées par une écurie. Il est écrit également qu’il y a un grenier au-dessus de la maison. Il existe une remise à côté de la maison ainsi qu’une cour. L’inventaire précise que la porte de la maison ferme à clef et est en bon état. La porte de l’écurie est en mauvais état.

 

L’environnement immédiat de la maison est très important. C’est aussi un lieu de vie permanent de tous. Il est parfois clos. Selon la superficie de l’espace et le niveau social, cet espace peut comporter d’autres constructions. Certaines maisons ont une cour où s’entasse le peu de fumier et son purin. Les mieux lotis disposent d’un jardin, voire d’une verchère.

 

Les biens mobiliers sont rudimentaires. Les inventaires après décès nous renseignent sur les biens possédés à cette époque. Dans ses inventaires, le notaire Bouard précise ce qui se trouve à l’intérieur des maisons. Généralement, les biens décrits sont : un lit, un coffre, une table, des bancs, une maie à pétrir le pain, quelques futailles, du linge de maison et un peu de vaisselle et des chaudrons. Le coffre est en bois, il a un couvercle qui ferme généralement à clef. La présence du coffre est importante, il est lié à l’apport de la dot de l’épouse. Il permet tout à la fois de ranger le linge et les vêtements, mais aussi de la nourriture. Chez le plus grand nombre la table est une simple planche reposant sur deux tréteaux. Le lit ne comporte pas de sommier, il s’agit d’un simple matelas ou d’une litière. A cette époque le mot ‘lit’ signifie linge de literie. L’équivalent de notre lit s’appelle ‘bois de lit’, on le retrouve chez les paysans aisés. L’inventaire des biens d’Antoine Cusin[5], décédé le 10 août 1697, nous donne un aperçu des biens possédés à cette époque. Le mobilier se compose de deux chalits[6], l’un en bois de noyer, l’autre en bois de sapin et un coffre en bois de noyer et deux en bois de sapin qui ferment à clef. Il possède aussi trois pots en fer sans couvercles, un chenet et une broche en fer, une poêle à frire, un crochet à peser, un seau en bois, un petit bassin en cuivre, un chaudron de cuivre, un tarare, une taravelle[7], une hache et un outil pour tondre les moutons, sept tonneaux, une échelle, une bêche, un rouet à filer, un joug. Il est en possession de cinq draps de lit en toile et de quatre autres en toile grossière ainsi que de trois nappes. En ce qui concerne les vêtements, il a un justaucorps en drap gris qu’il tenait de son père, huit chemises, un autre justaucorps gris de feu sa mère et une paire de haut de chausses[8].

 

Les paysans sont mal vêtus. Les plus pauvres portent des haillons qui les couvrent à peine. Mais de plus en plus ont des vêtements de laine[9]. Gabriel Audisio précise que « le vêtement est avant tout une protection »[10]. Les paysans ne portent pas de sous-vêtements. « La chemise se met sur la peau. Elle est de chanvre. Son tissage paraît grossier »[11]. Les hommes, comme du temps des gaulois, portent des braies qui seront remplacées progressivement par des pantalons collants en laine ou en drap. Comme les hommes, les femmes portent une chemise qui est au contact de la peau. La jupe est plus courante que la robe. Les femmes complètent leur habillement avec un tablier. Hommes et femmes se doivent de porter une coiffe lorsqu’ils sortent à l’extérieur. « La coiffe féminine est le plus souvent de toile blanche »[12]. La nuit l’homme met un bonnet, la femme une cornette. Les paysans ne portent pas de chaussures, mais ils utilisent des sabots pour ceux qui en ont les moyens, sinon ils marchent nu-pieds. A l’intérieur, hommes et femmes marchent nu-pieds. Il faut aussi signaler que ces vêtements sont à l’image du quotidien : gris ou noirs.

 

Dans cette société rurale, la pauvreté est prégnante, mais le plus important, c’est la peur de la pauvreté. Le dimanche est un jour sacré où l’on ne travaille pas. Mais selon les régions et les villages, le nombre de jours de fêtes varient et peut atteindre une centaine de jours ! La vie demeure austère dans un monde qui vit sur lui-même en quasi autarcie.

 

Le village est envahi par les odeurs nauséabondes venant des habitations. Le purin s’écoule selon les pentes des chemins. Ceux-ci en terre sont souvent soit boueux en cas de pluie, soit des nids à poussière en cas de sécheresse. Il faut imaginer le chemin de l’église à la place des Maisons Rouges avec un ruisseau pestilentiel le parcourant. Par moment, les chemins peuvent devenir de véritables cloaques. Ici où là peuvent se constituer de petites mares qui sont des nids à épidémies.

 

 

 

 

 



[1] Gabriel Audisio, Des paysans, XVe-XIXe siècle, Armand Colin, 1993

[2] Ibidem 1


[3] Ibidem 1

[4] Actes du notaire Bouard, Archives Départementales et de la Métropole de Lyon, 23 J 6

[5] Ibidem 26

[6] Chalit : charpente en bois sur laquelle repose le sommier

[7] Taravelle : pièce de bois permettant de manœuvrer un treuil

[8] Haut de chausses : vêtement masculin couvrant le corps du ventre au genou et tenu par une ceinture

[9] Fernand Braudel, Les structures du quotidien, Armand Colin, 1979

[10] Gabriel Audisio, Des paysans, XVe-XIXe siècle, Armand Colin, 1993

[11] Ibidem 2

[12] Ibidem 2

 

Une communauté du Velin

     Les rentiers de la terre 

 

Cette catégorie regroupe tous ceux qui tirent un profit de leurs terres et qui considèrent leurs possessions comme un investissement dont ils espèrent qu’il sera le plus productif possible. Pour les plus riches d’entre eux, la volonté de paraître noble se marque par l’usage de la particule associée à un nom de lieu local : Panettes, Rambion. Parmi ces riches investisseurs figurent les trois plus importants propriétaires sur le finage de Meyzieu. La présence du Seigneur de Meyzieu ne surprend pas. A l’inverse des bourgeois qui ont cherché à réaliser un investissement productif, le seigneur de Meyzieu ne possède pas les meilleures terres et il est toujours en possession de terres pauvres et peu productives. Ainsi dans cette catégorie des rentiers de la terre se côtoient des membres de la noblesse (quatre au total), un membre du haut clergé lyonnais très proche de l’archevêque et des bourgeois à la richesse variée qui demeurent à Lyon. Un nouveau phénomène se développe au-delà de l’investissement productif, c’est aussi celui de posséder un pied à terre à la campagne à une quinzaine de Km de Lyon, ce qui, pour l’époque, est tout à la fois loin et à proximité. En distance, ce n’est pas loin de Lyon, mais en temps de trajet c’est long.

 

Le parcellaire ne précisant pas l’origine des propriétaires, c’est le croisement des différentes sources qui permet de savoir leur origine, mais cela n’est pas systématique et il sera nécessaire d’approfondir les recherches en ce sens pour être capable de donner des indications pertinentes et les plus précises possibles. Dans cette partie, nous étudierons successivement les trois plus importants propriétaires de Meyzieu, puis les membres de la noblesse qui n’habitent pas Meyzieu et enfin les bourgeois lyonnais.

 


  1 1 - Madame la Marquis de Pusignan, Dame de Meyzieu


Il s’agit de Marie-Anne de la Poype Saint Jullin. Son père appartient à la noblesse de robe, il est Président de la Cour du Parlement de Grenoble.

Elle épouse le 10 octobre 1679 François Claude Camus d’Arginy qui, pour pouvoir hériter de son oncle, devra prendre le nom de Claude Costaing. Sa mère Catherine de Costaing est la sœur d’Aymar de Costaing, seigneur de Pusignan et Meyzieu, lieutenant de la Fauconnerie de France. Son père est Charles Camus, fils de Claude Camus et Anne Grollier. Charles et Catherine se sont mariés en janvier 1637 et eurent sept enfants. La famille Costaing appartient à la noblesse viennoise. Depuis plusieurs générations, elle a la charge de gardien de la ville de Vienne.

Le mariage est célébré en l’église des Augustins de Crémieu.

Claude Camus est né vers 1640. Dès son plus jeune âge, il s’engage dans la carrière militaire. Cadet des Mousquetaires du Roi, il entre ensuite au régiment de Plessis-Praslin qui deviendra par la suite le régiment du Poitou. Il y gravit tous les grades : capitaine des grenadiers majors, lieutenant-colonel en 1675. Il combat en Flandre en 1667, participe aux sièges de Douai, Tournai et Lille. Il participe à la campagne de Hollande. Turenne dit de lui : « avec des gens comme vous, on doit attaquer hardiment car on est sûr de vaincre ». Il se distingue par son courage et sa hardiesse. Le 4 août 1675, il est nommé capitaine des grenadiers. Il est à Lyon le 19 septembre 1675 lorsqu’éclate une émeute suite à l’arrestation d’un mendiant. Il s’interpose pour empêcher son internement. Le 22 janvier 1676, il devient l’héritier de son oncle. Ce dernier meurt en mai 1679. Avec son héritage, il est devenu un homme riche. Il peut se montrer à Versailles et y tenir rang. En novembre 1679, le Roi le récompense pour ses faits d’armes en élevant les terres de Pusignan et Meyzieu en un marquisat. Par un acte de 1684, il est précisé que s’il n’a pas d’enfant, le titre de marquis disparaîtra. Il poursuit sa carrière militaire, achète en 1680 le régiment de Languedoc dont il devient colonel. En avril 1684, il fait le siège de Luxembourg et le 31 mai, il s’empare du château de Munster. Il est promu brigadier en 1686, puis inspecteur général de l’infanterie. En 1687, ce sont ses hommes qui creusent le canal d’amenée des eaux à Versailles.

Son mari meurt au combat en 1689. Elle n’a pas d’enfant. Elle réside en ses hôtels de Vienne et de la place Bellecour à Lyon. Elle meurt en 1706.

Elle possède le château de Meyzieu qui est constitué du château en lui-même, d’un jardin et d’une cour. Le château comprend aussi une tour et un pigeonnier. Il est entouré par un fossé. Autour du château, se situe un bois, un verger, des prés et quelques terres labourables. Sur le mas 2, elle possède une exploitation agricole, appelée Grange Blanche, composée d’une maison, d’une grange avec un jardin et une cour. Cette exploitation se situe immédiatement au sud-est du château de l’autre côté de la Place Publique. Elle détient une autre maison sur le mas 26 avec un jardin et une cour. Celle-ci se situe en face de la précédente au sud de cette dernière. Elle occupe l’espace entre le chemin de Meyzieu à Genas, le chemin de la rue du Meunier et la ruette de Riondam.

6 parcelles sont roturières, 3 ont été affranchies et 2 sont mixtes.

Sur le parcellaire réduit de 1701, il est écrit en 1715 Seigneur de Meyzieu. Ce dernier n’est plus en possession de toutes les parcelles de la Marquise de Pusignan. Il lui manque les parcelles 310, 327, 471, 555 et 569.

 

 

 

Parcelles détenues par la Marquise de Pusignan

 

 


Répartition par lieux-dits

 

 

Répartition de l'occupation des parcelles

 

 

Répartition des activités agricoles

 

 

Superficie en ha

Superficie en %

Bâtiments

0,6128

0,13

Jardin

0,4712

0,10

Verger

0,8994

0,18

Vignes

5,1786

1,07

Bois

67,3365

13,98

Pré

21,4052

4,44

Terre (champs cultivés)

384,2364

79,75

Pré et terre

1,4629

0,30

Pré, terre et vignes

0,2711

0,06

TOTAL

481,8241

22,92

 

Registre paroissial de Crémieu, archives départementales de l’Isère :

« Du 10ème jour d’octobre 1679 après avoir vu le certificat de monsieur le Curé de Grenoble d’une proclamation de mariage d’entre noble Claude de Costaing marquis de Pusignan et de damoiselle Marianne de la Poype Saint Jullin fille de Messire Louis de la Poype Saint Jullin présidant au parlement de Grenoble et la dispense des autres deux proclamations données par Monseigneur l’évêque dudit Grenoble, comme aussi vu la dispense de Monsieur le Grand Vicaire de l’archevêché de Lyon et n’apparaissant d’aucun empêchement canonique, je soubsigné Curé les ai interrogé en l’église et moyennant leur mutuel et réciproque consentement je leur ai solennellement donné la bénédiction nuptiale en présence des soubsignés »

 

 

2-  Paul de Cohade de Rambion – 1637-1726

 

 

Portait de Paul de Cohade

 

 


 

Dominicain, professeur de Philosophie, Docteur à la Sorbonne, il s’installe à Lyon où il obtient la custoderie de l’église Sainte Croix en 1678, comme en témoigne le document suivant retranscrit à l’identique :

« Nous, Roger Joseph Damas de Marillat, Doyen de l’Eglise Comte de Lyon, et en cette qualité Patron Collateur, et ayant l’institution des custoderies de l’Eglise de Sainte Croix dudit Lyon ; scavoir faisons que duement informé des bonnes vie, mœurs, sens, suffisance et capacité de Messire Paul Cohade, sieur de Rambion, licencié en théologie de la Maison et Société de Sorbonne, professeur de Philosophie au Collège du Plessis à Paris, à ces causes et autres justes considérations à ce nous mouvant, lui avons donné et conféré, donnons et conférons de plein droit, en sa qualité de gradué bien et duement qualifié, ou autrement, l’une des Custoderies de la dite église de Sainte Croix, à présent vacante par le décès de Messire Pierre Gazanchon, dernier paisible possesseur d’icelle, arrivé dans le présent mois de d’octobre, affecté aux gradués simples, pour en jouir par ledit Messire Cohade, aux honneurs, droits et revenus en dépendants, tant au spirituel qu’au temporel, de même que le défunt Messire Gazanchon en a joui. Si prions et requérons à ces fins Messieurs du Chapitre de ladite Eglise de Lyon, ou le premier Prêtre et Notaire requis, vouloir mettre et installer ledit sieur Cohade ou son Procureur pour lui en la possession réelle, actuelle et corporelle de la dite Custoderie, droits et revenus en dépendants par les formalités en tel cas requises. Donné à Lyon en notre hôtel cejourd’hui 17 octobre 1678 après-midi, en présence de monsieur Bousset et de monsieur Claude Hugues, Praticiens audit Lyon, témoins requis, qui ont signé avec nous à la minute, et monsieur François Cassille, Notaire Royal et Apostolique audit Lyon, que nous avons fait contresigner comme notre secrétaire en cette partie. Soit scellé suivant l’Edit.

Signé : Camille, Notaire Royal et Apostolique

Scellé le 30 dudit mois. Signé Durieu

Insinué au Greffe des Insinuations Ecclésiastiques du Diocèse de Lyon, livre 5, fol 292, le 8 novembre 1678, par moi soussigné.

Signé : Renaud ».[1]

La Custoderie de Sainte Croix se situe à proximité de la cathédrale Saint Jean. Elle est la maison où sont logés les custodes et curés de l’église Sainte Croix. Le terme de custode est synonyme de celui de ^presbytère ou de maison curiale.

En même temps Paul de Cohade occupe aussi la charge d’official métropolitain de l’archevêque. L’official, appelé également vicaire judiciaire ou vicaire général, a la charge d’exercer le pouvoir judiciaire conformément aux règles du droit canonique et à la jurisprudence de l’Eglise Universelle. A sa mort, il fait don aux dominicains de sa bibliothèque suite à un codicille rédigé le 20 juin 1704 puis par un testament olographe du 11 avril 1722. En échange les religieux devaient dire chaque année 24 messes pour le repos de son âme. .

Une gravure représentant Paul de Cohade est conservée aux archives départementales et métropolitaines. Cette gravure est l’œuvre d’Antoine Leclerc réalisée en 1711.

Paul de Cohade est le deuxième propriétaire de Meyzieu. Il possède 18,5 % de la superficie du village. C’est sur le mas 19 qu’il possède le plus de biens. Les terres dominent. Il ne possède des parcelles que sur la moitié des mas. Les parcelles détenues sont d’une vaste superficie puisqu’avec moins de 3 % de celles-ci, il possèdent près de 20 % des terres.

En 1715, Paul de Cohade reste propriétaire de toutes ses parcelles de 1701. Par contre, à la lecture du courcier de 1755, la plus grande part des terres de Paul de Cohade sont devenues la propriété du nouveau seigneur de Meyzieu, Louis Deleusse.

Voici la transcription de l’acte de décès de Paul de Cohade :

« Messire Paul Cohadede Villeneuve, prêtre, docteur et professeur de la maison et société de Sorbonne, ancien custode de Sainte Croix, vicaire général de ce diocèse et official primatial, âgé de quatre-vingt-neuf ans est décédé dans la custoderie, près la petite porte de Sainte Croix le quatrième février mil sept cent vingt et six, et esté inhumé le six du dit-mois dans l’église de Sainte Croix où est le tombeau des custodes et    de l’église. On est parti après la grande messe canoniale processionnellement du grand chœur, Monseigneur l’Archevêque portant l’étole, on est entré par la grande porte de Sainte Croix où le corps estoit exposé dans la chapelle de Notre-Dame de la Pitié. Monseigneur a fait la levée du corps qui a esté porté dans le chœur tout tapissé. Deux des quatre custodes et deux anciens perpétuels ont porté le coin du drap qui ont ensuite fois chaque,  monsieur Terrasson a dit la grande messe deux perpétuels ont fait  , après laquelle Monseigneur a fait l’absout ; la sonnerie et tout le reste suivant la coutume observée à de tels enterrements dans la cathédrale.Fait et passé en présence des témoins qui ont signé ».

Signatures : Dugaiby, Roux vicaire,Simon vicaire, Petren doyen des dits-vicaires [2]

 

Acte de décès    

 

 

Tableau des biens de De Cohade

 

Superficie en ha

Superficie en %

Bâtiment, cour et jardin

2,9018

1

Pré

52,8457

14

Terre (champs cultivés)

164,1695

42

Pré et terre

22,3553

6

Herme

12,0330

3

Vacant

0,2831

0,07

Bois, broussailles

51,6892

13

Vigne

1,4332

0,37

Terre, bois et vigne

81,6838

21

TOTAL

389,3946

18,52

 

20 parcelles sont nobles, soit les 2/3 des parcelles détenues, 7 parcelles sont roturières, 2 affranchies et 1 mixte

 




[1] Mémoire servant de réponse pour monsieur Deville, sacristain de Saint Etienne, à celui de monsieur Thurigny dévolutaire. (Page 42)

 

[2] Acte de décès , registe de l’église Sainte Croix, archives municipales de Lyon

 


3- François de Vincent de Panettes – 1658-1705

 

Gaspard Vincent de Panettes, le père de François, est maître des requêtes au Parlement de Dombes et avocat du Roi au Présidial de Lyon. Sa mère s’appelle Anne Chapuis. Il est né en 1658.

                                Acte de naissance de François de Vincent, Archives Municipales de Lyon


 François se marie le 15 octobre 1683 avec Françoise Reynon qui est née à Lyon en 1663 et qui a été baptisée deux ans plus tard le 5 décembre 1665. Françoise Reynon est la fille de Bernardin Reynon mort en 1686 et de Madelaine du Sausey de la Vénerie, née le 12 janvier 1660.


Françoise Reynon et François de Vincent de Panette ont eu 7 enfants : Bernardin né en 1684 et mort l’année suivante, Magdeleine née en 1685, Jean-François Gaspard né en 1686 et mort en 1752 qui fut écuyer, Benoit né en 1688, François Barhélémy né en 1689, Jeanne née en 1694 et Elisabeth née en 1698.


 François de Vincent de Panette est seigneur de Panette et de la Breille. Il est conseiller et chevalier d’honneur au parlement de Dombes. Il est secrétaire du Roi auprès de la Cour des Monnaies de Lyon. Il meurt en janvier 1705.


Acte de décès de François de Vincent de Panettes, Archives Municipales de Lyon  Arbre généalogique

 « Le dit jour enterré dans l’église messire François de Vincent chevalier seigneur de Panetes et autres places, conseiller chevalier d’honneur au parlement de Dombes, âgé de 46 ans, présents noble 

 

Tableau de ses biens

 

Superficie en ha

Superficie en %

Bâtiment, cour et jardin

0,8496

1

Pré

10,3834

1

Terre

61,1457

75

Pré et pâturage

2,5955

3

Pré et terre

3,0144

4

Vigne et terre

3,6102

4

TOTAL

81,5988

3,88




Neuf parcelles sont nobles, soit 60 %, 4 sont roturières et 2 sont mixtes.

Les autres rentiers :

 

Il s’agit des seigneurs de Jonage, Décines et Genas. Les terres qu’ils possèdent sur Meyzieu sont contigües à leur seigneurie :

 

- Le seigneur de Jonage possède deux parcelles situées sur le mas 8 pour une superficie de 15,0751 ha et une valeur totale de 567,89 deniers. La valeur moyenne à la sesterée de ses parcelles est de 16 deniers. Elles sont occupées par des terres. Elles sont nobles.

 

- Le seigneur de Décines possède 5 parcelles, une sur le mas 22 et toutes les autres sur le mas 23 pour une superficie de 5,7859 ha et une valeur totale de 529,44 deniers. La valeur moyenne à la sesterée est de 41 deniers. Les parcelles sont totalement occupées par des terres. Une parcelle est noble, quatre sont roturières.

 

- Le seigneur de Genas possède une seule parcelle  située sur le mas 26 pour une superficie de 0,2029 ha et une valeur totale de 22,93 deniers. La valeur à la sesterée est de 48 deniers. La parcelle est en terre. Elle est noble.

 

De Lyon :

                                                                    Lieu-dit             Qualité                  Superficie             Valeur   

Bouard  Guillaume           mas 25                  Riondam             Roturier                 0,1858                   73,50

Bouard  Guillaume           mas 25                  Chamblanc          Roturier                 1,7579                   346,00

                                                                                                                         1,9437                   419,50

 

Cusin Tanos  Antoine       mas 1                    Le Mont             Noble                     0,3303                   63,00

 

Cette liste est non exhaustive car le parcellaire ne donne pas d’indication de l’origine des propriétaires, c’est en étudiant les documents annexes (registres de la taille, registres paroissiaux) qu’il est possible d’apprendre l’origine des propriétaires. Le bilan pour l’ensemble des rentiers s’établit provisoirement ainsi :


- Superficie totale : 976,1554 ha, soit 46,44 % de la superficie de Meyzieu

- Valeur totale : 83407,60 deniers, soit 48,69 % de la valeur globale

- Nombre totale de parcelles détenues par les rentiers : 106 soit 9,8 % des parcelles

- Parcelles nobles : 72, soit 68 % des parcelles détenues par les rentiers

- Parcelles roturières : 24, soit 23 % des parcelles

- Parcelles affranchies : 5

- Parcelles mixtes : 5

- 8 propriétaires

 

 Ainsi huit personnes qui ne résident pas à Meyzieu possèdent quasiment la moitié du village.

 

 

 

Occupation
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occupation.pdf
Marquise
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Marquise.pdf
Les lieux dits
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les_lieux_dits.pdf
Marquise
130 ko
Marquise.pdf
P1460050
3,5 Mo
P1460050.JPG
Acte de deces de Paul de Cohade
1,4 Mo
acte_de_deces_de_Paul_de_Cohade.bmp

246 propriétaires

Le parcellaire de 1701 nous permet de connaître ceux qui possèdent des terres sur le finage de Meyzieu. Les propriétaires sont nombreux : 246 au total. Cela concerne environ un tiers de la population de Meyzieu. Par l’étude du parcellaire, nous voyons se dessiner les prémices d’un mouvement qui s’amplifiera au cours des années suivantes : la mainmise des terres par la bourgeoisie lyonnaise. Ce sont les rentiers de la terre.  Le tableau suivant dresse par ordre alphabétique la liste des propriétaires en précisant le nombre de parcelles de chacun et le nombre d’hectares de leurs possessions.             


Tableau des propriétaires     

    

 

Quatre-vingt-six propriétaires possèdent moins de 1 ha, soit 35 % des propriétaires. A l’opposé vingt-sept propriétaires possèdent plus de 10 ha, soit 11 % des propriétaires. Un seul propriétaire détient près de 56 % des terres. La médiane s’établit à 1,8993 ha. Ainsi, il est possible d’affirmer que la très grande majorité des propriétaires ne peut pas vivre de sa propriété et est obligé d’avoir une activité. Parmi les propriétaires, il existe un certain nombre de non paysans mais d’artisans et de commerçants.

 

Sur les 246 propriétaires, 18 habitent à Jonage, soit 7,3 % des propriétaires, 13 résident à Chassieu, soit 5,3 %, 5 sont à Charpieu, soit 2 % et 1  a son domicile à Genas. Ces chiffres ont pu être établis après l’étude des registres de la taille qui précisent l’origine des personnes. La principale difficulté réside dans les multiples homonymies que l’on retrouve sur tous les villages voisins de Meyzieu et qui peuvent nous tromper. Il en est ainsi, par exemple de Claude Barge Marcian. Dans le parcellaire, il est bien vivant, or un Claude Barge Marcian résidant à Chassieu est mort en 1698, donc celui du parcellaire est un autre homme.

 

Si la Marquise de Pusignan possède le plus de terres, c’est Paul de Cohade qui détient la plus forte richesse. De même, si François de Vincent de Panettes possède moins de 4 % des terres, en valeur il atteint 7,59 % de la valeur globale. Cela montre bien que nous sommes rentrés dans un processus capitalistique où la terre désormais achetée par des citadins doit rapporter afin de rentabiliser l’investissement réalisé. Ces capitalistes « terriens » recherchent les meilleures terres. Initié dès le XVIIème siècle, ce phénomène s’emballe au siècle suivant. La rente foncière voit ses rendements augmenter fortement. Face au morcellement des lopins détenus par de pauvres paysans, la bourgeoisie capitaliste a beau jeu d’acheter des terres à des prix fort intéressants. Il est nécessaire aussi d’ajouter qu’un nouveau phénomène commence à se développer chez la bourgeoisie aisée : acheter des terres à proximité de la ville. Ceci  a un double effet : l’obtention d’une résidence de campagne pour les beaux jours, ce qui permet de fuir les puanteurs de la ville, et d’autre part la possibilité d’ajouter à son nom de famille une particule suivi du nom du lieu-dit de la dite-propriété.

 

La répartition de la propriété s’établit ainsi pour Meyzieu : noblesse 27 %, clergé 18,5 %, 54,5 % pour la bourgeoisie et la paysannerie, car l’étude du parcellaire ne les distingue pas forcément et il faudrait croiser les données des registres paroissiaux de nombreuses paroisses. Ces chiffres se veulent une approximation à partir de l’étude des différentes sources. Pour obtenir un résultat plus affiné, il faudra dépouiller les archives notariales.

 

Les 246 propriétaires se partagent les 2102,09 ha du finage de Meyzieu. Le tableau suivant qui nous donne le nombre et le pourcentage des exploitations selon leur superficie, nous fournit de précieuses indications :

 

 

 

Exploitations

< à 1 ha

Exploitations comprises entre 1 et 5 ha

Exploitations comprises entre 5 et 20 ha

Exploitations comprises entre 20 et 50 ha

Exploitations > à 50 ha

Nombre

86

97

55

4

4

%

35

40

22

2

2

 

Pour affiner l’analyse, nous pouvons préciser que les exploitations comprises entre 1 et 2 ha représentent 27,5 % des exploitations de Meyzieu, celles comprises entre 2 et 10 ha 26 % et celles comprises entre 10 et 20 ha 8,5 %.

 

Quelle est la répartition des exploitations quant à la superficie totale selon les catégories définies dans le tableau ci-dessus ? Les exploitations supérieures à 50 ha représentent 1215, 1617 ha, soit 58 % de la superficie globale. Il est aisé de constater qu’une très faible minorité possède plus de la moitié des terres, donc qu’il existe une très forte concentration de terres entre les mains de quatre propriétaires. Mais il est nécessaire de nuancer car dans les exploitations > à 50 ha figurent les communaux qui sont la propriété de la communauté. Si les communaux sont mis de côté, trois propriétaires disposent d’une exploitation dépassant 50 ha ce qui correspond à 963, 3772 ha, soit 46 % de la superficie de Meyzieu.

 

Ce chiffre est quand même à lui seul éloquent. La forte concentration des terres entre les mains d’une infime minorité est patente. Les recherches à venir sur le XVIIIème siècle et sur le cadastre de 1812, nous permettrons de vérifier quelle est la tendance : tendance à l’hyper concentration et en corolaire au micro morcellement ou tendance à la diminution de la concentration. D’ores et déjà, le travail engagé avec le courcier de 1755 laisse entrevoir le maintien d’une très forte concentration, mais dans le même temps une tendance à l’accentuation du morcellement.

 

A l’opposé, les exploitations inférieures à 1 ha ne représentent que 36,2274 ha, soit moins de 2 % du finage majolan. Ainsi plus d’1/3 des propriétaires ne détient  que 1,7 % des terres ! Les exploitations dont la superficie est comprise entre 1 et 5 ha représentent 236,8569 ha, soit 11,3 % du finage. Il est possible de constater que les 3/4 des propriétaires ne détiennent que 13 % des terres.  Le cas des communaux est intéressant et explique en soi les enjeux qui vont se développer au cours du XVIIIème siècle et se réaliser avec la Révolution Française. Ils occupent en effet 12 % des sols et même si ce sont des sols pauvres, il existe là une réserve foncière intéressante pour des investisseurs.

 

Le parcellaire ne nous donne aucune indication sur les modes d’exploitation : faire-valoir direct, fermage ou métayage. Pour approfondir dans cette direction, il faudrait faire une analyse détaillée des rôles de la taille et des archives notariales afin de percevoir au plus juste la réalité sociale de Meyzieu et les modes d’exploitation de la terre.

Le parcellaire nous permet de connaître une partie seulement de la population de Meyzieu et des acteurs qui participent à sa vie économique. Mais il est muet sur la masse qui ne possède rien. Par l’étude des registres paroissiaux et en effectuant des parallèles avec le parcellaire, il peut être possible de mieux cerner cette catégorie de la population qui constitue un  prolétariat rural qui « végète aux portes de la misère » comme l’a écrit Emmanuel Le Roy Ladurie. Mais même cette étude ne nous permettra pas de saisir la présence et la part de la population errante, vagabonds et mendiants. Il nous est difficile d’appréhender l’importance des migrations : qui quitte Meyzieu ? Pour quelles raisons ? Pour aller où ?

 

A partir des sources avec lesquelles nous avons pu travailler, nous allons essayer de faire revivre l’âme des familles. Pour cela, nous nous intéresserons aux rentiers de la terre, puis aux liens unissant les habitants de Meyzieu et enfin à ceux que l’on appelle les forains et qui habitent les villages proches.

 

 

 

Les proprietaires 17 nov 2015
210 ko
les_proprietaires_17_nov_2015.pdf

Les familles élargies (1)

 

La famille André

7,6067

603,17

La famille André

7,6067

603,17

André Lainé  Claude

5

Velin Bolin

Roturier

1,7107

80,55

9

Cézarges

Roturier

0,8789

82,77

16

Velin Dombes

Roturier

0,7639

47,17

23

Rue Mathieu

Roturier

0,3244

73,51

24

Fromenteaux

Roturier

0,0885

27,50

Claude André dit L'Ainé a pour gendre Benoit Varambon. Il est drapier et il a épousé Guillauma Chevallier.

3,7665

311,51

 

    

 

André le Jeune  Claude

2

Vers les Maisons Rouges

Noble

0,6017

114,75

4

Servizières

Roturier

0,6194

58,33

5

Velin et Viere Bolin

Roturier

2,5366

107,50

23

La Jandrière

Roturier

0,0826

11,08

 

3,8403

291,67

      

La famille Blondet

19,5125

1637,68

Blondet  Etienne

1

Sous le Mont

Noble

1,0795

223,67

6

Velin Collier

Roturier

0,5132

19,33

7

Gadelles

Roturier

2,4068

102,00

8

Sur le Dérippe

Roturier

3,0321

114,22

8

Sur le Dérippe

Roturier

1,7579

66,22

15

Terres Bouard

Roturier

0,6371

80,00

22

Déviou

Roturier

0,4365

49,33

24

Fromenteaux

Roturier

0,2773

94,33

26

Combe Larousse

Roturier

0,4070

21,37

Etienne Blondet meurt en 1711

10,5475

770,48

 

    

 

Blondet  Humbert

4

Servizières

Roturier

1,2772

120,28

4

Oignons 

Roturier

0,6371

60,00

26

Rue Meunier et Côte Chevrière

Roturier

0,2065

45,11

26

Bardieu

Roturier

0,1357

26,88

26

Sur la Garde

Roturier

0,2419

26,48

Humbert Blondet a épousé le 17 février 1697 Claudine Pollet. Le père d'Humbert s'appelle Jean. Humbert est laboureur.

2,4983

278,75

 

    

 

Blondet  Jeanne

1

Sous le Mont

Noble

0,5132

97,88

Jeanne Blondet est l'épouse d'Etienne Royan. Sa mère est Laurence Blondet. Jeanne meurt en 1705.

 

    

 

Blondet  Laurence

24

Fromenteaux

Roturier

0,4306

152,08

Laurence Blondet est l'épouse de Jean Gourju. Sa fille est Jeanne Blondet,

 

    

 

Blondet  Vincent

1

Sous le Mont

Noble

0,3893

74,25

5

Velin et Viere Bolin

Roturier

1,0052

42,60

5

Bruyères

Roturier

1,9584

78,39

16

Velin Dombes

Roturier

0,2242

12,67

20

La Combe au Loup

Roturier

1,1169

41,33

22

Déviou

Roturier

0,6931

80,94

26

Bardieu

Roturier

0,1357

8,33

Vincent Blondet est marchand, il a épousé en première noce le 14 février 1692 Jeanne Vilam et en seconde noce le 2 février 1693 Claire Trux. Ils ont eu un fils, Philibert Blondet et une fille, Anne Blondet. Celle-ci est l'épouse de Jean Curt, le couple est toujours en vie en 1757. Vincent Blondet meurt en 1707.

5,5229

338,50

 

5

Velin Bolin

Roturier

1,7107

80,55

9

Cézarges

Roturier

0,8789

82,77

16

Velin Dombes

Roturier

0,7639

47,17

23

Rue Mathieu

Roturier

0,3244

73,51

24

Fromenteaux

Roturier

0,0885

27,50

 

  

Les familles élargies (2)